" Fais pas l'imbécile, Nate. Pose ça.

 - Tu ne comprends pas que c'est foutu. Que la Milizia et ceux qui la commandent ont gagné. Ce monde a fini d'exister.

 - Tu racontes n'importe quoi. Il y a toujours un espoir.

 - Et tu crois que c'est toi qui va incarner cet espoir, Sebastian ? hurla-t-il.

 - Je n'en sais rien, Nate. Laisse-moi aider Lauren.

 - Tu restes où tu es ! "

Daigle était aussi pâle qu'un mort, sa chemise trempée de sang rouge vif. Des cernes noires se creusaient sous ses yeux, faisant ressortir le bleu de ses iris. Son regard divaguait.

 " Elle est déjà morte. Et tu ne vas pas tarder à la rejoindre. Ecoute, la Milizia approche. "

Dogg disait vrai, on entendait le bruit des bottes sur les pavés. Où était Wolfe ? Mort ? Capturé ? Nate ramenait en arrière le chien de son Webley quand une ombre se précipita à l'intérieur de la crypte. Elle se redressa de toute sa hauteur. Un colosse. Hiram.

Son regard n'exprimait aucune surprise, juste de la colère et quelque chose d'encore plus noir :

 " Espèce de sale traître de merde ! Comment as-tu pu abandonner la cause ?

 - Ils m'ont... "

Dogg ne put jamais prononcer ses dernières paroles, une rafale de mitraillette le coupa en deux au bas-ventre. Il s'écroula comme une marionnette aux fils coupés. Il ne mourut pas sur le coup, cracha du sang. Hiram s'approcha :

 " S'il te plaît, Hiram, écoute-moi...

 - Non, salopard. "

Et Wolfe tira en pleine tête sur son vieil ami, son compagnon de tant de nuits, de tant de notes.

 " Récupère tes affaires, je m'occupe de Lauren. "

Il n'y avait plus rien à faire pour elle. Hiram tendit le pistolet qu'elle portait à Sebastian.

 " Faut qu'on bouge. Maintenant. "

 - Par où ?

 - Va au fond, il y a une porte. Elle mène au sous-sol. On pourra rejoindre les égouts puis l'écoutille. Allez, fonce. "

Ils allaient franchir son seuil quand la Milizia s'engouffra à son tour dans la crypte. Ils ouvrirent le feu. Dupree sentit un choc contre son flanc mais ce n'était pas une balle. Deux projectiles touchèrent Hiram, l'une à l'épaule, l'autre à l'avant-bras gauche. De la main droite, il leva sa Thompson et tira dans un acte réflexe. Il toucha quelque chose qui recula dans un mugissement horrible. Sebastian tira lui aussi. Sans résultat.

 " Fais basculer cette armoire quand tu auras fermé la porte, ça les ralentira. "

Le casier métallique s'abattit dans un fracas et bloqua la porte. Ils venaient de gagner quelques minutes. Mais peu.