Réécriture 12 - Midas

13 minutes de lecture

Hello les filles ! Voici les derniers morceaux de réécriture ! (je vois enfin le bout, ouf !) Ils se déroulent pendant l'affrontement final entre Aegeus et Midas. La scène était trop facile, j'ai rajouté pas mal de rebondissements du côté de Cornélia et de Blanche. (et aussi Mitaine, la pauvre)

Je vais vous les mettre sous la forme de 2 gros morceaux, désolée ! Je prends toutes remarques utiles si vous avez le temps/ la motivation de les lire. (Dans tous les cas, j'attends aussi les retours de plusieurs bêta-lectrices en parallèle)

Bonne lecture à celles qui auront le courage :B

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Midas avait l’aura d’un roi antique. Sur ses larges épaules s’étaient perchées trois pies dorées qui semblaient faire partie intégrante de son corps. Sous l’éclat des soleils – Alsvinnr et Árvakr s’étaient remis à jouer et galoper dans le ciel –, sa haute couronne brillait de mille feux dans toutes les directions. À ses pieds rampait une masse infâme de serpents de cuivre, qu’il piétinait sans le moindre égard.

Et en face de lui se tenait Aegeus.

Devant Midas, il semblait plus jeune, plus petit de taille. Mais il était double : d’une main, il tenait une chaîne, et cette chaîne menait à une créature noirâtre et mouvante, qui était son reflet exact. Blanche plissa les paupières. Alors c’était ça, un doppelgänger… Fascinée, elle contempla l’étrange créature. Le squonk remua contre elle. Il devait se demander ce qu’elle attendait. Il fallait qu’elle fuie le plus loin possible, mais une curiosité mortelle la tenaillait. Elle contourna la scène sur la pointe des pieds et se dirigea vers une rue adjacente, mais avant de s'enfuir, elle se retourna une dernière fois.

Pile à l’instant où Aegeus lâchait la chaîne du doppelgänger.

Midas ne devait pas s’y attendre. Plusieurs mètres les séparaient encore. La créature grandit d’un coup ; sa chaîne se dévida derrière elle, fouetta l’eau de la Strate. Sa tête perdit ses traits bien dessinés, devint molle et fluide comme si elle hésitait sur sa nouvelle forme. Lentement, elle parut humer l’air, chercher une proie. Derrière elle, Aegeus recula jusqu’à rejoindre un grand miroir, dressé contre un trottoir. Blanche fronça les sourcils. Un miroir, à cet endroit ?

Les gardes de Midas se précipitèrent vers Aegeus ; les balles se mirent à siffler et à tonner. Les dents serrées, elle hésita un instant à aller lui prêter main-forte ; mais le squonk terrifié noua ses petites pattes autour de son cou.

Alors elle fit le choix de s’enfuir.

Survis, lança-t-elle à Aegeus. Je te déteste, mais tu dois survivre. Les nivées ont besoin de toi.

Elle tourna à l’angle de la rue.

Et maintenant, elles ont besoin de moi aussi.

Elle se remit à courir de toutes ses forces, soutenant d’une main le petit derrière du squonk.


***

Cornélia et Mitaine n’avaient parcouru que vingt mètres quand elles entendirent les coups de feu. Cornélia se figea sans vraiment le vouloir ; haletante, elle se retourna à demi vers l’avenue d’où elles sortaient.

– Aegeus… il a pas d’arme.

La dryade poussa un juron.

– Et alors ? Il a largement de quoi s’en tirer quand même, crois-moi !

– Le miroir, c’est pour se protéger du doppelgänger. Pas pour Midas ou ses soldats.

Un silence lourd tomba sur la ville, bientôt déchiré par un unique tir. Une mise à mort ? Le cœur de Cornélia se mit à battre à grands coups désordonnés. Avant d’avoir réfléchi à la stupidité de ses actes, elle fit demi-tour.

– Cornélia ! s’écria Mitaine derrière elle. Mais t’es complètement fada, toi ! Il nous a dit de partir !

