Chapitre 7

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Après avoir discuté un peu avec ses parents, Corentin monta les escaliers en silence, le bois grinçant légèrement sous ses pas. Arrivé à l’étage, il poussa la porte de sa chambre. Les murs étaient recouverts de posters de vieux films et de cartes du monde, une passion héritée d’années passées à rêver d’aventures lointaines et d’un quotidien plus simple. Une grande étagère croulait sous les jeux vidéo et les livres, témoignant de ses échappatoires préférées.

Il se laissa tomber sur son lit, attrapant sa console posée sur la table de chevet. En quelques clics, il alluma l’appareil, et la lumière bleutée de l’écran illumina la pièce. Il mit son casque, se connectant au serveur de son jeu préféré, *coRnIte*, une arène de survie où les joueurs devaient se battre jusqu’au dernier en utilisant des armes improbables et en construisant des forteresses de fortune.

Il rejoignit rapidement le groupe vocal de ses amis. Le bruit de fond familier, entrecoupé de tirs et de cris de victoire virtuels, lui arracha un sourire. C’était un rituel presque sacré, un moment de relâchement où tout le reste passait au second plan.

— Hé, le voilà enfin ! s’exclama Kenny dans le casque. On a cru que t’allais nous poser un lapin, Corentin.

— Non, jamais, répondit-il en s’installant plus confortablement. J’ai juste dû rentrer en vitesse, c’est tout.

Mira, dont l’avatar bondissait déjà sur la carte du jeu, ajouta d’un ton espiègle :

— Alors, alors, comment ça s’est passé avec Lara ? Vous avez eu un moment romantique en marchant sous les étoiles ?

Corentin leva les yeux au ciel, même si ses amis ne pouvaient pas le voir. Il se laissa néanmoins aller à un sourire.

— Rien de tout ça, je te rassure. On a juste discuté un peu, c’est tout.

— C’est tout, c’est tout, fit Mira, mimant une voix exagérément grave. Pourtant, ça crève les yeux, hein, Kenny ?

— Bah, je sais pas, répondit Kenny en riant. Lara, c’est pas trop le type de Corentin. Il est plus... distant. Enfin, c’est ce que je pense.

— Ouais, ouais, t’es juste nul pour lire entre les lignes, répliqua Mira en riant. Sérieusement, tu veux me dire que tu n’as rien remarqué, Corentin ? Elle t’a quand même proposé de faire le chemin ensemble... c’est pas un signe, ça ?

Corentin secoua la tête, mais un léger sourire restait ancré sur son visage. Il avait l’habitude de ces discussions, et même si Mira et Kenny pouvaient parfois se montrer lourds avec leurs allusions, c’était quelque chose de rassurant, de normal. Une routine qu’il appréciait.

— Si tu le dis, répondit-il d’un ton amusé en choisissant son avatar et ses armes préférées. Mais franchement, vous lisez trop dans les intentions des gens. Peut-être qu’elle voulait juste parler, rien de plus.

— Ah, le pauvre innocent, ricana Mira. Enfin, un jour, tu comprendras. Ou pas, d’ailleurs.

Kenny éclata de rire.

— Ouais, faut juste espérer que t’ouvriras les yeux avant la fin de l’année, Corentin.

Corentin haussa les épaules. Ces moments avec eux, ces échanges parfois lourds mais toujours bienveillants, avaient quelque chose de réconfortant. Dans le monde virtuel, il n’avait pas à se soucier de ses secrets, de ses instincts ou de ses faiblesses. Ici, il pouvait être juste un adolescent comme les autres.

— Allez, les gars, arrêtez de parler et venez m’aider, fit-il en souriant, un brin moqueur. J’ai une équipe entière sur moi, et je vais pas m’en sortir seul.

Mira et Kenny répondirent par des cris de ralliement et foncèrent en renfort, plongeant dans la mêlée virtuelle. Leurs rires et leurs encouragements se mêlèrent au bruit des tirs et des explosions. Le jeu, même chaotique, avait une sorte de fluidité qui permettait à Corentin d’oublier, ne serait-ce qu’un moment, les complexités de sa réalité.

Pendant une heure, ils combattirent, construisirent, et élaborèrent des stratégies, ponctuées par les blagues habituelles de Kenny et les commentaires moqueurs de Mira. Corentin se sentait bien, pleinement dans l’instant, sans se soucier du reste.

— Bon, les gars, je vais devoir y aller, finit par dire Kenny après une partie particulièrement intense. J’ai promis de ranger la maison avant que mes parents rentrent.

— Traître, répondit Mira en riant. Bon, à plus tard alors, Kenny.

— À plus, répondit Corentin. Bonne chance avec le rangement.

Kenny déconnecta, et Mira resta quelques instants de plus en ligne. Elle ne put s’empêcher de revenir sur le sujet de Lara.

— Blague à part, Corentin, fais attention. Lara est une fille sympa, et je pense vraiment qu’elle t’apprécie. Juste... prends ton temps, d’accord ?

Corentin sourit, même si un léger pincement au cœur le surprit. Mira était une amie précieuse, toujours à l’écoute, toujours là pour lui rappeler qu’il n’était pas seul.

— Merci, Mira. Mais ne t’inquiète pas, tout va bien, assura-t-il.

— Je sais, je sais. Bon, je file. On se revoit lundi !

Elle déconnecta à son tour, et Corentin resta un moment seul, le silence de sa chambre remplaçant le bruit familier du jeu. Il retira son casque, fixant l’écran éteint un instant, puis se laissa retomber contre son oreiller. C’était une journée normale, une parmi tant d’autres. Et c’était exactement ce qu’il espérait continuer à avoir.

Mais quelque part, au fond de lui, il savait que cet équilibre fragile pouvait se briser à tout moment.

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