La mine abandonnée

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Mak et Mapoo quittent le Prince sans plus de cérémonie. Le jour est en train de se lever. En regardant par la fenêtre, ils ne distinguent plus que de la fumée s’élevant au-dessus des champs.

- « Il nous faut retrouver nos camarades. Une expédition dans la forêt semble indispensable. »

Lorsque le Woon et l’Ygwan rejoignent les champs, Main d’Argile tente toujours d’ameuter les foules pour aller incendier les champs de Toxar, son rival. Passion et G’d’ni se sont mis à l’écart et observent l’évolution de la situation d’un œil critique. Les quatre compères font un rapide point sur leurs avancées respectives puis Mak s’avance vers Main d’Argile.

- « Main d’Argile, tout porte à croire que ce sont les nécrosiens qui attaquent les travailleurs et les champs. »

- « Des nécrosiens ? En voilà une idée ! Une rumeur lancée par Toxar, il me le paiera ! »

- « La colère vous égare. Je vous assure, notre enquête nous a révélé la présence de nécrosiens autour de la cité. Que vous veulent-ils ? Quelle est la nature de vos relations avec le Prince Daren ? »

- « Aucune ! Daren et moi sommes amis. Je n’ai rien à voir avec des Nécrosiens, ils n’auraient aucune raison de m’attaquer. »

- « Elle semble sincère. » dit G’d’nissing en posant la main sur l’épaule de son compatriote.

- « Il semblerait effectivement… » reconnait Mak Eshka’Rey.

Main d’Argile est tout de même songeuse après l’échange avec les itinérants. Sur les conseils de Mapoo et Passion d’Ecorce, elle accepte de remettre à plus tard ces projets de vengeance. L’équipe et les ouvriers agricoles se concentrent sur la remise en état des cultures. Au cours de la journée, on découvre trois cadavres brûlés. Malgré leurs peaux et chairs carbonisées, Mak identifie sans peine de nombreux stigmates de nécroses. Alliant leurs capacités Shaaniques, Passion d’Ecorce et G’d’nissing observent les traces de départ de feu.

- « Les départs de feu sont à espace réguliers… » commence la Felin.

- « Ce sont des traces de pas ! » finit l’Ygwan.

- « Allez passer. » dit Mapoo, autoritaire.

Le Woon écarte ses compagnons et s’agenouille. Il pose ses mains au sol de part et d’autre de la trace. On l’entend murmurer un air grave. Après quelques minutes de cette litanie, il se relève.

- « Ce sont sûrement les traces du passage d’un Elémentaire de Feu. »

Le groupe retourne faire son rapport à Main d’Argile. La Felin est septique et têtue. Elle n’arrive pas à prendre du recul par rapport à la rancune qu’elle nourrit vis-à-vis de Toxar.

- « Toxar est un Draken honorable. Pensez-vous qu’il aurait calciné ces hommes ! » s’exclame Mak en découvrant les cadavres de sous un drap.

- « Hiiiiiii ! » s’exclame Main d’Argile qui s’évanouie à la vue des corps.

Un Morph voit sa maitresse tomber à terre, il s’avance vers le groupe. Avant qu’il n’arrive, Mak se penche vers elle d’un air inquiet et subtilise adroitement vingt credos de la veste de celle-ci avant que le Morph n’arrive à leur hauteur. L’humanoïde se penche vers sa maitresse et l’évente pour qu’elle reprenne connaissance.

- « Depuis combien de temps travailles-tu pour Main d’Argile ? » demande Mak, avec dédain.

- « Je me nomme Hom-28. Je suis au service de Main d’Argile depuis plusieurs mois. »

- « Comment t’es-tu retrouvé à son service ? »

- « Main d’Argile et moi sommes liés par un contrat d’acquisition, tout est en ordre. Elle avait pu obtenir un bon prix. »

- « Parait qu’il y a une mine près de la ville ? » reprend Mapoo, son regard suit les étranges traces de pas se dirigeant vers le Nord-Est, vers la mine.

- « Oui… une mine… abandonnée. » reprend le Morph, plus hésitant.

- « Quelque chose ne va pas avec cette mine ? Quelque chose te fait peur ? » demande Passion d’Ecorce, soucieuse de l’inquiétude d’Hom-28.

- « Je ne sais pas… Quelque chose lié au passé, je ne sais plus, je ne me souviens pas. » Hom-28 semble chercher sincèrement dans sa mémoire mais ne pas trouver la réponse l’angoisse d’autant plus. Il évente sa maitresse bien plus vite et l’éventail manque à plusieurs reprises de frapper le visage inconscient de la Felin.

- « Quelque chose d’autre te préoccupe l’ami ? » demande G’d’nissing, plongeant ses yeux dans le regard de l’humanoïde.