Cornélia aurait voulu lui rappeler l’état de fatigue d’Aegeus, ses cernes bleuâtres, la toux qui lui déchirait les poumons ; elle aurait voulu lui crier que le convoi entier dépendait de lui. Elle n’en fit rien, majoritairement à cause du point de côté qui lui perçait le flanc gauche. La dryade la suivrait peut-être, ou pas. Peu importait. D’une main, Cornélia tâtonna sur son front et attrapa son masque de tzitzimitl.

– Punaise ! s’énerva la voix de Mitaine juste sur sa gauche. Je viens, mais c’est vraiment pour toi que je le fais ! J’m’inquiète pas du tout pour lui !

Une vague de soulagement monta en Cornélia. Elles étaient deux à courir droit vers le danger, faisant jaillir l’eau en gerbes de diamant sur leur passage. Des ailes de liberté et d’adrénaline se déployèrent dans le dos de Cornélia ; celles de la tzitzimitl qui s’apprêtait à libérer toute sa puissance et sa rage. Lorsqu’elle enfila son masque, elle continua sur son élan, bondissant sur quatre pattes sans même marquer l’arrêt. Mitaine vérifiait son chargeur à côté d’elle.

En débouchant près du miroir, elles prirent aussitôt conscience de la situation.

Le doppelgänger avait été lâché ; il tentait de s’approcher des soldats, qui restaient soigneusement à distance. La moitié d’entre eux formait un cercle autour de lui, le mitraillant de balles qui ne servaient strictement à rien – chaque petit trou se rebouchait aussitôt dans un ondoiement noirâtre – ; l’autre moitié avait encerclé Aegeus, près du miroir. Le chef du convoi était vif : il était parvenu à attraper l’un des hommes et s’en servait de bouclier. Mais ses collègues se fichaient de l’otage. Il le mitraillaient sans aucune hésitation. L’homme était presque mort et Aegeus portait la marque écarlate de deux balles dans son bras. Il ne tiendrait pas longtemps ainsi.

– Tu croyais pouvoir me vaincre ? se moqua Midas de sa voix de bronze. Allons, mon petit. Tu me connais trop bien pour te faire d’aussi fausses idées.

Aegeus découvrit les dents comme un fauve prêt à mordre. Le roi d’or fit un signe indolent à ses hommes.

– Je te garderai comme animal de compagnie. Le libre-arbitre ne te va pas aussi bien que je l’espérais ; un collier d’or et une chaîne te conviendront mieux.

Un sourire gourmand lui échappa.

– Comme au temps jadis…

Mitaine épaula Bibiche à cet instant. Sa première balle faucha net la gorge d’un boyard ; la deuxième se planta dans le torse d’un autre. Midas et ses soldats se tournèrent aussitôt vers elles.

Ou plutôt vers elle seule. Car Cornélia venait de disparaître hors de leur ligne de mire. Elle zigzagua vers eux telle un éclair mortel, sauta à la carotide du premier soldat qu’elle croisa ; le sang gicla dans un effluve ferreux qui lui donna faim. Elle laissa son corps s’affaler et bondit aussitôt sur un deuxième ; son cri de terreur résonna trop fort à ses tympans sensibles. Un instant plus tard, il était mort lui aussi.

– Barghest ! ordonna Aegeus d’une voix rauque. Tue !

Une silhouette cadavérique se hissa hors de son ombre et prit forme petit à petit ; lorsqu’elle passa à dix centimètres de Cornélia, son odeur de charogne la submergea. C’était le grand chien noir, couvert d’asticots, aux dents de rasoir. Sous la surprise, Cornélia resta immobile un instant de trop et sentit une balle lui frôler l’échine. Elle se jeta au sol, rampa et louvoya dans l’eau pour atteindre sa prochaine proie. Ensemble avec le chien noir, ils continuèrent leur œuvre de mort. Le barghest était aussi vif que la tzitzimitl, et absolument silencieux. Les cœurs des soldats battaient autour d’elle dans un vacarme de percussions paniquées ; c’était la débandade. L’odeur du sang emplissait l’air. Les tirs de Mitaine s’enchaînaient avec régularité ; du coin de l’œil, Cornélia voyait les corps s’effondrer. Le doppelgänger, libéré de la pression des boyards, toucha l’un des cadavres. Il l’effleura avec beaucoup de retenue, presque de la douceur. Puis il l’attira à lui et l’avala dans son corps sombre. Alors qu’elle abattait un autre soldat, Cornélia le vit prendre l’exact visage de cet homme qu’il venait d’absorber, jusqu’aux moindres détails de ses vêtements. C’était une copie d’une perfection surnaturelle.

