Jardin artificiel
Mon faux amour en plastique me balance à sa guise. De droite à gauche, sans sens de fausses graines se plantent dans un faux sol en terre glacée et se gèle, se crève, sans signifiance.
Il est des sacs plastiques qui virevoltent, qui jouent en toute insouciance avec le vent. C’est comme une invitation d’un air enfantin parmi les feuilles d’automne. Il s’envole léger et s’y trouve la beauté, la cruauté.
À le voir il brille et tout le monde le veut : les clients assoiffés se battent se marchent, le marchandent. Taquin, il s’échappe, il serpente et atterrit au sol pour tout son désespoir sur un cafard.
Mon faux amour apathique, antipathique, je le touche, je l’effleure et il ne sent rien. C’est comme s’il ne vivait pas, une fleur de caoutchouc dans un coeur mour.
Le sac de plastique s’enroule autour de mon cou et l’étouffe à en frôler la mort puis s’envole, frivôle et irrésolu, incapable, indolent du moindre choix.
Dans une fausse serre un faux jardinier s’occupe de fausses pousses. Il les regarde un instant et se décompose en milliers de grains de polystyrène.
Et le vrai se conclut du faux.
Le 13 octobre 2020
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