Réécriture - arc des archanges
Hello les filles !
Me voici au terme d'un travail trèès laborieux : j'ai réécrit une bonne partie des scènes qui se déroulent sur le territoire des archanges. (J'ai failli devenir dingue. Je ne voulais rien jeter et j'ai donc joué au puzzle avec des bouts de chapitre dans tous les sens.)
Les points que je voulais améliorer avec cette réécriture :
- plus de rebondissements et d’action
- plus de créatures angéliques et de folklore biblique
- plus de camaraderie entre les boyards
- plus d'impact psychologique sur Cornélia et Blanche après leur captivité
J’espère que ces objectifs seront atteints ! (Je ne vais pas du tout péter un câble si je dois réécrire tout ça, hihi)
Je ne vais pas TOUT vous remettre, seulement les scènes qui sont entièrement nouvelles. Je ferai lire la globalité à mes bêta-lectrices sur Instagram.
Mais si vous voulez lire vous aussi la globalité (pour voir si le puzzle tient debout...), je vous donnerai un fichier ebook ou PDF avec plaisir. La partie réécrite fait environ 130 pages roman. Ce qui est pas mal, maintenant que j'y pense. Il y a certainement encore des incohérences qui traînent ou des trucs pas très harmonieux.
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On commence avec une scène entièrement nouvelle ! Je me suis cassé les dents dessus, j'espère qu'il n'y aura pas trop de maladresses ou d'incohérences...
Petit rappel : À ce stade de l’histoire, Blanche, Cornélia et les boyards viennent d’être libérés de la ménagerie d’Orion. Aidés d'Aaron, Iroël et plusieurs nivées qui sont venues les chercher, ils ont pris la fuite et se sont réfugiés dans une maison de la ville. Ils viennent d'y passer une nuit.
– Allez les greluches ! Hop hop, on fait son sac !
Aaron avait cessé d’être l’ombre de lui-même. Après une bonne nuit de sommeil, il avait englouti l’équivalent de son poids en nourriture, pris une douche de fortune, rasé sa barbe, coupé ses cheveux. Il avait l'air en pleine forme, contrairement aux autres qui avaient fait les frais du dressage d'Orion.
– Arrête de traîner, Blanche ! Faut qu’on décolle, maintenant ! Plus on reste sur place, plus on est vulnérables.
– Je me brosse les cheveux ! se rebella la blondinette.
– Ouais bah tu les brosseras plus tard, on voit pas la différence de toute façon !
Il ignora son expression vexée et alla houspiller Mitaine et Gaspard. Cornélia était déjà prête, et se doutait que si Blanche s'attachait et se détachait les cheveux depuis dix minutes, c'était surtout parce qu’elle avait peur. Peur de sortir à l’extérieur, de se confronter de nouveau aux archanges. Cornélia avait peur elle aussi. Elle était même terrifiée. Mais rester ici, c’était pire que tout.
Il faut qu’on bouge. Pas le choix.
Lorsqu’ils furent rassemblés dans l’entrée, Aaron enfila son énorme sac, qui transportait à lui tout seul une bonne partie de leurs réserves et de leurs couvertures. Son regard inflexible les survola.
– Il est où, Iroël ?
Tous haussèrent les épaules à l’unisson.
– Il a dit qu'il nous rejoindrait, hésita Cornélia.
Le changelin jura.
– Et merde. J'en ai marre de lui. (Sa voix baissa d’un ton.) De toute façon, il connaît l’endroit et les risques.
Il posa la main sur la poignée de porte.
– J’vous préviens, on a intérêt à être discrets. J’suis pas en état de vous sauver les miches une deuxième fois. Si on se fait repérer, on est morts.
Sur ces mots, il ouvrit la porte.
Tombant nez à nez avec un archange.
Sa silhouette leur apparut d’un coup, drapée d’une lumière écrasante qui se déversa dans la pièce.
Aaron lui claqua vite la porte au nez.
Le silence se fit. Ils étaient dans l’œil du cyclone et savaient tous que cela ne durerait qu’un bref instant. Ils fixaient Aaron, pétrifiés, les pieds collés au sol par la terreur ; la silhouette d’Orion venait de ressurgir brutalement dans leur mémoire. Elle y était inscrite en traits de feu. Aaron leur dit d’une voix très calme :
– On est dans la merde.
Une onde de sueur glacée coula dans le dos de Cornélia.
D’un seul coup, toutes les fenêtres de la maison explosèrent. Blanche hurla de tous ses poumons. Aaron l’attrapa et la plaqua contre un mur, le plus loin possible des vitres brisées.
– À couvert !
Gaspard se jeta au sol, emportant Mitaine avec lui. Beyaz recula dans le couloir, son arme déjà à l’épaule. Les deux autres roulèrent derrière le canapé. Cornélia resta stupidement immobile. La peur oblitérait toutes les pensées. Elle ne pouvait qu’observer les éclats de verre jaillir à travers le salon, fragmentant les rais du soleil.
Orion, répétait en boucle une petite voix en elle. Orion va vous tuer. Orion est là. Comment avez-vous pu imaginer lui échapper ? Il est plus fort que vous tous. Vous lui appartenez. Il ne vous laissera jamais partir. Jamais !
Une masse grouillante s’immisça par les fenêtres, voilant le soleil, obscurcissant la scène. Ce n’étaient pas des archanges. Ni des humains. Ni tout à fait des singes…
Des anges !