Le cri soudain de Mitaine brisa la concentration de Cornélia. Celle-ci hésita un instant, sentit la brûlure d’une balle lui érafler la cuisse sur toute sa longueur. Son sang astral se mit à sourdre de la plaie. Elle esquiva le tir suivant presque sans y penser : il lui suffisait de fixer le regard du soldat et la direction de son arme pour aussitôt comprendre le point qu’il visait.

Mitaine !

Du regard, elle chercha la dryade. Elle la trouva vite : sa couleur verte ondoyait dans son champ de vision. Elle était tombée au sol, les mains pressées sur sa jambe, une expression d’intense souffrance sur son beau visage. Cornélia mit une seconde supplémentaire à comprendre ce qu’elle voyait : sa jambe gauche avait été quasiment arrachée.

– Encore ! ordonna l’un des derniers soldats. Plus qu’une ou deux !

Ils visaient la jambe de Mitaine. Leurs balles sifflèrent droit vers elle ; elle les évita en roulant sur le côté. Un instant plus tard, Cornélia avait réduit l’un des hommes à l’impuissance. Elle n’avait pas le temps de faire les choses proprement ; elle lui broya la main droite d’un coup de mâchoires.

Essaie de tirer sur mon amie, maintenant !

Livide de peur, le dernier survivant vida son chargeur dans sa direction, tuant mortellement son collègue au passage.

– Une tzitzimitl… Une tzitzimitl !

Mais plus aucun de ses collègues n’était là pour entendre ses cris. Cornélia s’aplatit au sol, se décala à droite et à gauche. Les balles sifflèrent tout autour d’elle, faisant gicler l’eau en gerbes circulaires. Puis elle prit son élan, franchit les trois mètres qui le séparaient de lui…

Et le vit mourir sur le coup, quasiment décapité par le barghest. Le chien d’ombre laissa le cadavre s’effondrer dans l’eau. En silence, il fixa la tzitzimitl des deux lueurs rouges qui brillaient dans ses orbites. Son effluve de chair avariée flottait autour d’eux. Un bref instant, Cornélia crut qu’il allait lui sauter à la gorge et la tuer aussi. Puis il dit :

Bien.

Il fit volte-face, courut vers Aegeus, plongea dans son ombre et disparut corps et âme. Ne laissant aucune trace derrière lui, mis à part des cadavres.

Cornélia, elle, fonça près de Mitaine en retirant son masque. Le sang qui lui empourprait la bouche lui parut soudain répugnant ; elle s’essuya vite puis passa un bras sous celui de Mitaine. La blessure à sa cuisse la lançait, mais elle n’avait pas le temps de s’en préoccuper. Son regard chercha celui d’Aegeus.

Je te laisse Midas, dit-elle d’un geste. Je crois qu’on t’a déjà bien aidé.

Le chef du convoi hocha la tête. Un sourire sardonique se déploya sur son visage, lui donnant presque l’air d’un reptile.

Merci, les filles. C’était du très beau boulot.

La sensation de fierté qui emplit Cornélia lui sembla presque indécente. Elle tâcha de se remémorer qu’elle avait tué des gens – mais cela ne lui fit absolument aucun effet. Avait-elle perdu toute son humanité ?

– Aegeus ! tonna Midas avec fureur.

Le doppelgänger faisait face au roi d’or. Il se remodelait déjà entièrement. Son corps prit un éclat lisse et dur, brillant comme du métal noir. Ses épaules s’élargirent, et une toge mouvante se déploya sur son torse. Bientôt, il atteignit la même taille que Midas. Celui-ci tendit une main vers la chaîne qui serpentait dans l’eau, mais ce geste provoqua la colère de la créature. Elle rugit de la même voix grave que Midas, expectorant un nuage de sécrétions noirâtres. Il ne recula pas.

