- Nolan !! Debout fainéant ! s’écria une voix au travers de mon appart.

Une voix que je ne connaissais que trop bien. Emilie. Mon adorable sœur. J’avais la tête en vrac, à côté de moi dans mon lit, dormait paisiblement une jeune blondinette. Je ne me rappelais même plus de son nom. J’étais bien trop bourré pour me souvenir de quoi que ce soit. Je secouais la fille en mettant ma main sur son épaule et me levais pour m’habiller. Je lui fis signe de se rhabiller elle aussi en entendant les pas de ma sœur se faire plus proche. Elle venait de finir d’enfiler son pull quand la tornade fit son apparition, lui jetant un regard noir.

- Sors d’ici ! ordonna-t-elle à la gamine qui sortit à pas rapides.

Emilie me fixa d’un regard mauvais, tandis que j’haussais les épaules innocemment.

- Mais ça t’amuses, imbécile ?! s’écria-t-elle en me donnant une tape derrière la tête.

- Aïe, j’ai rien fait !

- Tu couches avec une fille différente tous les soirs ! C’est ça l’exemple, l’image que tu veux donner aux autres de toi ?!

- Je me fiche de ce que les autres peuvent penser de moi ! Seul son avis à elle comptait et tu le sais très bien !!

- Nolan…

- Quoi ?!

- Arrêtons de nous disputer tout le temps, j’en ai marre de me battre avec toi. En attendant, Jaz’ nous attend dans la voiture, allons-y, tu mangeras un truc là-bas, ordonna-t-elle.

- Euh… on va où au juste ?

- Mais c’est pas vrai, tu es irrécupérable ! Tu as promis à Jaz’ que tu nous accompagnerais au festival littéraire et tu viens !

- Ah oui, c’est vrai, j’avais zappé. Je prends un doliprane et je vous rejoins.

- Je t’attends là, dit-elle autoritaire.

- Très bien, si ça te fait plaisir.

Ma sœur leva les yeux au ciel et partit dans le salon. Je me rendis dans la salle de bain et m’aspergeai le visage d’eau fraîche. Je pris rapidement un doliprane et marchais jusqu’au salon. Emilie avait toujours l’air énervé.

- Tiens, elle t’a laissé un mot. Encore une fille qui ne te mérite pas. Tu joues avec elles, et elles continuent à te courir après, je ne comprendrais jamais.

Je récupérais le petit mot et le lus: « Nolan, je sais que tu étais bourré et moi aussi, mais j’aimerais qu’on se revoit. Je sais que tu ne te lances pas dans des relations à long termes mais je te laisse mon numéro 07 ** ** ** **.​ Mélina ». Je posais le papier sur le plan de travail et suivis ma sœur jusqu’à la voiture. Notre autre sœur, Jasmine, nous attendait les yeux rivés sur l’écran de son portable, sûrement en train de jouer à un jeu stupide ou de parler avec son groupe d’amies.

- Salut Jaz’, dis-je en entrant dans la voiture.

- ‘Lut, marmonna-t-elle.

- Tu me fais la gueule ? demandai-je alors, voyant son manque d’enthousiasme.

- J’ai vu une fille sortir, elle venait de chez toi, hein ? Et puis, vous avez été longs, t’as bu hier soir, c’est sûr. Et puis, j’imagine que tu avais oublié le rassemblement, énonça-t-elle.

Je baissais la tête, j’avais encore une fois déçu mes sœurs. Emilie conduisait sans un mot et Jasmine ne m’adressait pas la parole non plus. Je calais ma tête contre la vitre, 27 ans et incapable de faire les choses normalement, je me décevais moi-même.

- Je suis désolé, les filles. S’il vous plaît, j’aime pas quand vous me faîtes la gueule, tentai-je.

- Bah nous on n’aime pas quand tu joues avec les sentiments des autres filles, déclara Jaz’.

- Ouais et quand tu te bourres la gueule aussi, renchérit Em’.

- S’il vous plaît, c’est ta journée Jaz’ aujourd’hui, je ne veux pas tout gâcher, répliquai-je.

- C’est déjà fait, murmura-t-elle tout bas, sans qu’Emilie l’entende, mais moi, j’avais bien compris. Et ça me fit l’effet d’un coup de couteau. Entendre ces mots de la bouche de ma petite sœur, ça faisait mal, vraiment mal. Et je m’en voulais, énormément.

- Jaz’…

- Non ! J’en ai marre, vraiment marre ! Tu fais n’importe quoi, tout ça depuis qu’elle t’a quitté ! Une copine, t’en trouveras une autre, c’est pas comme si c’était la femme de ta vie !

- Elle l’était ! Je l’aime comme je n’ai jamais aimé une seule fille.

- Oh ! Stop vous deux ! On va bientôt arriver, alors maintenant vous arrêtez et on profite de cette journée tous les trois, ordonna Em’. Elle avait 21 ans, soit 6 de moins que moi, cependant, des fois, c’était à se demander qui était l’aîné dans cette famille. Quant à Jaz’, à 17 ans, elle était assez différente de la plupart des gens de son lycée. Elle adorait lire et dévorait en particulier, les romans à l’eau de rose et les thrillers. Des fois, Jaz’ décrochait un peu de la réalité, cela pouvait durer plusieurs jours, elle était comme absente. En temps normal, Jasmine était plutôt timide et renfermée, souriante et rêveuse. Dans un quart d’heure, on arriverait à ce grand rassemblement d’auteurs que ma sœur vénérait. Je ne souhaitais qu’une chose, qu’elle s’amuse et oublie l’imbécile de frère que j’étais. Je voulais voir les étoiles brillaient dans ses yeux, comme chaque fois qu’elle rencontrait ses idoles.