L'art de la mort
J'y pense en permanence. Un souffle, une morsure, une cicatrice.
- Tu vas mourir.
Quand tout semble bien et bon. Quand les choses sont douces. Rappelle-toi, que rien n'est éternel et certain que cela peut t'être arraché à tout moment. Un légitime vol - arrachage de tes miraculeuses plumes.
Personne ne peut te rassurer, personne ne peut te réconforter. Personne ne sait ce qu'est la mort. La vie la fuit par tous les moyens, elle veut échapper à l'inéluctable. Pourquoi ? Par une sorte de connaissance mystique au-delà de toute expérience peut-être. Alors la mort est-elle l'extrémité de la plus aiguë de la plus horrifiante des horreurs ?
- Tu vas mourir.
On espère, on prie, on supplie même. Dieu je ne veux pas mourir si tu existes dieu entends moi par pitié je ne veux pas mourir je ne veux pas mourir je ne veux pas mourir je ne veux pas mourir
Respire.
Oublie quelques instants.
Regarde devant toi, immerge ton corps. Plonge dans le moment.
Et rappelle-toi à nouveau.
C'est inévitable. Cela doit être, d'une nécessité métaphysique. Tout a une fin et rien n'est là pour toujours. S'attacher à ce qu'on perd est le comble de l'absurde finalement. Puisqu'il faut que ce que j'aime aujourd'hui disparaisse demain.
- Tu vas mourir.
La vie est une bénédiction et il faut en chérir les moindres moments. Trouvez-moi un homme qui n'aime au plus profond de lui vivre. Mais pourquoi faut-il qu'elle ait une fin ? « La mort donne le goût de la vie ». Billevesées.
Où va-t-on après ? Qu'y a-t-il après ?
Détachement des corps, effacement de la conscience. Si la conscience n'est plus là elle ne peut appréhender la tragédie, la tristesse de ceux qui restent. Si c'est réellement le cas pourquoi cela ne suffit-il pas à nous apaiser ?
- Tu vas mourir.
La seule solution serait de l'accepter finalement. De s'y préparer. Mais comment accepter ce qu'on ne veut pas ? Faire face à une chose si terrifiante ? Rien n'est plus grave que la mort, elle est l'absolue. L'éternelle inconnaissable.
Le 9 janvier 2022
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