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Tu ne devineras jamais ce que Hugo a osé : il m’a fait remarquer que je ne me parfumais plus depuis longtemps ; tu sais pourquoi ! Il m’a dit qu’il pensait que c’était ton parfum, mais qu’il serait enchanté si je voulais bien lui passer le flacon.
Je pressens ce qui va arriver, mais je le lui ai donné, avec plaisir et une interrogation muette.
Voilà ! J’en étais sûr ! Quand il s’est approché de moi, dans sa nouvelle tenue, son beau sourire et ses effluves, j’ai craqué. C’est la première fois que j’ai envie d’un garçon depuis que tu m’es apparu ! Il a joué de ma confusion, j’en suis heureux.
Il a dû percevoir cet élan, mais j’ai juste mis un peu plus de chaleur dans nos salutations. C’est trop tôt pour lui. Je ne veux pas qu’il s’emballe et chute douloureusement. Il était si fier de porter cette tenue. Tu sais, maintenant, il déboutonne son col, il remonte ses manches. L’autre jour, pour le taquiner, je lui ai demandé où il avait mis son manche de balai ! Il s’est assoupli. Il faut que je lui demande la part d’Émilie ! Il me couvre aussi trop de gestes quand son excitation le dépasse.
Puis tout à coup, il se sent aussi gêné que s’il se trouvait nu au milieu d’une foule, perdant la maitrise de son corps. Je ressens alors son besoin de fuite. Tantôt il faut l’encourager, tantôt je dois le rassurer. C’est une vigilance de tous les instants. Il me fait penser aux petits enfants qu’on voit faire leurs premiers pas.
C’est épuisant : il projette trop gentiment sa plénitude future sur moi. J'ignore si j’en ai la force : c’est trop nouveau pour moi. Et puis je désirais t’en parler. Est-ce que j’ai le droit ? Est-ce que je peux ? Cela va modifier notre relation, et ça, je ne suis pas sûr de le souhaiter. Hugo est très différent de toi, mais tellement attachant, comme toi. Je crois qu’aller vers lui n’entachera, n’entamera en rien notre liaison. Je pense qu’au contraire, elle lui permettra de perdurer.
Ma tendresse pour lui est infinie, mais je ne sais pas si j’ai envie de vivre avec lui. Nous sommes trop semblables. Nous ne pourrons jamais nous envoler. Il manque la multiplication que nous avions. Pardon : que nous avons.
J’ai de l'attirance pour lui, c’est vrai. Ce doit être infiniment doux de partager avec lui. J’espère lui montrer, lui apprendre, le mener le plus doucement possible vers son plaisir. Je vais le faire. Mais pas plus. J’ai besoin d’une force, d’une énergie. C’est toi que je veux.
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