La confrontation
Les coups de pistolet se rapprochaient. Sebastian se tenait collé contre le portillon de fer et tentait d'apercevoir d'où venaient les tirs. La coupole l'empêchait de voir ce qui se passait au-delà. De l'autre côté, les rafales de Thompson gardaient la même intensité.
Le musicien en profita pour poser l'étui de son saxophone et son sac à dos. Malgré la pluie froide, il transpirait. Du regard, il fit le tour du caveau. Une grande pièce de marbre ameublée avec sobriété. Un guéridon en face de l'entrée, deux vases contenant des roses, deux fauteuils identiques. Sur les murs, des alcôves où reposaient les générations entières de Jones.
Jocko huma l'air et se dirigea vers le fond du bâtiment. Au moment où Sebastian s'écartait du battant pour le suivre, le portail s'ouvrit et Nate plongea en avant dans le mausolée. Il tenait un revolver à la main, il avait perdu son chapeau :
" Où sont les autres ?
- Ils essaient de retenir la Milizia. Tu étais où, bon sang ?
- Je cherchais une issue mais je crois qu'on est dans le pétrin, Seb. Tout le commissarait du quartier est en train d'arriver. On va devoir se rendre.
- Ferme-la, on attend Hiram et Daigle.
- C'est de la folie, Seb. Il faut... "
Il laissa sa phrase en suspens quand la porte s'ouvrit à nouveau sur Lauren. Elle saignait de la tempe droite en trois endroits. Des coupures dûes à des éclats de pierre. Elle cria :
" Ne restez pas là, allez à la porte du fond. " Elle rouvrit l'entrée et hurla à pleins poumons :
" Hiram ! Décroche ! "
Sebastian doutait que Wolfe ait pu entendre l'appel. Il douterait aussi plus tard de ce qu'il vit dans les secondes suivantes. Dogg leva son revolver et fit feu à deux reprises sur Daigle. Elle reçut la première balle entre le sein gauche et la clavicule et la deuxième en plein ventre. L'impact des munitions en .38 la projetèrent contre le mur. Elle blêmit immédiatement. Des roses rouges ne tardèrent pas à fleurir à travers sa chemise blanche.
Sebastian n'eut pas le temps de réagir que Nate braquait déjà son arme vers son visage. L'œil noir du canon oblitéra tout le reste. Vision, ouïe s'effacèrent. Ne restait que le vertige de la mort imminente, l'inexorable résolution.
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