Petit chat !
Aidan lui avait plutôt proposé de lui présenter les responsables de sa future métamorphose dès le lendemain afin qu'ils puissent chacun répondre à ses questions. Étant donné que les changements sont adaptés à chaque personne, avec leur physique, leur langue, leur culture, leur histoire, il était difficile de prédire ce qui l'attendait.
Après son petit déjeuner, seule à regarder les rayons du soleil danser avec les mouvements du lac sur l'eau, à sentir la brise fraîche lui procurer un agréable frisson, mais elle fut interrompue dans sa contemplation. Une femme d'une soixantaine d'années se présenta à elle au nom d'Ève. Elle avait les yeux rieurs, le visage marqué de rides de joie, habillés de vêtements amples en coton. Mais ce qui frappa le plus la jeune femme c'était le calme contagieux qui émanait de cette charmante personne.
– Je suis chargée de faire une photo de votre psychisme en ce moment. Avec votre personnalité, votre histoire, vos habitudes. Tout cela nous permettra de faire de vous une personne à l'aise dans son nouveau rôle.
Ève passera donc tous les jours suivants afin de discuter avec elle pour apprendre à la connaître. Elle pratiquait la PNL, ce qui lui donnait beaucoup plus d'information sur Mouna que par un suivi psychologique clinique.
Ce ne fut pas si facile pour Mouna de répondre aux questions d'Ève. Tous ces derniers événements avaient beaucoup embrouillé son esprit. La thérapeute suspectait une amnésie partielle due à son traumatisme crânien. Seul le temps dirait si c'était un effet temporaire ou définitif. Les séances se déroulèrent calmement, elles ressemblaient davantage à une rencontre de deux personnes qui souhaite se connaître. Sauf que bien entendu Ève se montrait très évasive sur sa vie professionnelle ou personnelle de son côté. Elles prolongèrent même l'entretien en déjeunant ensemble. L'alchimie entre elles semblait avoir prit.
Puis en début d'un après-midi, un homme avec un fort accent russe et un autre typé eurasien virent se présenter à leur tour. Sacha était responsable de la relooker (vêtements, look, attitude, gestuelle) en collaboration avec Akira, chirurgien esthétique. Sacha était habillé de façon exubérante avec des vêtements très colorés et il avait une telle collection de breloques à son cou et ses poignets, que lorsqu'il parlait, cela faisait un bruit de clochette. Il avait un côté très théâtrale, parlait avec de grands gestes et il mélangeait le français et le russe.
Quant à Akira, le chirurgien esthétique, il était à l'opposé de Sacha. Grand, les cheveux longs et noir corbeau, attachés en queue de cheval très serrée et vêtus d'un costume noir sur mesure. Pour l'instant, elle ne l'avait pas encore entendu parler. Elle se demandait s'il était sourd ou s'il ne parlait pas français. Alors, elle demanda au styliste pourquoi un chirurgien esthétique accompagnait le styliste. Mouna avoua également qu'elle avait peur de ne plus se reconnaître dans un miroir. Elle en fit part à ces messieurs. Sacha explosa de rire.
– Moy kationak ! C'est tout ce qui est recherché. Si vous-même vous ne vous reconnaissez pas, ça sera difficile pour quelqu'un d'autre d'y arriver. Voyant la mine paniquée de Mouna il la rassura.
– Au fond de vous, vous changerez et vous garderez aussi une part de vous, que ce soit avec votre physique ou un autre. De plus, Akira fait des miracles, il fera disparaître toutes les cicatrices de vos brûlures ainsi que celle de votre jeunesse. Le résultat sera tellement naturel que vous aurez l'impression d'avoir toujours été ainsi.
Ils lui demandèrent de se mettre nue. Mouna accepta de le faire seulement devant Akira, en tant que chirurgien et devant son sérieux (souriait-il parfois ?), ça lui semblait plus protocolaire. Sacha quant à lui, se comportait davantage comme un grand-oncle avec elle.
Le chirurgien prit des notes, des mesures, fit des dessins sur un carnet en silence. Il ne parlait quasiment pas.
Puis elle enfila une robe de chambre et rejoignit Sacha qui patientait dans sa chambre.
– Chaton ! Tu ne sais pas quelle joie tu mets dans mon cœur ! Tu danses ? Il désigna le grand miroir et la barre improvisée.
– Je fais surtout de la barre à terre ici. Histoire de ne pas perdre la main.
– C'est une très bonne rééducation après ce que ton corps à subi.
Mouna se camouflait de ses stigmates dès que possible. Elle ne portait que des vêtements qui lui couvraient le plus les bras, les épaules et le cou. L'explosion et les décharges électriques avaient laissées des marques visibles. Sacha dû sentir son malaise.
– Moy kationak ! Tu es une très belle femme. Et je te l'ai dit, tout cela sera du passé bientôt. Bon, commençons.
Il lui fit des tests pour son grain de peau, les couleurs qui lui allaient, etc. Puis il lui demanda de choisir sur une tablette des vêtements qu'elle portait jusque-là. Il était scandalisé qu'elle ne portait jamais aucun vêtement féminin ou qui mettait en valeur son corps de danseuse.
Enfin, sentant qu'elle avait besoin d'évacuer les tensions, il lui proposa un cours de danse classique afin d'évaluer ses aptitudes.
Elle commença par des exercices habituels pour s'échauffer. Sacha fit venir le majordome afin de lui demander un poste de musique. Ce dernier vint avec une enceinte connectée et une tablette tactile. Quand elle attaqua les grands jetés, il se positionna à côté d'elle et la corrigeait en lui indiquant comment s'économiser et harmoniser son mouvement.
Il se montrait strict,mais très patient. Un très bon professeur. À la fin de la journée, Mouna tomba de fatigue.
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