Le lundi matin, le réveil de Corentin retentit, le tirant brusquement du sommeil. Il attrapa son téléphone et y trouva déjà quelques messages de ses amis.

Mira : « Prêt pour voir les nouveaux ?? Je suis trop excitée !! »

Kenny : « On parie que Mira va se lier d’amitié avec eux avant la fin de la journée. »

Corentin esquissa un sourire. Ses amis étaient déjà en plein dans le vif du sujet. Il leur répondit d’un simple « J’arrive », puis se leva pour se préparer. Une douche rapide, un brossage de dents, un peu de parfum, et il était prêt. Pourtant, une étrange impression d’appréhension flottait en lui, un reste du rêve qu’il avait fait la veille. Les détails étaient flous, mais une chose restait claire : il avait vu un garçon qu’il n’avait jamais rencontré auparavant. Et ce rêve le perturbait encore.

Après avoir salué ses parents, il quitta la maison et rejoignit Mira et Kenny devant la porte du lycée. Ils échangeaient déjà des hypothèses sur les nouveaux, Mira affichant un enthousiasme débordant tandis que Kenny lançait des théories plus ou moins farfelues pour la faire rire.

— Alors, t’es prêt à voir nos nouveaux camarades de classe ? lui demanda Mira, les yeux brillants d’excitation.

— Aussi prêt que possible, répondit-il avec un sourire amusé, bien qu’il restât prudent.

Ils entrèrent dans la classe et prirent leurs places habituelles. Les bavardages autour des nouveaux emplissaient la pièce d’une effervescence particulière, mais pour l’instant, aucune trace des élèves en question. Corentin ouvrit son cahier pour prendre des notes, tentant de se concentrer. Mais il ne pouvait s’empêcher de jeter des coups d’œil à la porte de la classe.

Quelques minutes après que le professeur avait débuté son cours, un léger coup se fit entendre à la porte. Mira chuchota aussitôt :

— Ça y est, c’est eux !

Tous les yeux se tournèrent vers la porte, et le professeur l’ouvrit, révélant enfin les fameux nouveaux. Corentin releva le nez de son cahier, et son regard se fixa immédiatement sur le garçon qui entra le premier. Il sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine.

Des baskets crème et blanches, un jean délavé, une chemise noire. C’était exactement ce qu’il avait vu dans son rêve. Un frisson glacé parcourut son dos, et il avala de travers, sa gorge se serrant sous la surprise. Non… ce n’était pas possible. Il n’avait jamais vu ce garçon auparavant, alors comment pouvait-il l’avoir rêvé ?

Le garçon entra, suivi par une jeune fille que Corentin ne remarqua même pas. Son regard restait rivé sur le nouveau, fasciné malgré lui par cette vision qui semblait tout droit sortie de son esprit. Le professeur demanda aux nouveaux de se présenter, et le garçon s’avança, son regard se posant directement sur Corentin.

— Bonjour, je m’appelle Nathaniel, dit-il d’une voix calme. Je fais de la course à pied et de la photographie. J’espère qu’on va bien s’entendre !

Le sourire de Nathaniel était chaleureux, mais quelque chose dans ses yeux semblait sonder Corentin avec une intensité étrange, comme s’il le connaissait déjà. Un parfum discret flottait autour de lui, doux et apaisant. Une odeur de lavande. Corentin se figea, ses mains tremblant légèrement. C’était bien lui, la silhouette qu’il avait aperçue dans son rêve, ce parfum familier. Il ne pouvait s’y tromper.

Nathaniel et la jeune fille terminèrent leurs présentations, et le professeur les installa à leurs places respectives. Nathaniel prit place un rang à droite de Corentin, juste assez proche pour que le parfum de lavande vienne à lui en vagues subtiles. Corentin restait immobile, le regard fixé sur son cahier, mais son esprit semblait embrouillé, comme pris dans un brouillard étrange. Son rêve n’avait pas été un simple rêve, c’était clair à présent. Il avait eu une vision, une sorte de prémonition. Mais pourquoi ?

Mira lui donna un coup de coude discret, ramenant son attention à la réalité.

— Eh, tout va bien ? On dirait que tu viens de voir un fantôme, chuchota-t-elle.

Corentin hocha la tête, tentant de paraître calme.

— Oui, tout va bien… C’est juste… un peu surprenant, c’est tout.

Elle fronça les sourcils, mais se contenta d’un sourire.

— Tu verras, ils ont l’air sympas. Je suis sûre qu’on va bien s’entendre avec eux, murmura-t-elle, avant de retourner à son cahier.

Corentin tenta de reprendre ses notes, mais l’inquiétude montait en lui, un frisson d’angoisse qui ne le quittait pas. Il ne savait pas ce que signifiait ce rêve ni pourquoi il avait vu Nathaniel avant même de l’avoir rencontré. Mais une chose était sûre : quelque chose d’inattendu venait de se glisser dans sa vie, et il pressentait que rien ne serait plus pareil.