14. Nolan : Protecteur
Emilie et moi étions en train d’acheter des sandwichs pendant que Jaz’ regardait les livres d’un de ses auteurs favoris. Quelques minutes plus tard munis de notre repas, nous retournâmes vers l’endroit où était notre sœur.
- … à ma dernière disserte, comment ça se fait ? déclara une voix.
- Je… je ne sais pas, répondit une autre peu assurée que je reconnus tout de suite.
- Ah. Et tu crois que…, commença-t-il.
- Fous lui la paix ! ordonnai-je.
- T’es qui toi ? Mêles-toi de tes affaires !
- Son frère, alors tu dégages et vite, répliquai-je méchamment.
- On se voit au lycée, dit-il à ma sœur avant de se rapprocher d’elle et de lui chuchoter autre chose à l’oreille.
Il repartit ensuite dans la direction opposée. Je me tournais vers ma petite sœur qui se faisait déjà questionner par Emilie, qui la tenait par les épaules.
- C’est qui ce mec ? demanda-t-elle, les sourcils froncés.
- Un élève de ma classe, répondit Jaz’.
- Il te voulait quoi ? questionnai-je.
- Rien, je l’aide en histoire pour qu’il puisse remonter sa moyenne, c’est tout, assura-t-elle.
- Tu nous jures qu’il n’y a que ça ? fis-je.
- Promis.
- Non. Pourquoi est-ce qu’il est venu te voir ? Qu’est-ce qu’il t’a demandé ? insista Emilie, peu convaincue.
- Il a eu 13 à sa dernière disserte et il voulait savoir pourquoi il n’avait pas eu plus. Je lui ai expliqué que c’était déjà mieux que 2 et qu’avec un peu d’effort et d’entraînement, il réussirait à avoir plus.
- Voilà, l’affaire est close ! On continue la visite ? tentai-je pour calmer les tensions.
- Comment ça « l’affaire est close » ? Tu te moques de moi, Nolan ? s’énerva ma sœur.
- Em’, il a raison. Je vais bien, tout va bien. Y’a aucun souci, assura Jaz’ en souriant.
- Mais… Oh, et puis vous savez quoi ? Continuez sans moi, de toute façon, je vous ennuie alors…
- Arrête Em’ ! J’ai aucun problème ! Pourquoi t’es persuadée du contraire ?! s’exclama Jaz’.
- Peut-être parce qu’un garçon vient te parler lors d’un rassemblement littéraire ! Tu ne trouves pas ça bizarre toi ? Nolan ?
- Bah, j’en sais rien, moi. J’ai confiance en Jasmine, si elle avait un problème, elle nous en parlerait, dis-je, sûr de moi.
- Alors, c’est ça…, souffla Jaz’ en nous fixant Em’ et moi.
- Quoi ?
- Aucun garçon ne s’est jamais intéressé à moi, du coup ça attire tout de suite des soupçons, hein ? Il faut se rendre à l’évidence, n’est-ce pas, le gars populaire du lycée qui s’intéresse à la petite intello timide et renfermée, y’a forcément un truc qui tourne pas rond, pas vrai ? cracha-t-elle.
Je ne reconnaissais plus ma sœur et Emilie non plus, vu la tête qu’elle tirait. Jaz’ nous regardait, les larmes aux yeux.
- Eh, Jaz’, commença Emilie en s’approchant doucement de notre sœur.
- Me touche pas ! cria cette dernière.
- Jaz’ s’il te plaît, tu sais très bien que ce n’est pas ce qu’Em voulait dire, dis-je.
- Oh si, c’est exactement ce qu’elle pensait.
- Non ! Jaz’, je te le jure, je m’excuse, la supplia Em’.
- Toute façon, t’as raison.
- Comment ça ? demandai-je.
- Je suis bien trop nulle pour que quelqu’un s’intéresse à moi, fit-elle avant de se mettre à pleurer.
- Non, non, bien sûr que non. Tu es une fille adorable, Jaz’, tu as tout pour plaire, d’accord ? Regarde-moi. Tu es géniale, ok ? assura Em’ en la serrant dans ses bras.
- Au fait, qui veut un sandwich ? proposai-je, une fois les pleurs calmés et le conflit terminé.
- T’es le meilleur, Nolan, me dit Emilie avant d’attraper son sandwich.
Je tendis le sien à Jasmine.
- Merci. Vous savez, je suis désolée de m’être emportée comme ça. Vous étiez juste inquiets pour moi, et puis de toute façon, je me fiche bien que les autres s’intéressent à moi, je vous ai vous et ça me suffit amplement. Je vous aime plus que tout, vous êtes les meilleurs, déclara Jaz’ avant de mordre dans le pain.
On se regarda rapidement Em’ et moi, et dans un accord silencieux, on se jeta sur la petite dernière de la fratrie. Jaz’ rigolait, et on ne tarda pas à la rejoindre. On avait beau être assez souvent en conflit ces derniers temps, rien ne pourrait nous séparer. Rien ni personne ne me priverait de mes sœurs.
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