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On m’a beaucoup demandé et interrogé sur Lindsay la maman de petite Julie. Alors un préquel m’a paru nécessaire. Parce qu’en réalité, Lindsay est une femme remarquable.

Certaines disent que c’est une dinde amoureuse d’un salaud, aveuglée et bernée par un menteur. Certaines disent que c’est une salope accro au sexe, droguée et addict. Certaines disent que c’est une pauvre fille qui reste avec ce pervers parce qu’elle est sans le sou. Certaines… Elles se trompent ! Elles n'y connaissent rien !

Il y a quelques années, âgée de vingt et un ans, débarquait, gare Montparnasse, une provinciale timide et effrayée. Blondinette avec de beaux cheveux mi-longs disciplinés avec force barrettes et une frange sage. Un visage d’ange, encore enfantin, des beaux yeux tristes, bleu-gris qui ne prennent une couleur plus sombre que quand elle est heureuse ou la proie d'une émotion forte, ce qui n’est pas très fréquent, voire même... Trop maigre, mais toute en énergie pure et détermination, jolies jambes fines faites pour danser, ce qu’elle ne faisait jamais, à son grand regret.

Lindsay était une fille sérieuse. Elle avait des dispositions pour la littérature, l’art, une bonne mémoire, travailleuse et consciencieuse. Malheureusement, le corps enseignant ne l’avait pas jugée digne de poursuivre des études. Peu soutenue par sa famille indifférente, elle fut éjectée du lycée, machine efficace à détruire les espoirs. Cela la mortifia, mais elle accepta courageusement l’oracle des doctes professeurs.

Elle fit un apprentissage de coiffeuse, mais décida après une nuit agitée par une prise de conscience terrible, une sorte de révélation, une illumination, qu’il fallait partir, faire sa vie et peut-être, trouver l’amour.

Aussi, avec son amie Marie, plus âgée de deux ans, elles mirent au point la grande aventure de leur vie : monter à Paname et vivre libre ! C’était effrayant. C’était terrifiant. En auraient-elles la force ? N’allaient-elles pas se planter et finir… Il le fallait ! C’était leur destin !

Lindsay avait trouvé un job de coiffeuse sans difficulté. Voilà qui était encourageant. Elle espérait secrètement, pouvoir reprendre des études tout en travaillant et obtenir un diplôme. N’importe lequel. Parce qu’elle valait mieux que ça ! Elle en était convaincue.

Marie plus téméraire et émancipée, partit en avance pour trouver un logement dans la capitale. C’était une gageure, parce que les deux filles n’avaient pas beaucoup d’argent. Les coiffeuses ça ne gagne pas beaucoup. Aussi Lindsay espéra de tout son cœur tendre : pas un nouvel échec lamentable ! Elle pria.

Quand Marie lui annonça avoir trouvé un studio pas trop éloigné du salon de coiffure, Lindsay bondit de joie. Mais aussitôt elle fut saisie du vertige terrible qu’on ressent avant de se lancer dans le vide.

Personnellement j’aime cette sensation qu’on ressent sur le marche-pied de l’avion juste avant le saut et cette douleur au ventre pendant les premières secondes dans le vide. Mais on m’a diagnostiqué suicidaire parce qu’un jour, j’ai voulu sauter sans parachute, pour voler comme un oiseau. Je m’égare… Reprenons…

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