Le contrôle
Vifs comme l'éclair, ils encerclèrent Sebastian dans un mouvement fluide, chorégraphié. Il se retrouva acculé contre un mur de briques brunes, sous leurs yeux inquisiteurs.
Les loups du pouvoir, fruits des améliorations bio-mécaniques des médecins de l'État. Des monstruosités créées par la folie de quelques savants à l'esprit dérangé. Une chose restait toutefois impossible à enfanter artificiellement. La violence, la méchanceté, le goût du sang.
Sebastian sentait l'haleine forte des agents, leurs regards comme des lasers posés sur lui. Il essaya de chasser de son esprit la présence du pistolet dans son sac. Rien n'échappait à la vigilance de ces anciens soldats tombés au front et qu'on avait ramené de l'au-delà pour assurer la sécurité du pays.
L'officier supérieur, reconnaissable à son brassard rouge, s'avança :
" Papiers, citoyen. D'où venez-vous ?
- De la gare. J'ai pris un train de nuit pour rentrer.
- Où étiez-vous ?
- A Gulfport. Pour un concert.
- Vous êtes musicien ?
- Oui, Oberleutnant. Saxophoniste. "
Le soldat renifla de mépris, les yeux posés sur son passeport. Sebastian ne fut pas surpris par ce dédain :
" Et où allez-vous maintenant ?
- Chez moi. Dormir.
- Mes hommes vont fouiller votre sac, Monsieur Dupree. Veuillez coopérer. "
Sebastian sentit comme un poids lui descendre dans les tripes. Il était cuit, il le savait. Il bougea l'épaule pour faire glisser la bretelle de son étui quand une masse brun-rose s'écrasa dans un fracas de céramique brisée. Quelqu'un venait de jeter un pot de fleurs depuis un étage voisin au pied des policiers. Ils levèrent la tête vers les toits à la recherche de l'agresseur puis s'élancèrent vers la porte de l'immeuble.
Sebastian respira. Hors de question pour lui d'attendre leur retour. Il décampa. Au coin, il vit Jocko sortir de l'immeuble par une autre entrée et le rejoindre.
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