Les oiseaux du hasard
Un oiseau se pose par hasard sur la branche d’un arbre, quelque part. Lorsqu’il reprend son envol, une partie de son aile semble se détacher dans l’air. Il s’agit d’une plume qui, légère, virevolte, danse quelques secondes, quelques minutes, avant de retomber. Dans le sol se trouve logée dans le sol, une flaque emplie d’un mystérieux liquide rose. La plume d’une blancheur immaculée s’y retrouve plongée - corps entier. Comment est-il possible, pensa-t-elle alors, qu’une plume puisse ressentir ? Une plume peut-elle tomber amoureuse ? Traversée par les mêmes tourments, une feuille d’or semblait l’observer à quelques ondes de là.
- Que cette plume est sublime ! Que son blanc orné de rose est pur, qu’elle semble douce.
- Ai-je vécu pour ce seul moment où je rencontrerais cette feuille unique ? Il s’agit de la plus belle chose qui soit.
Tandis que ces êtres nouvellement formés par la passion se toisent l’un l’autre sans le savoir, l’oiseau et l’arbre pleurent leurs parties perdues.
L’un volait en cercle, l’autre appelant le vent de son souffle. L’air semblait se rassembler, se concentrer pour se mouvoir de toute sa pesanteur ; et la feuille et la plume se regardaient tendrement.
Éole, vas-tu faire le dessin inverse de ceux qui t’ont appelé à l’origine et rapprocher d’une ombre ces deux amants ?
Le ciel appellera de lointaines tempêtes et causera la fin de cette histoire absurde si les choses continuent ainsi. Quand la mort aura frappé de son inéluctable tambour, peut-être s’épanouiront-ils de la foudre qui leur a chèrement asséné ce fatal coup. Des choses se détruisent et se reconstruisent sans fin dans cet éternel printemps.
Le 7 août 2023
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