Le rêve
La salle vibre au rythme de la batterie. Le violoncelle instille comme des grésillements dans mes tripes mais les gens sont présents pour la trompette aérienne qui leur fait chavirer le cœur, les transporte vers d'oniriques contrées. Sous son panama, le musicien ondule, séduit, émeut. La fumée des cigarettes strie la lumière des projecteurs. Le whisky, le rhum coulent à flot. Les verres tintent du bruit des glaçons, brillent des reflets des tranches de citron, des cerises confites. L'ambiance est à la fête. Le monde tourne, vit ses plus belles heures. Sur scène, lors d'un changement de couleurs dans les halogènes, je me rends compte que le violoncelliste est un chien, le trompettiste un loup. Tous deux me regardent d'un œil malin, carnassier. Ils ouvrent la bouche mais aucun son ne me parvient.
Une lumière grise filtrait à travers les persiennes de la pièce où Sebastian dormait. Le petit matin arrivait.
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