Chapitre 8
Le lundi matin, la lumière filtrant à travers les vitraux colorés de la salle de classe projetait des éclats de rouge, de bleu et de vert sur les bureaux alignés en rangées. Corentin, Kenny, et Mira étaient déjà installés à leur place habituelle, près des fenêtres, discutant des derniers exploits qu’ils avaient accomplis ensemble dans *coRnIte* ce week-end.
Quand le professeur entra, les conversations se turent progressivement. Monsieur Lanchard, toujours vêtu de son costume sombre, posa son cahier sur le bureau avec son habituel air sérieux.
— Bien, avant de commencer le cours, j’ai une petite annonce à vous faire, dit-il, ses yeux parcourant l’assemblée.
Les élèves se redressèrent légèrement, curieux.
— La semaine prochaine, deux nouveaux élèves rejoindront notre classe. J’attends de vous que vous les accueilliez comme il se doit, ajouta-t-il, son regard insistant un instant sur chaque élève.
Un murmure parcourut la salle, des regards intrigués s’échangeaient de bureau en bureau. Mira, assise juste devant Corentin, se tourna discrètement vers Kenny et lui chuchota à l’oreille :
— J’espère qu’il y aura une fille... comme ça, je vais enfin te caser avec quelqu’un !
Kenny secoua la tête en souriant, habitué aux remarques de Mira.
— Désolé, mais je suis déjà pris, par mes jeux vidéo, répondit-il d’un ton amusé.
— Pff, geek ! railla-t-elle en lui tirant la langue avant de se retourner vers Corentin, un bureau derrière elle. Elle afficha un large sourire.
— On aura de nouveaux amis, c’est génial, non ?
Corentin lui rendit son sourire, un peu distrait.
— Oui, c’est chouette, approuva-t-il.
Il essayait de rester aussi neutre que possible, mais au fond de lui, l’annonce des nouveaux élèves éveillait une certaine inquiétude. Plus il y avait de gens autour de lui, plus il risquait d’être exposé. Il fit de son mieux pour ignorer cette pensée, se concentrant sur le sourire contagieux de Mira.
Le professeur poursuivit, levant un sourcil en direction des élèves qui continuaient de chuchoter.
— Il s’agit d’un garçon et d’une fille. J’espère que vous saurez les intégrer au groupe. Maintenant, reprenons notre cours.
Les bavardages cessèrent, et Monsieur Lanchard se plongea dans son cours sur les lois de la thermodynamique. Corentin prit machinalement des notes, mais son esprit vagabondait. Deux nouveaux élèves... Il espérait simplement qu’ils ne lui compliqueraient pas la tâche plus qu’elle ne l’était déjà.
À côté de lui, Mira n’en finissait plus de murmurer des théories sur les nouveaux arrivants, se penchant vers Kenny à chaque occasion.
— Tu crois qu’ils sont cool ? Peut-être qu’ils viennent d’une autre ville ! Ou mieux, de l’étranger !
Kenny, en bon sceptique, répondit en haussant les épaules.
— Ouais, ou peut-être qu’ils sont juste comme nous, des élèves normaux... Enfin, presque normaux, ajouta-t-il en lançant un regard amusé à Corentin.
Mira pouffa de rire, mais ne put s’empêcher de continuer.
— En tout cas, j’espère qu’ils ne seront pas ennuyeux. On pourrait les inclure dans nos projets photo ou même les inviter à jouer avec nous en ligne !
— Mouais, mais t’as pas intérêt à nous abandonner pour tes nouveaux amis, la prévint Kenny, une lueur taquine dans les yeux.
Elle lui tira de nouveau la langue, puis sourit.
— Comme si ça allait arriver ! Vous êtes coincés avec moi pour toujours.
Corentin observa leurs échanges avec un sourire discret. Il aimait ces moments de complicité, ces instants où il pouvait se détendre sans avoir à se préoccuper de tout le reste. Pourtant, une part de lui restait dans la lune, ses pensées tournant autour de ces futurs arrivants. Deux nouveaux élèves, c’était deux inconnus de plus à surveiller, à s’assurer qu’ils ne découvrent rien d’inhabituel.
La journée de cours continua, rythmée par les explications monotones des professeurs et les éclats de rires étouffés des élèves. Mais dans un coin de son esprit, Corentin ne pouvait s’empêcher de s’interroger. Comment seraient ces nouveaux venus ? Et, surtout, allaient-ils rendre sa mission de passer inaperçu plus compliquée encore ?
Il espérait sincèrement que non.
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