L'espace d'un instant, elle crut voir la même surprise dans son regard. Mais elle fut brièvement remplacée par un regard de glace. Deux grands yeux bleu azur, aussi froids que purs, deux glaciers azur.

Elle le dévisageait honteusement. L'homme qui lui faisait face était brun, il avait des traits fins, mais une mâchoire carrée. Ses lèvres pulpeuses étaient bien dessinées mais, crispées. Ses veines palpitaient sur sa mâchoire tant il la serrait fort.

Elle ne savait pas si son regard plein de colère et de mépris lui était destiné, mais il émanait de lui une telle énergie, une telle rage et une telle beauté qu'il la laissait sans voix.

Elle voyait sa bouche remuer, mais n'en saisissais pas la teneur de ses propos. Il lui fallut quelques instants pour recouvrir la totalité de mes sens. Il fronça les sourcils, articula. Elle utilisa sa capacité à lire sur les lèvres pour tenter une traduction. Mais il ne parlait pas français, les consonnes n'étaient pas aussi franches. Elle n'était malheureusement pas en capacité d'exprimer autre chose que des monosyllabes.

Il exprima un profond soupir d'agacement, ses bras musclés et tatoués glissèrent sous mon dos et mes jambes. Il la souleva comme une vulgaire brindille « un exploit quand on pèse dans les 60 kilos et quelques brouettes ». Son organisme semblait être paralysé. Elle se sentait comme une tétraplégique, mais étrangement en confiance dans ses bras. Un sourire niait naquit sur ses lèvres. Elle devait être droguée, c'était la seule raison plausible qui expliquerait l'absence marquante de nombreux neurones en fonctions.

Il la déposa sur un tapis dans une salle de bain, puis se leva quelques instants après. Elle tentait de le suivre du regard, mais ma tête refusait toujours de coopérer. Ce fut le pompon lorsqu'il revint vers elle dans sa tenue d'Adam. Elle ne put se retenir de le reluquer des pieds à la ... « euh ! Lutin de mer ! Mère nature lui en devait beaucoup parce qu'elle l'a bien gâté ! » Elle n'avait pas eu beaucoup de modèles de comparaison par le passé,  personnellement, mais son métier d'infirmière lui en avait fait voir plus qu'une péripatéticienne dans toute sa carrière.

Elle avait beau avoir les yeux qui semblaient sortir de leurs orbites, le dieu d'Olympe entreprit de la déshabiller. Ce qui ne fut pas une partie de plaisir. Elle commençait à pousser d'affreux gémissements. « On dirait un Gremlins en train de griller dans un toasteur ».

Elle frissonna lorsqu'il la souleva et la plongea délicatement dans un bain froid.

Après avoir tamponné doucement une éponge naturelle sur les lambeaux de tissus collés à sa peau, il les prélevait un à un. Elle comprit alors pourquoi il l'avait drogué. Son corps était brûlé, elle n'aurait pas supporté la douleur lors de son soin. Cette attention lui prouva qu'il ne lui souhaitait pas de mal. Du moins qu'il la voulait vivante.

Les jours passaient et elle restait paralysée, mais consciente par moment. Il venait personnellement lui changer les pansements et contrôler les signes infectieux. Il lui donnait à manger grâce à une paille. Elle était tout juste capable de respirer, déglutir et grogner.

Ces heures, ces jours ou elle ne sait combien de semaines immobiles à fixer le plafond de cette chambre lui permirent de réfléchir à son existence et de prendre du recul.

Une chose était sûre, son karma n'était pas banal et si elle avait survécu à cet attentat, à la torture de cette psychopathe et à ses blessures, c'est qu'il fallait qu'elle accomplisse un but. Elle tenait profiter de la vie comme personne d'autre et aillait arrêter de se chercher des excuses pour ne rien oser. Sa première décision fut celle de rendre fou amoureux le bel Apollon, quel qu'en soit le prix. Cette décision allait changer sa vie et qui elle était.