Travaux en cours, merci de passer de l'autre côté
Sophia fut étonnée de découvrir qu'un parquet de studio de danse n'était pas identique à celui de son salon. Il fallait commander les matériaux adéquats auprès d'un spécialiste. En attendant, Lucas installa d'abord les portes-fenêtres, après avoir découpé le mur pour les placer.
L'orage avait fini par passer et Lucas était occupé par les travaux, pendant que Sophia fit un grand ménage à l'étage. Elle commanda de la peinture murale et de la tapisserie pour rafraichir certaines pièces. C'était dans ses cordes. Elle était descendue le voir pour lui proposer de le raccompagner à la boutique.
- Oh ! Je n'ai pas vu l'heure. Je dois me dépêcher, je suis invité ce soir.
- Je prends mes clés et je vous ramène. Laissez ! Je vais ranger plus tard.
- Non, mais je peux vous aider, j'ai l'habitude de tout ranger lorsque j'ai fini.
- Et vous avez fini ?
- Non, enfin si pour aujourd'hui.
- Écoutez, c'est gentil de le proposer et j'apprécie votre façon de travailler. Vous êtes venus à la dernière minute pour mon chantier et vous êtes resté bloqué toute l'après-midi à cause des intempéries.
Il allait riposter quand elle lui rappela un fait.
- Vous n'êtes pas attendu ?
- Oui c'est vrai. Je serais là demain à la première heure.
- Venez quand ça vous arrange. Avec la boutique, vous ne pouvez pas être partout à la fois. Je vous laisse un double des clés en bas. Vous pourrez venir quand vous voulez. Sauf si c'est pour percer dans du béton à trois heures du matin - à ce moment-là vous raccourcirez considérablement votre durée de vie- mais vous vous organisez comme bon vous semble.
- Je ne suis pas suicidaire ni accro à l'adrénaline, donc le passe mon tour pour la folle furieuse qui me course avec une hache à trois heures du matin, merci.
Il souriait tous les deux. Sentant une nouvelle complicité avec le bel ouvrier, elle prit ses clés de voiture et l'invita solennellement. Elle s'inclina en avant.
- Si Monsieur veut bien me suivre.
Lucas ria et ce fut un des sons les plus sexy que Sophia avait entendus, après celui d'Aidan. Elle se maudit et poussa ses pensées dans une autre direction.
Au moment de passer la porte, il se retourna et invita Sophia à dîner avec lui. Elle refusa poliment, mais Lucas insista et elle devait s'intégrer le plus vite possible. On ne pouvait pas faire plus vite, pensa-t-elle.
Sophia lui demanda comment il avait atterri ici et il y a combien de temps.
- En fait, je suis né au Québec, à Montréal. Mais j'ai grandi en France, dans les Alpes. Mes parents se sont séparés quand ma mère était enceinte de ma soeur Léa, que vous avez croisée tout à l'heure. Ma mère est revenue s'installer ici et a élevé ma frangine ici et je suis resté avec mon père en France.
Sophia rougit légèrement, car elle éprouvait un soulagement que la jolie jeune femme de la boutique soit la sœur de Lucas et non pas sa fiancée.
- Vous êtes venus rejoindre votre sœur ?
- Oui, en fait je suis venu l'élever. Ma mère est morte dans un accident. Léa était mineure et mon père toujours absent.
- Je suis désolé. Elle avait quel âge ?
- Quinze ans.
- Ouf ! Ça n'a pas dû être facile pour vous deux. Vous êtes très courageux.
Lucas haussa les épaules et regarda le paysage dans le silence durant cinq minutes. Sentant que Sophia avait plombé l'ambiance, elle choisit un tout autre sujet.
- Et chez qui dînons-nous ce soir ? Oh mince, je n'ai rien amené.
Lucas ria encore et la rassura. Emma était une perle et apparemment une personne hors normes. Sophia avait hâte de la rencontrer.
Ils roulèrent sous la pluie durant quelques minutes, parlant musique. La tension était redescendue.
La maison d'Emma était un chalet en bois massif au milieu d'un bois. Parfaitement camouflé et en harmonie avec l'environnement.
- On dirait une maison de fée. Sophia avait pensé tout haut.
- Tu ne crois pas si bien dire. Emma a une vraie main de fée pour cuisiner des bons petits plats.
Elle gara son pick-up devant le chalet et prit l'escalier qui mène à l'entrée. Il était étroit et Lucas et s'élancèrent en même temps, si bien qu'il se rentrèrent dedans.
- Oh, je suis désolé. Je t'en prie.
Sophia se sera contré le mur du chalet, mais Lucas l'accompagna pour se coller à elle. Il la fixait intensément. La jeune femme se mordit la lèvre devant les lèvres de Lucas qu'elle avait envie de déguster. Comme des pêches. Elle voulait les croquer et les découvrir avec gourmandises. Ses hormones étaient en ébullition, elle devait ovuler.
Il se pencha vers elle et glissa sa tête dans les cheveux lâches de Sophia. Le temps s'était arrêté et elle ne voulait absolument pas briser cet instant. Puis il se recula d'un coup et son regard fut teint d'une grande tristesse.
- Je ne crois pas que je suis une bonne personne Sophia, tonna l'homme face à elle.
- Je ne crois pas que je suis une bonne personne non plus, répondit-elle.
- Et tu n'apprends pas de tes erreurs ?
- Je suis bornée et un peu longue à la détente parfois.
Il fondit sur elle et Sophia se transforma en lave incandescente quand il posa colla ses lèvres aux siennes. Ce fut un baiser bref très intense. Puis, sans laisser le temps à Sophia de reprendre son souffle et ses esprits il lui lança.
- Je t'aurai prévenu.
Il la dépassa pour cogner à la porte de son amie.
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