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Lindsay jeta un coup d’œil alentour. Une voiture de police remontait lentement la rue. Elle en fut grandement soulagée, enfin elle serait délivrée de cette bande de voyous.

Un grincement sinistre lui fit tourner la tête. C’était la lourde porte de l’hôtel qui se refermait. Cela n’avait duré qu’une seconde, le temps de jeter un regard, tourner la tête… Mais il n’y avait plus personne sur le trottoir que Marie, elle et sa valise.

Le groupe des voleurs avait disparu, évaporé ! Elle s’apprêtait à héler les policiers mais Marie la retint.

— Laisse tomber…

— Mais pourquoi ? Ce sont des voleurs ! Des crapules ! Qui sait ce qu’ils nous auraient fait ?

— Des loqueteux qui vont squatter cet hôtel fermé depuis longtemps… Et puis on crèche juste en face au 81, regarde, c’est notre immeuble.

Lindsay leva les yeux vers un immeuble presque aussi pitoyable que l’hôtel… Sa consternation fut totale.

— Lindsay, ma belle, redescends ! On est à Paname ! Tout est plus cher ici ! Tu ne te rends pas compte !

— Marie, c’est au-dessus de mes forces… Je n’y arriverai pas…

— Mais non, tu vas voir. J’ai tout arrangé… On va être bien ici… Comment tu as trouvé ce mec… Lorenzo ?

— Qui ?

— Le type qui forçait la serrure ? Cool non ?

— Je ne l’ai pas regardé, répondit Lindsay en rougissant.

— Ah bon… Parce que tu n’arrêtais pas de le fixer… Tu étais hypnotisée…

— Mais non… Qu’est-ce que tu racontes ? Ce n’est pas du tout mon genre ! Il est vulgaire… c’est un sale voleur !

— OK… OK… fit Marie en riant.

Les deux amies montèrent au cinquième : il fallait à tout prix éviter l’ascenseur sous peine d’y rester coincé et inutile d’attendre de l’aide de quelqu’un. Essouflée, Lindsay découvrit finalement l’appartement minuscule comme…

— Mais c’est une boite à chaussures ! s’exclama-t-elle.

— Tu exagères !

— Marie !

— Mais regarde, des rangements partout, chauffage, salle de bain plus toilettes… Ton pieu, le mien… On n’est pas bien ?

— Aucune intimité !

— Bon, c’est sûr que pour s’envoyer en l’air… faudra faire un tour… Je prends les jours pairs !

Lindsay se laissa tomber sur une chaise et se prit la tête dans les mains. Elle ferma les yeux. Pourquoi revit-elle mentalement cet homme ? Son regard avec des yeux un peu tombants, perçants, vifs mais en même temps doux comme une caresse. Des cheveux coupés courts, châtains foncés, un peu genre militaire, un corps trapu, fait pour la bagarre, tout en muscle. Mais surtout, cet indéfinissable esquisse de sourire, cet air moqueur et insouciant.

Un étranger probablement, immigré de Roumanie ou… d’un pays lointain, qui sait… Elle frissonna en songeant que ces types habitaient en face...

Elle alla à la fenêtre, regarda la rue morne et eut un sursaut : un visage hilare, le petit blond, lui faisait des signes, d’une des fenêtres de l’hôtel, en face… Manifestement, le groupe faisait la fête ! Des motos stationnaient au pied du bâtiment. Des filles… des… que pouvaient être ces créatures ? Des prostituées sans doute ! Arrivaient par petits groupes.

Marie vint regarder et la prit dans ses bras.

— Il y en a qui ne vont pas s’ennuyer ce soir…

— J’appelle la police !

— Lindsay ! Laisse tomber ! On a rien vu, ni rien entendu !

— Je refuse ! Il y a des limites...

— Tu as vu le géant ? Avec des types comme ça… Il vaut mieux ne pas faire de vagues, crois-moi.

Lindsay n’avait pas vu le géant… Elle continua un moment à observer… Elle n’aperçut pas Lorenzo.

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