Cornélia les regarda se débattre pour faire passer leurs grands corps musculeux dans les encadrements des fenêtres, emportant des morceaux de plâtre avec eux. Leurs ailes gigantesques s’éraflaient sur le béton brisé, sur les morceaux de verre, étalant des traînées de sang sur les murs. Bientôt, ils furent une dizaine à ramper à l’intérieur, à quatre pattes comme des animaux, dans le bruissement frénétique de leurs ailes. Mitaine et Gaspard avaient disparu. Cachés derrière le canapé, eux aussi ? Les regards vides des anges se tournèrent vers Cornélia, plantée au beau milieu. L’une des créatures renifla l’air, puis s’approcha d’elle, sa figure grotesque affichant une parodie de sourire. Son odeur pestilentielle la heurta. Il sentait les fientes d’oiseau, la pourriture, la sueur et la viande avariée. Sa grosse main d’homme, aux ongles longs et fendus, se tendit vers elle.
– Brisez-leur tous les membres et amenez-les moi, jeta la voix de l’archange à l’extérieur. Qu’il n’en reste aucun dans cette maison !
Dans la pénombre près du mur, Cornélia vit luire les yeux de Blanche, exorbités par la terreur.
– Pouet est dehors, sanglotait-t-elle tout bas. Pouet est dehors avec lui !
Aaron bougea discrètement. Lorsque l’ange referma ses doigts sales sur le poignet de Cornélia, trois détonations éclatèrent comme des coups de tonnerre, ébranlant toute la maison. Dans le vrombissement de ses tympans, Cornélia vit l’ange s’effondrer, un trou écarlate à la tempe et deux autres sur la poitrine. Aaron fit un demi-pas de côté, visa de nouveau avec son Sig Sauer. Deux autres anges tressaillirent lorsque des balles leur traversèrent le milieu du crâne. Ils firent un pas de plus avant de s’écrouler.
– Qu’est-ce que vous attendez ? cria Aaron entre deux tirs. On se réveille, les gars !
Il avança à pas glissés, abattit deux autres anges, poussa Cornélia sur le côté.
– Toi, reste pas en plein milieu comme ça ! Mets ton masque, putain ! Rends-toi utile !
La porte d’entrée claqua violemment, faisant sauter ses gonds et ses charnières. La silhouette de l’archange apparut dans son écrin de lumière. Dans la tête de Cornélia, la terreur augmenta d’un cran. Elle prit toute la place, se débattit comme un animal sauvage en lacérant toutes ses autres pensées. La jeune femme ne put que se rouler en boule au pied du mur, le dos palpitant. Elle attendit les coups et les éclairs. Elle attendit la pointe de la lance qui viendrait s’abattre sur elle.
Faites qu'il ne m'ait pas vue, haleta-t-elle en son for intérieur. Faites qu'il ne m'ait pas vue…
Les tirs d’Aaron continuaient à faire vibrer la maison, fauchant les anges les uns après les autres. L’archange l’observait, pensif. Il n'avait pas l'air pressé. Du coin de l'œil, Cornélia distingua ses quatre visages – le lion, le bœuf, l’homme et l’aigle. Alors elle le reconnut. C’était celui qui venait parfois observer leurs entraînements dans la fosse, aux côtés d’Orion. Elle en était certaine.
– Tu es combatif, commenta-t-il. Mais seul contre ma meute, tu finiras par fatiguer.
– Si tu en as vingt, j’en tuerai vingt, articula Aaron à travers ses dents serrées. Et si tu en as quarante, j’en tuerai quarante !
Deux autres anges moururent, transpercés par les balles. Beyaz apparut soudain dans l’angle du couloir, pointant son fusil d’assaut vers l’archange. Avec une certaine nonchalance, celui-ci évita les trois balles qui lui étaient destinées. C’était comme s’il prévoyait la trajectoire de chaque tir. Ses yeux blancs semblèrent sourire.
– Votre instinct de survie vous leurre, comme tous les mortels. Vous ne pouvez pas envisager votre fin. Vous pensez toujours pouvoir lui échapper. Quels petits êtres surprenants…
Il se décala sur le côté pour laisser passer une volée de balles, disparaissant brièvement de l’encadrement. Sa voix songeuse résonna de nouveau :
– Nous pourrions vous disséquer pour trouver d’où vient cet instinct. Il doit y avoir une glande au fond de votre tête, quelque chose de mou et de répugnant, comme tout ce qui constitue les mortels. Je trouverai cette glande. (Les détonations couvrirent sa voix un instant.) Oui, je pourrais la trouver. Peut-être chez toi, le crocotta. Si tu sors vivant de cette maison, tu viendras avec moi.
Un hurlement de rage échappa à Aaron. Il pataugeait dans le sang des anges, qui maculait tout le salon à présent, et ses tirs de moins en moins précis s’enfonçaient dans le plâtre des murs et le bois des meubles, dessinant des pointillés meurtriers.
– Cornélia ! Blanche ! Mitaine !
Mais Blanche, comme Cornélia, avait glissé au sol. Ses yeux immenses, dévorés par la terreur, fixaient la scène sans rien voir. Ses bras et ses jambes étaient pressés contre elle, comme si les barreaux d’une cage invisible la maintenaient prisonnière. Et derrière le canapé, personne ne réagissait. Seul Beyaz était là. Cornélia le regarda user de son fusil avec une régularité de métronome. Debout dans le couloir, presque immobile, les épaules larges et les mains sûres, le soldat ressemblait à une antique statue. Une fureur noire brûlait au fond de ses yeux gris. Où trouvait-il la force de s’opposer à l’archange, à sa lumière ardente, à sa voix qui ressemblait tant à celle d’Orion ?
La silhouette d’Iroël apparut soudain derrière lui, puis celles des deux kitsunes ; Cornélia eut le temps de voir l'effroi sur leurs visages, juste avant que Beyaz ne les repousse au fond du couloir, à l’abri des tirs qui se déchaînaient.
– Restez à l’étage ! leur cria-t-il entre deux fusillades.
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