La Milizia
De lourds nuages gris avançaient sur la mer, soulevaient une houle d'éclats iridescents. Depuis la maison, on apercevait l'écume qui portait le rose et le délicat d'une cuisse de nymphe. On entendait le fracas des vagues sur la grève. La pluie serait bientôt sur la ville, peut-être même une tempête.
Son paquetage sur le dos, son saxophone sur l'épaule, Jocko dans les jambes, Sebastian enfonça son chapeau sur la tête. Les adieux lui serraient le cœur. Pour la première fois, il craignait de ne pas pouvoir revenir. Ou d'oublier la mer.
Une dernière accolade, un ultime sourire pâle et il partit, le chat sur ses talons. Il ne le chassa pas. Direction le club sur la colline où se produisaient Dogg et Wolfe.
Les rues s'animaient petit à petit dans la lumière fade. À l'heure des livreurs, des ouvriers matinaux, des cantonniers qui redonnaient de l'allure à la ville après chaque nouvelle nuit. L'heure des lève-tôt anonymes. Ceux que Sebastian croisait quand il rentrait dormir après une nuit à jouer.
Il s'engageait dans une venelle sombre quand il perçut quatre silhouettes noires, trapues, aux yeux sans expression se détourner de leur patrouille et se diriger droit sur lui, le faisceau d'une lampe-torche l'éblouissant. La Milizia.
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