Je me réveille en sursaut, suffocante, et trempée de sueur. Je cherche à tâtons l’interrupteur de ma lampe de chevet. La faible lueur de lumière éclaire la pièce chaleureuse qu’est ma chambre. Mon regard se pose sur le mur d’en face, juste au-dessus de mon bureau, un grand tableau en liège est accroché. C’est là que j’épingle toutes mes photos, une grande partie de celles-ci sont des clichés de ma sœur, Camila, et moi, pris lors de nos nombreuses escapades. J’éclate en sanglots quand je repense à elle. Son sourire, son visage, son odeur, son rire, tout me manque chez elle. Depuis qu’elle n’est plus là je souffre, si j’avais fait plus attention à la route, si je n’avais pas pris la route alors que j’avais bu, elle ne serait pas morte, je pourrais encore marcher, et on ferait encore des sorties ensembles. Je m’en voulais tellement de l’avoir tuée, mes parents ne supportent pas que je dise ça, pourtant c’est la stricte vérité, j’ai tué ma propre sœur. Je reprends mon souffle et commence la dure tâche qu’est le transfert entre mon lit et mon fauteuil. J’ai toujours voulu être écrivain, après la mort de Camila, j’ai commencé à écrire un livre, Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pour toujours, il raconte l’histoire d’une adolescente en fauteuil comme moi. J’ai eu besoin de raconter ce que je vivais par le biais de Clarisse, l’héroïne de mon roman, elle me ressemblait énormément, ayant elle aussi perdu sa sœur. La jeune fille tombe amoureuse de son nouveau voisin, un garçon cachant de nombreux secrets, mais avec qui elle partageait de nombreux points communs. Bref, il a été vendu à grande échelle et j’ai été invité à participer à ce rassemblement. En ce moment même, j’attends ma meilleure amie, Nora, qui vient souvent m’aider. C’est elle qui m’y emmène, on y va en bus, parce que malgré mon handicap, je n’ai jamais pu remonter dans une voiture, ça fait pourtant trois ans déjà. Trois ans qu’elle est partie, trois ans que je me réveille toutes les nuits priant pour que l’accident ne soit qu’un mauvais rêve, trois ans que j’espère qu’elle surgisse au coin de la rue pour m’entraîner dans les plus grandes fêtes qu’elle connaisse, trois ans qu’elle me manque. On sonne, même si elle a les clés, Nora préfère sonner, pour me prévenir de sa présence, elle n’entre qu’après.

- Coucou, alors qu’est-ce que ça fait d’être célèbre ? demande-t-elle joyeusement.

- Rien de spécial, je marmonne.

- Livi’ fais un effort, s’il te plaît, me sermonne-t-elle.

- Oui, mais je t’assure, ça ne me fait rien.

- Bon, heureuse d’aller à ce rassemblement ?

- Bof, je vois pas l’intérêt.

- Tu me désespères, tu as des fans Livi’. Des adolescentes surtout qui t’admires et qui rêvent de te rencontrer. Ton histoire a touché un grand nombre de lecteurs, Clarisse et toi, vous êtes pareilles, et c’est pour ça que tu as autant de succès. Tu mets sur papier tout ce que tu ressens, ce que Clarisse ressent, tu fais passer de l’émotion à travers tes écrits.

- Si tu le dis, soupirai-je.

- Allez ! On se prépare et on fonce, tes fans t’attendent ! s’exclame-t-elle.

J’adore Nora, elle est la seule à réussir à me faire sourire dans ces moments là. Elle a toujours était là pour me soutenir, et je lui en suis reconnaissante. Sans elle, j’aurais sûrement rejoint ma sœur depuis des années. Nora m’a aidé à remonter la pente, elle est restée auprès de moi des journées entières quand je m’enfonçais dans mon mutisme et qu’aucun son ne passait mes lèvres.

Il me fallut une petite heure avec l’aide de Nora pour me préparer. On descendit ensuite en bas de la rue, prendre un petit déjeuner au café, Jerem’s. On prit ensuite la route pour rejoindre le grand bâtiment où se déroulait l’évènement tant attendu par les lecteurs.