Les semaines qui suivirent furent très intenses. Levée aux aurores, Mouna enchaînait ses séances. Elle commençait par cinq kilomètres sur le tapis de course ou sur le rameur, puis un petit-déjeuner d'athlète. Ensuite séance de PNL avec son amie Ève. Elles avaient bien progressé et Mouna sentait les changements en elle. Ensuite, elle faisait une heure et demie de Wing Chun.
L'après-midi, elle avait une séance de littérature après avoir mangé. Elle devait étudier des livres très variés, elle avait tellement d'informations à assimiler qu'elle avait l'impression que son cerveau était en ébullition.
Puis elle passait trois heures à s'entraîner à danser avec Sacha. Barre à terre, danse classique, danse moderne et même danse de salon.

Le soir elle soupait et sombrait aussitôt sortie de la douche. Mais ce vendredi soir, elle était conviée à un dîner par Aidan. Il lui avait laissé un mot sur la table ce midi.
Sacha serait visiblement de la partie également, car il avait exceptionnellement écourté l'entraînement du jour.

Mouna en profita pour prendre un bon bain fumant. La chaleur dénouant ses tensions musculaires. Son corps se transformait, devenant chaque jour plus athlétique. Elle se demanda si ça faisait partie de sa transformation programmée. Peut-être aura-t-elle des réponses ce soir-là, espérait-elle.

Lorsqu'elle retourna à sa chambre, Paul avait disposé une robe et une paire d'escarpins assortis sur le lit. Elle les enfila et fut stupéfaite face à son reflet dans le miroir. La robe fuseau bleu roi mettait en valeur sa peau pâle et ses yeux noisette.
Mouna était une jeune femme née d'un métissage original, sa mère était d'origine franco-marocaine et son père était russe. Ce qui lui offrait ce teint pâle et ses yeux très clairs, du côté paternel et des cheveux épais châtains aux reflets cuivrés, de sa mère.
Et la forme de la robe la rendait tellement féminine. Elle semblait avoir été cousue pour elle et ses chaussures étaient étonnamment aussi confortables que sexy.

Elle s'approcha doucement vers le patio et découvrit que tout le monde était là. Aidan, somptueux dans une chemine blanche en lin, les manches remontées à ses coudes. Il avait les cheveux humides et décoiffés. Mouna se mordit la lèvre en pensait à ce qu'elle avait envie de lui faire. Passer sa main dans sa chevelure, embrasser son cou chaud pour s'imprégner de son odeur. Elle pensa à ses dernières semaines.
Aidan avait deux visages. Il était souvent froid et pragmatique, il prenait souvent les choses très au sérieux. Mais il avait aussi une âme d'enfant parfois. Il avait du répondant et semblait apprécier l'humour de la jeune femme.
Ève, Sacha et Akira étaient aussi présents. Tous dans des tenues à la fois chic et décontractées. Il l'accueillir chaleureusement, sauf Akira, qui préférait garder ses émotions pour lui.

Elle les salua un à un puis se retourna vers Aidan. Elle se figea devant son regard de braise. Il la dévorait littéralement du regard. Mouna se sentait rougir et ne pouvait pas non s'empêcher de le dévisager.
Ses amis devaient sentir les étincelles et évidemment Sacha mit les deux pieds dans le plat.

– Qu'il fait chaud pour un mois de juin ! Paul, pouvez-vous ouvrir l'arrière du patio, je vous prie ? Spasiba.

– Et vous ma chère Mouna, reprit-il, vous êtes absolument ravissante ! N'est-ce pas mon ami ? À ces mots, il se tourna vers Aidan.

– Absolument.

Aidan ne la quittait pas des yeux, il la sondait profondément. On aurait dit qu'il se demandait à quelle sauce il voulait la manger.

Paul interrompit cette inspection en présentant les hors-d'œuvre et le champagne. Aidan était aussi silencieux qu'Akira. Sauf que chez ce dernier, c'était habituel. Sacha prit en main l'animation de la soirée. Et tout le monde se détendait durant la soirée.
Le repas était délicieux et l'alcool coulait à flots. Tout le monde était gai, sauf le chirurgien qui se limitait à un verre seulement.

Au moment du dessert, Sacha porta un toast.

– Chères amies, chers amis. Ce soir nous fêtons la future Mouna, ou devrais-je dire Sophia ?

– Qui ? demanda Mouna ;

– Vous moy kationak. Ouvrez la boite devant vous, je vous prie.

La jeune femme tendit la main vers une belle boite recouverte de soie bleu nuit. Elle fronça les sourcils devant son contenu. Des documents officiels, passeports, cartes bleues, clés de voiture et autres. Sur le passeport, Sophia Morel-Droski avait le même visage, la même taille que Mouna. Son cerveau mit quelques secondes à comprendre. 

– C'est... moi ?

– Oui, dorénavant vous répondrez au prénom de Sophia uniquement. On va vous entraîner à ne plus répondre à Mouna.

Sophia remarque que la photo n'était pas imprimée dans le passeport.

– Akira, va effectuer quelques retouches afin de vous changer un peu. Juste le visage et les cicatrices.

– Je peux savoir à quoi je m'attends ?

– Demain, je vous montrerai sur la tablette, répondit Akira.

– Mais, combien de temps il me reste avant de partir d'ici ?

– Tu as encore le temps, la rassura Ève. Nous ne te laisserons pas t'installer dans ta nouvelle vie tant que nous ne sommes pas sûrs que tu sois parfaitement prête.

Puis chacun lui souhaitait bonne nuit et s'en alla de son côté rejoindre leur chambre.

Mouna resta au patio quelques minutes dans le silence à réfléchir, jusqu'à ce qu'elle sente un picotement dans la nuque. Elle était observée. Aidan se leva lentement et s'assit à côté d'elle, sur la table. Il prit sa main et la tira vers lui.

Le cœur de Mouna battait si fort dans sa poitrine, qu'il semblait prêt à exploser. Ses mains devinrent moites, sa poitrine sembla lourde soudainement.
Son Apollon fit courir un doigt sur sa peau douce, remontant le long de son bras, vers sa nuque. La jeune femme frissonna. Son regard incendié la liquéfiait, une chaude humidité naissait entre ses jambes. Le monde s'arrêta quelques instants lorsqu'il posa ses lèvres pulpeuses sur les siennes.