Jeudi 27 juin / 2
Julie
Je termine d’apporter les verres pour l’apéritif sur la terrasse en regardant autour de moi. Tout est parfait. J’ai allumé le barbecue et réservé les merguez. Dès qu’un homme franchira la porte, je le chargerai de cette tâche.
Tim m’a dit ce matin, alors que je quittais la chambre pour aller m’habiller dans la salle de bain, qu’il n’était pas certain de pouvoir être là à dix-huit heures mais qu’il ferait son possible. J’avais haussé les épaules.
Il était rentré un peu après minuit, sentant l’alcool et la fumée. Il avait préféré aller s’amuser sans moi, le jour même de mon anniversaire. Ça, je ne suis pas prête à le lui pardonner. Mais je ne ferai aucun esclandre, pas aujourd’hui du moins.
Je vais poursuivre ma petite vie, comme les jours précédents et préparer ma sortie. La seule différence sera que je ferai un peu plus attention à moi, dorénavant. Je ne suis pas pressée… j’aime bien ma vie. Sauf le côté transparent ! Ça… je ne supporte plus !
Alors que je pénètre dans le salon, la sonnerie de la porte retentit et les garçons se précipitent pour ouvrir. C’est Sophie, ma sœur. Elle embrasse ses neveux qui semblent avoir passé une soirée géniiiiiallleeee chez elle. J’en suis heureuse pour eux. Tiphaine aussi semblait enchantée de sa nuit, plus que moi du moins.
— Julie, bon anniversaire, dit-elle en m’embrassant chaleureusement.
— Tu me l’as déjà souhaité hier. Mais c’est gentil.
— Tiens… Où est-ce qu’on met les cadeaux, tu as prévu une table ?
— Non. Je n’ai même pas dit que c’était pour ça. Je n’avais pas envie de les forcer à m’offrir un cadeau.
— Qui sera là ?
— Christine, Josiane et son mari, Charlotte, Manu et leurs enfants.
— Petit comité.
— Oui. La fête en famille se fera dimanche. Je voulais faire un apéro avant les vacances… et me suis dit qu’avec la météo de cette semaine, c’était l’idéal.
— Donc si ce n’est pas vraiment en l’honneur de ton anniversaire, ouvre-le maintenant.
Sans plus attendre, je déchire le papier d’emballage, et découvre un bon chez ma coiffeuse. C’est exactement ce qu’il me faut. Un changement de coupe pour ma nouvelle vie.
— C’est un magnifique cadeau, merci beaucoup, lui dis-je en l’embrassant tendrement.
— Tu vas bien ? Tu m’as l’air… émue.
— C’est normal, non ? Tu m’offres le cadeau parfait. Je suis très heureuse, dis-je au moment où la porte s’ouvre sur Tiphaine et Marion. Toutes les deux se précipitent pour m’embrasser avant de chercher Charlotte.
— Tes parents ne sont pas encore arrivés.
— Oh zut, maman devait m’apporter un maillot de bain.
— Je suis certaine que Tiphaine peut t’en prêter un en attendant.
Et avant que je termine ma phrase, les deux filles montent l’étage en courant. Je m’approche du vestibule où je dépose toujours mon sac à main et range le précieux cadeau de ma sœur. Je ne manquerai pas de prendre rapidement rendez-vous.
La sonnette retentit, personne ne se précipite, les garçons jouent à présent dans le jardin avec Sophie et les filles viennent de plonger dans la piscine.
Charlotte me sourit en me présentant un gâteau magnifique. Sur deux niveaux, je crains que nous ayons pour trois semaines à le manger mais elle m’assure qu’il est très léger. Seule la bordure peut être un peu indigeste.
— La pâte à sucre c’est génial pour des décors époustouflant mais à manger… c’est pas mon truc.
Je la remercie tout en admirant chaque détail. Elle a dû y passer un temps fou. Comme je sais que jamais elle ne voudra que je lui paie la véritable valeur de son travail, j’ai préparé une enveloppe renfermant l’argent que je lui glisse de force dans la main et la priant de la mettre à l’abri.
Manu la suit, me tend une bouteille de vin et une boîte de chocolat avant de m’embrasser. Son regard est fuyant, mais le sourire bien présent. J’ai envie de le rassurer, mais je ne suis moi-même pas très à l’aise. Nos bises sur les joues semblent s’attarder, tout comme sa main dans mon dos et mes doigts sur son épaule. Je ferme légèrement les yeux avant de leur souhaiter la bienvenue.
— Où veux-tu que je mette le gâteau ?
— J’ai fait de la place dans le réfrigérateur. On le sortira dans une petite heure, si ça te convient.
— Oui, c’est parfait.
— Manu, tu veux bien faire chauffer le barbecue, je t’apporte les merguez à faire rôtir.
— Tu n’as pas parlé d’un simple petit apéro avant les vacances, rigole Charlotte.
— Mais il n’y a rien de compliqué… promis. Sauf ton majestueux gâteau. Il est vraiment magnifique. Bravo.
Je distingue ses joues rosir légèrement. Je l’embrasse une nouvelle fois pour la remercier puis nous nous dirigeons tous sur la terrasse. Josiane et son mari viennent de franchir le portail qui sépare nos propriétés et je fais les présentations.
— Josiane et Martin, amis et voisins depuis plus de dix ans, je vous présente Manu et Charlotte. Emmanuel travaille avec Tim et nos enfants vont dans les mêmes classes.
— Pas encore rentré ton homme ? demande Martin après m’avoir salué.
— Non… Il m’a promis de faire un effort. On verra si vous arrivez à le faire rentrer plus rapidement.
Personne ne réagit, sauf peut-être Manu qui me regarde en fronçant les sourcils. J’échange avec lui un regard complice et lui offre un sourire sincère.
Martin l’accompagne près du grill et tous deux font connaissance. Charlotte s’installe sur un transat près de ma sœur. Je leur apporte à chacune un verre de sangria et dépose une assiette de feuilletés sur la petite table de jardin.
Josiane me fait un petit signe discret et je la rejoins. Elle me tend un petit cadeau en murmurant :
— Je ne savais pas trop si c’était pour ta fête ou pas. Et hier matin, j’ai voulu venir te faire un bisou mais tu n’étais pas là.
— Oh… t’es chou. Merci. Non c’est un apéro tout simple. Charlotte et Manu ne savent d’ailleurs pas que c’était mon anniversaire.
En ouvrant l’écrin, je découvre un bracelet fait de perles de verre. Josiane en fabrique elle-même, c’est donc un cadeau très personnel. Je suis toute émue en le passant à mon poignet.
— Martin est au courant ? demandé-je en la remerciant.
— Non… tu sais lui et les cadeaux !
Je m’éclipse à la cuisine, suivie de Josiane qui m’aide à apporter le reste de l’apéro sur la terrasse.
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