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Que se passa-t-il ensuite ? C’était comme si le charme s’était rompu. Lorenzo ramena sagement Lindsay chez elle, jusque devant la porte de son appartement. Elle était tendue, ne savait que penser.
— J’ai fait quelque chose de mal ? murmura-t-elle.
— Mais non. Tu es parfaite. Tu es quelqu’un de bien, ne laisse jamais personne te dire le contraire. Pas comme moi… Je ne suis pas un mec pour toi, Lindsay…
— Je sais que tu es quelqu’un de bien, au fond. Tu n’as pas eu de chance, de mauvaises fréquentations…
— Mes potes ? C’est tout ce que j’ai ! C’est ma famille. Tu ne les connais pas.
Lorenzo se reprocha la vivacité de sa réponse.
— Je ne voulais pas… C’est que…
— C’est rien… Bon… Écoute… Je n’aurais pas dû… Les sanglots longs des violons...
Lorenzo était comme absorbé dans des pensées. Elle ne comprenait rien à ce qu’il disait mais elle sentait qu’il était sur le point de bondir et de disparaître.
— Lorenzo…
— Ne t’attache pas à moi, ma belle. Allez, on se revoit quand on se revoit !
— Lorenzo !
D’un bond, il sauta sur le palier inférieur et de bonds en bonds, il fut en bas en un rien de temps… Son absence laissa Lindsay avec un grand vide dans le cœur. Elle entra, n’alluma pas pour ne pas déranger Marie et se jeta sur son lit. Elle pleura sans s’en rendre compte.
Elle sentit une caresse sur son épaule. C’était Marie qui venait aux nouvelles. Affolée de la voir si dévastée, elle s’alarma :
— Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? Il t’a fait du mal, ce salaud ?
Lindsay se redressa et murmura :
— Je l’aime !
Elle se jeta dans les bras de son amie, éberluée de cette nouvelle.
— Et c’est mal ? demanda Marie.
— Je ne sais pas… Lui… Il ne veut pas m’aimer, il dit qu’il n’est pas un mec pour moi.
— En même temps, il a raison.
— Non ! Il se trompe !
— Mais enfin, tu le connais à peine !
— Je le connais ! On s’est embrassés !
— Bah, tu n’as pas traîné ! Ça ne te ressemble pas.
— C’était… C’était si…
— Ma pauvre… Tu es dans tous tes états… Mais enfin… C’est un petit voyou, c’est personne.
— Je te défends de dire ça ! s’emporta Lindsay.
— Lindsay, reprends-toi ! C’est cette nouvelle vie, Paname… Laisse tout ça, retomber… Tu y verras plus clair demain.
— Demain… Comment ferai-je, demain. Il me manque déjà…
— Bon, il y a eu bisou… C’est rien !
— Je me serais donnée à lui, s’il avait voulu.
— Lindsay !
— Je suis prête à tout pour lui !
— Tu es complètement folle !
— Oui, je suis folle !
Marie caressa les cheveux dénoués de Lindsay.
— Ça te va bien les cheveux libres… Je voulais te le dire.
— C’est lui…
— Ah… J’aurais mieux fait de me taire.
— Il a dit des choses… C’était si…
— Lindsay, on bosse demain. Il faut dormir !
— Je ne pourrai pas.
— Essaye. Sinon, tu seras affreuse et il ne voudra pas de toi !
— Tu as raison !
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