Les jours suivants, Corentin se surprit à jeter des regards en coin vers Nathaniel et Livia plus souvent qu’il ne l’aurait voulu. Quelque chose chez eux éveillait une curiosité qu’il ne comprenait pas, mêlée à une inquiétude constante. Livia, avec son regard doux et attentif, semblait calme, discrète, mais chaque fois qu’elle souriait, il y avait quelque chose de difficile à cerner, une aura énigmatique. Nathaniel, quant à lui, continuait de dégager ce parfum apaisant de lavande, et son attitude détendue déconcertait Corentin.

Un après-midi, alors qu’il bavardait avec Mira et Kenny dans la cour, Mira lança un regard espiègle en direction de Nathaniel et Livia, installés un peu plus loin. Elle lui donna un coup de coude léger.

— Eh, Corentin, je suis sûre que tu as le béguin pour les deux nouveaux ! Avec la façon dont tu les observes, c’est évident !

Corentin sentit le sang lui monter aux joues. Il ouvrit la bouche pour protester, mais au même instant, il réalisa que Livia et Nathaniel les regardaient aussi. Ils souriaient, presque comme s’ils pouvaient entendre leur conversation. Ce simple échange de regards le fit déglutir, et il faillit s’étouffer, toussant brusquement. Kenny et Mira éclatèrent de rire, inconscients du malaise soudain de Corentin.

— Calme-toi, c’était juste une blague ! le rassura Mira en riant.

Corentin se força à rire aussi, mais au fond de lui, une sensation de malaise grandissait. Leurs regards, cette synchronisation étrange... il se passait quelque chose. Il n’aurait su dire quoi, mais ces deux-là n’étaient pas simplement des nouveaux élèves ordinaires. Ils semblaient parfaitement en phase, comme s’ils partageaient un lien profond et mystérieux. Et que faisaient-ils là, tous les deux, arrivant dans sa vie au même moment ?

Il passa le reste de la journée plongé dans ces questionnements, tâchant de ne pas montrer son trouble. Il savait que ses amis le taquineraient sans relâche s’ils voyaient son obsession pour Nathaniel et Livia. Mais chaque fois qu’il croisait leurs regards ou qu’il sentait le parfum de lavande flottant autour de Nathaniel, il se retrouvait emporté dans un tourbillon de pensées.

Le lendemain matin, alors qu’il se préparait pour le lycée, son téléphone vibra brusquement. Un son familier, insistant. L’alerte créature. Corentin déverrouilla son téléphone, et l’annonce qui s’afficha sur l’écran lui fit l’effet d’une douche glacée :

VIGILANCE CRÉATURE : Trente humains retrouvés morts cette nuit. Cerveau et cœur dévorés. Les autorités conseillent une vigilance accrue.**

Le cœur de Corentin se serra, et il sentit un frisson courir le long de sa colonne vertébrale. Trente victimes… en une seule nuit. Et la manière dont elles avaient été tuées… Il se rappelait de rapports similaires par le passé, mais une attaque de cette ampleur était inédite. Il savait que ce genre d’incident risquait de compliquer sa propre situation. Dans un contexte de vigilance extrême, il devait se montrer plus prudent que jamais.

Malgré lui, son esprit retourna immédiatement à Nathaniel et Livia. Ces deux-là… pourquoi étaient-ils arrivés en même temps, alors que la ville passait en alerte créature ? Et pourquoi cette soudaine attaque, précisément après leur arrivée ?

Il secoua la tête pour chasser ces pensées. Il devait rester calme, rationnel. Après tout, il n’avait aucune preuve que les nouveaux élèves aient quelque chose à voir avec cet événement. Mais il ne pouvait s’empêcher de rester sur ses gardes. S’ils étaient liés à tout cela d’une manière ou d’une autre, il valait mieux qu’il garde ses distances.

Corentin prit une grande inspiration, se passant la main sur le visage pour se donner du courage. Il enfila son sac et sortit de la maison, bien décidé à se fondre dans la foule au lycée et à rester aussi discret que possible.

En arrivant devant les grilles, il retrouva Mira et Kenny, qui parlaient déjà de l’alerte.

— C’est flippant, cette histoire, murmura Kenny en jetant un regard nerveux autour de lui. Trente personnes en une nuit… T’imagines ?

Mira secoua la tête, visiblement troublée elle aussi.

— J’espère que c’est juste une créature de passage, et qu’elle ne va pas rester dans le coin trop longtemps…

Corentin hocha la tête, tentant de rester stoïque. Mais au fond, une part de lui partageait leur inquiétude. Cette attaque, cette arrivée soudaine des nouveaux… tout cela formait une coïncidence troublante.

Ils rejoignirent leur salle de classe, et Corentin prit place à son bureau, essayant de se concentrer sur les cours. Mais l’ombre de l’alerte et la présence des nouveaux ne le quittèrent pas. Il savait qu’il allait devoir être plus discret que jamais. Et surtout, il devait rester vigilant.