Jeudi 27 juin / 3
Charlotte
Manu s’approche de nous, une assiette pleine de petites saucisses d’apéro et nous en propose une alors qu’il demande :
— Est-ce que tu sais quand Julie a son anniversaire ?
Je secoue la tête. On n'en a jamais parlé. Alors que je suis des yeux la scène que mon mari regarde je distingue un petit emballage passer de la main de la voisine à celle de Julie qui l’ouvre puis l’embrasse. C’est un bracelet de perle qu’elle passe immédiatement en l’admirant.
Sophie répond à ma place
— C’était hier. Mais elle n’a pas prévu d’apéro pour cette occasion.
— Hier, répète mon mari penaud.
En rentrant ce soir, nous avons profité de l’absence des enfants pour remettre les points sur les I.
J’étais encore affairée sur la fleur principale de mon dessert celle qui trône en haut et dont les pétales en chocolat blanc recouverts de paillettes dorées m’ont demandé un temps fou. Il s’est approché de moi… a hésité quelques secondes avant de m’embrasser. Puis tous les deux nous avons prononcé nos excuses.
Il est parti se doucher, j’ai terminé le décor puis nous nous sommes installés sur le canapé et nous avons vidé notre sac. Il s’excusait de s’être endormi au salon, je m’excusais de ne pas avoir mieux géré mes envies. Je lui ai promis plus de patience et moins de bousculades. À son tour, il m’a juré de ne plus quitter la maison sans m’embrasser, que jamais il n’avait pensé que je le prendrais comme un abandon.
Lovés l’un près de l’autre sur le canapé, nous nous sommes embrassés amoureusement, puis il m’a raconté sa surprise en voyant Julie aussi jolie que si elle devait se rendre à un mariage et l’absence de Tim.
Forcément qu’en ce moment, il doit s’en vouloir de ne pas l’avoir su et surtout de ne pas lui avoir souhaité son anniversaire. Manu adore les anniversaires et le priver de la recherche d’un cadeau n’est pas sympa.
— On se rattrapera.
— J’y compte bien, marmonne-t-il en retournant vers le barbecue.
Julie
Christine est la dernière invitée à franchir la porte. À peine entrée, qu’elle m’offre elle aussi un présent emballé avec classe. Je reconnais le papier de la librairie et sans même me laisser le temps de l’ouvrir me confie que c’est effectivement le roman que j’attendais avec une certaine impatience. Je le dépose sur la bibliothèque, puis me dirige vers le frigo pour sortir le champagne. Je m’approche de Manu, et lui tends la bouteille en réclamant de l’aide.
— On n’attend pas Tim ? demande Martin.
— S’il rentre aussi tard que hier soir, vous serez tous morts de soif. Ça le fera venir, et ne t’inquiète pas, il en reste suffisamment à la cave pour qu’il puisse boire une coupe avec nous.
Manu m’observe attentivement, répète à mi-voix « tard ? » et j’incline la tête, le priant de ne pas insister. Les émotions risquent de m’envahir et ce n’est pas le moment.
Mais il n’abandonne pas. Alors que je prépare les coupes sur un plateau, il se colle à moi et marmonne :
— Il n’a rien compris, n’est-ce pas ?
— Manu, s’il te plaît. Pas ce soir.
— Comment tu fais pour sourire ?
— Je suis bien, j’ai mes enfants près de moi et mes amis. Ce soir, cela me suffit !
— ça te suffit pour ton anniversaire ?
— Oh ! Qui a vendu la mèche ?
— Ta sœur, répondit-il en m’offrant un clin d’œil charmeur. Je suis désolé pour hier soir… si j’avais su…
— Rien, Manu. Ne sois désolé de rien et souris, s’il te plaît.
Il est plus de 19h30 lorsque Tim arrive. Sans même passer par l’intérieur de la maison, il salue tous les invités qui se pressent autour de la piscine et de la table. Je sens le regard de Manu sans aucune compassion pour son collègue. Il faudrait que je lui parle, il risque de devenir morose et je refuse qu’il prenne parti.
Tim embrasse toutes les femmes présentes, serre les mains tendues avant de venir poser son attaché-case à l’intérieur. Il passe à côté de moi et dépose un baiser rapide sur mes lèvres. Encore le même parfum que la veille… La même odeur le poursuit.
Martin lui propose une coupe, mais Tim refuse.
— Ma journée fut épuisante. Je m’éclipse sous la douche. Je me débrouillerai tout seul à mon retour. Profitez-en pour trinquer.
Oui… tout seul. Il allait l’être dans pas longtemps !
À vingt-une heures, Christine prend congé, suivie rapidement par Josiane et Martin qui se lève tôt pour son travail. Sophie lave les derniers verres avant de m’embrasser tendrement en me saluant :
— C’est dommage que tu ne sortes jamais. Depuis la fête de la musique, il y a presque tous les soirs des concerts sur la plage. Tu devrais venir une fois.
— Je ne te garantis rien… mais vérifie ton téléphone un peu plus tard.
— Tu veux dire que…
— Chut. Je mets les enfants au lit et… je pourrai peut-être te rejoindre. Si tu gardes le secret.
— Ma sœur a décidé de se dévergonder ? s’exclame-t-elle en m’embrassant. Tu veux que je t’attende ?
— Non, j’ai deux ou trois trucs à régler avant.
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