Les MecaOiseaux
Un brouhaha. Faible, mais incessant. Des chuintements. Des sifflements stridents. Des jets de fumée. Des gens qui s’extasient avec des « oh » et des « ah ». Et moi, Arthur, qui me faufile dans cette foule compacte. Une sorte de folie règne dans cette Exposition Universelle au cœur de Paris en ce début de XXe siècle. Elle marque l’avènement de la Révolution Industrielle. Les inventeurs rivalisent de virtuosité pour que les moteurs à vapeur et la fée électricité animent des engins plus extraordinaires les uns que les autres. Mes yeux balaient les stands de droite à gauche. Un attroupement plus important m’attire comme un aimant.
Une personne élégamment vêtue et portant un haut-de-forme se tient sur une estrade. Devant lui, une petite boîte en bois précieux et en laiton attise la curiosité des badauds. Je me glisse jusqu’au premier rang. L’homme ouvre l’écrin et en sort un oiseau mécanique, délicatement fabriqué en cuivre et en plumes artificielles.
« Mesdames et messieurs, » commence-t-il d’une voix claire et posée. « Permettez-moi de vous présenter mes Mécaoiseaux ». Il tourne une minuscule clé sur le flanc. Puis, il lance le volatile en l’air. À la surprise générale, l’automate prend son envol, ses ailes battant d’une manière presque naturelle, accompagné par le cliquetis de ses engrenages miniatures. Il virevolte au-dessus des personnes médusées, effectue des cercles et revient se poser délicatement dans la main de son créateur. La foule applaudit, émerveillée par la démonstration de l’ingéniosité humaine.
Captivé par le spectacle, je m’approche un peu plus, comme hypnotisé. Mais le temps presse. Une rapide vérification. Le précieux cylindre attendu par le professeur se trouve toujours dans ma besace. Un dernier regard vers les oiseaux, et je reprends mon chemin.
Annotations
Versions