- « Cette nuit, je… j’ai rêvé que tout brulé. Je… J’ai peur que tout ceci soit de ma faute. »

- « Si tu es tellement inquiet, désactives-toi la nuit. » dit Mak.

- « Je… oui, d’accord. C’est ce que je ferai. » Hom-28 semble un peu rassuré.

- « Main d’Argile ! Main d’Argile ! » appelle G’d’ni en secouant légèrement la Felin.

- « Ah, euh… oui… qu’est-ce donc que ce tapage ? » répond-elle en émergeant des limbes.

- « Nous voulons emmener Hom-28 à la mine, il pourrait nous être utile. Nous allons surement découvrir qui saccage tes champs ! »

- « D’accord, d’accord. Emmenez-le. Mais ramenez-le-moi après. » accepte-t-elle.

- « Non ! Non ! Maitresse, s’il vous plait ! Ne m’obligez pas à y aller ! » supplie le Morph.

Malgré les encouragements du groupe, Hom-28 campe sur ces positions et les itinérants sont contraints de renoncer à l’emmener avec eux. Ils se mettent en route pour la mine. Après avoir contourné les habitations et une bonne demi-heure de marche rapide, le groupe gagne l’entrée de la mine. Une porte épaisse en métal ferme l’entrée creusée dans la roche. La mine est abandonnée depuis de nombreuses années et plus rien n’en est extraite. Le groupe n’est donc pas surpris de ne rencontrer personne. Ils s’avancent avec prudence au centre de la terre. Au fur de leur progression, la température ambiance augmente, l’air s’assèche. Au bout de plusieurs minutes, l’air est quasiment irrespirable et un râle profond et grave résonne contre les parois de la mine. Des profondeurs de la mine, l’Elémentaire de Feu, un être gigantesque aux corps de flammes brûlantes, s’avance, ses mains s’agrippant aux murs dont le passage laisse des roches noircies. Il est dos aux itinérants, il semble errer à pas lents. Entre les flammes, son corps est parcouru de veinules de feu liquide. G’d’ni fait un signe à ses compagnons puis s’avance seul. L’Elémentaire sent une présence et se retourne, le feu dans ses veinules s’active et circule ardemment. Mais la créature n’attaque pas, elle semble en attente, indécise. G’d’ni avance encore d’un pas et s’assoie en tailleur sur le sol, les paumes de ses pattes bien visibles.

- « Bonjour. » prononce-t-il calmement.

L’Elémentaire s’agite nerveusement d’un pied sur l’autre, mais n’attaque pas.

- « Hum… Tu ne me comprends pas… J’imagine que tu comprendras mieux le langage du feu, je suis un peu rouillé… »

G’d’ni se concentre et de ses paumes, il tente de faire jaillir du feu. Il réussit à produire quelques flammèches et les manipule dans un jeu complexe. L’Elémentaire répond en faisant jaillir trois grandes flammes.

- « Il a peur… » murmure G’d’ni.

Passion d’Ecorce quitte Mapoo et Mak et vient se mettre à la hauteur de G’d’ni. Elle tape sur le sol en un rythme complexe. L’Elémentaire semble lui répondre sur le même mode.

- « C’est ce que je pensais. Il est aveugle. Il ressent les vibrations. » dit-elle à G’d’ni. « Laisse-moi faire. Je vais vous traduire. » dit-elle à l’Ygwan.

La Felin prend le relai et pendant de longues minutes, elle échange avec l’étrange créature, répétant ses questions et les réponses de la créature à ses compagnons aussi fidèlement que possible.

- « Pourquoi es-tu aveugle ? »

- « Toujours. »

- « De quoi as-tu peur ? »

- « Tout le monde. Peur qu’ils chassent, peur qu’ils tuent feu. »

- « As-tu brûlé les champs ? »

- « Avait faim. Aime Courgines. Voulait pas brûler. Créatures des ténèbres attaquent dans le champ, défendre, brûler.

- « D’où viens-tu ? »

- « Nait dans la mine. Seul. Toujours. Mine déjà abandonnée avant.

- « As-tu déjà pris le pont ? »

- « Jamais. »

- « As-tu vu des gens dans la mine ? »

- « Jamais. »

G’d’ni chuchote à l’oreille de Passion d’Ecorce. Celle-ci traduit :

- « Veux-tu être le protecteur du village en échange de courgines ? »

- « Peur ! Si Héossiens pas tuer Feu, oui, je le ferai. »

G’d’ni tend doucement et précautionneusement le poing. L’Elémentaire fait de même, les flammes de son poing se tarissent, laissant une matière dur et noir, comme craquelé. Les deux poings se rencontrent, l’accord est officiel. Le groupe quitte l’Elémentaire, lui promettant de revenir le voir si les habitants acceptent l’accord.

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