" Pas mal, pas mal mais ça tient plus de la chansonnette que du sifflement. C'est Hiram qui vous envoie. Où est-il, ce vieux briscard ?

 - Je suis seul. Dogg est un... était un traître. La Milizia nous a attaqués dans le cimetière. Wolfe a été blessé pendant qu'on fuyait.

 - Hmmm, je vois. Et Lauren ?

 - Abattue par Dogg. Je suis désolé.

 - Putain ! "

Croce se leva d'un bond. Sebastian s'attendait à un affrontement physique mais l'homme porta son regard sur un point derrière l'épaule de Dupree :

 " Vous avez été suivis ?

 - Pas par la Milizia, j'ai bloqué la trappe dans l'abri de jardin.

 - Des maraudeurs vous ont repéré, on dirait. Je ne sais pas comment mais vous avez déjà du monde aux trousses. Vous feriez mieux d'entrer dans la boutique. Ils n'oseront jamais y venir. "

Devant la non-réaction de Sebastian, Croce le poussa en parlant à voix basse :

 " Allez, bougez-vous. Vous voulez les attendre sagement ici ?

 - Qui sont-ils ?

 - Je vous expliquerai ça mais pour l'instant, allez à l'intérieur. Et donnez du lait à ce chat. Il y en a dans le frigo."

Sebastian entra dans la tanière du jeune homme. Une caverne au trésor pour un musicien comme lui. Derrière lui, Croce ferma la porte à clé et baissa le store. Il resta à scruter la rue.

 " Dommage, ça allait être une belle journée pour le commerce. "

Jocko sauta sur le comptoir et attendait sa coupelle. Dupree lança :

 " C'est quoi, ces maraudeurs ?

 - Des espèces de bandits de grands chemins. Ils vous dépouillent jusqu'à ton âme. Littéralement.

 - Quoi ? Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?

 - Cela signifie qu'ils vous vident d'abord les poches puis vous trucident jusqu'à ce que vous ressembliez à un tapis abandonné. Putain mais c'est votre premier jour ici ou quoi ?

 - Oui. Que ça vous plaise ou non, monsieur Croce.

 - Mais qu'est-ce que vous faites là et comment avez-vous convaincu Wolfe et Dogg de vous laisser passer ?

 - Grâce à lui, paraît-il. " répondit Sebastian en pointant du doigt Jocko.

 " Mouais, vous m'excuserez mais je ne crois pas trop en ces vieilles prophéties. Mais ça a visiblement suffi à Wolfe et Daigle alors soit. Je ferai avec...

 - Et eux dehors ?

 - Eux ? Ils ne pourront jamais entrer ici. Ceci dit, ils peuvent décider de vous attendre. Allez, venez vous reposer un peu. On va avoir du travail.

 - De quel genre ? "

Sebastian regretta d'avoir posé la question. Dans l'arrière boutique, il trouva l'atelier. Sur les établis, des instruments de musique en attente d'une réparation dont un superbe saxophone. Mais autre chose attira son attention. Dans un coin de la pièce, à moitié caché par une armoire en métal, il voyait un de ces fusils d'assaut qu'il avait affronté bien des années plus tôt dans la jungle.

Où était-il ?