– Ne te cache pas derrière ces misérables bêtes, Aegeus ! Tu crois encore pouvoir triompher de moi ?

Ces misérables bêtes. Il désignait le doppelgänger, mais aussi le barghest, Mitaine et Cornélia. Celle-ci se força à ignorer ses propos, soutenant Mitaine pour l’éloigner du champ de bataille plein de cadavres. La dryade pesait sur elle de tout son poids ; des larmes de sève brillaient sur ses joues.

– Ils savent… comment… immobiliser les dryades… haletait-elle.

Ses jambe gauche traînait dans l’eau, inerte ; elle ne tenait plus que par un seul tendon de bois tendre. Les soldats l’avaient tous mitraillée au même endroit, au-dessus du genou, de façon à l’amputer.

– Et puis merde !

Elle se laissa tomber par terre, saisit son couteau à cran d’arrêt et scia son dernier tendon en vomissant un torrent de pleurs et d’injures. Un effroi glacial inonda Cornélia. Elle regarda la jambe de Mitaine tomber au sol dans un bruit sourd. Le visage durci par la détermination, la dryade se hissa sur sa jambe restante, s’agrippa à Cornélia et se remit aussitôt à avancer.

– Ça va repousser, hein ? demanda Cornélia. Rassure-moi ?

– Encore heureux ! s’insurgea son amie en essuyant ses larmes. Allez, marche plus vite, gamine ! Tirons-nous d’ici !

Mais Cornélia, dans une dernière hésitation, se retourna vers la scène. Elle vit Midas s'emparer de la chaîne du doppelgänger et la tirer brusquement en arrière, avec une force telle que le monstre vacilla. Sa peau se rétracta par endroits, brûlée par le métal. Aegeus, lui, s’était caché derrière le grand miroir.

– Tu n'étais qu'un esclave, Aegeus ! rugit Midas. Qui t'a libéré ? Qui t'a donné des responsabilités ? Après tout ce que je t'ai donné, toutes les faveurs que je t'ai faites... tu oses mordre la main qui te nourrit ?

Son or remonta le long de la chaîne en un éclair, transformant les maillons les uns après les autres, jusqu'à contaminer le bras mou du doppelgänger.

– Tu finiras en cage, comme tous les traîtres de ta race !

Un instant, les deux matières luttèrent pour prendre le dessus. La peau du monstre vibrait et frémissait, lentement grignotée par la pellicule dorée. Sa main s'immobilisa, statufiée, puis son bras. Cornélia serra les dents. Et si le plan d'Aegeus échouait ? Que ferait Midas du convoi ? Allait-il tous les condamner à mort ? Ou les emprisonner à jamais comme il l’avait fait des chevaux mythiques ?

Le doppelgänger poussa un nouveau cri de rage avec la voix de Midas. Lui aussi luttait pour sa liberté et son intégrité. Comme Aegeus, comme eux tous. D'un coup, il se sépara de son bras. Coupé au niveau du coude, le morceau de statue rebondit par terre dans un éclat doré. Puis, avec un borborygme liquide, la créature grossit brusquement, avalant la peau de métal qui s'étirait sur son torse. L'or s'enfonça à l'intérieur, encore visible, recouvert par la noirceur de son épiderme. Un nouveau bras se forma à la place du moignon.

Puis elle fit un pas en avant et, de sa main large comme un battoir, elle attrapa Midas par la nuque et le ramena brutalement à elle.

Le roi d'or heurta son torse de ténèbres, y resta plaqué ; d’un geste tremblant d’effort, il posa ses deux mains bien à plat sur le doppelgänger et tenta de s’arracher à son étreinte. Dans le sillage de ses paumes, des flaques d'or s'étalaient sur le torse de son double, aussitôt digérées par une noirceur de pétrole.

Cornélia comprit aussitôt que c’était perdu d’avance. La force de la créature éclipsait la sienne.

– Cornélia ! gémit Mitaine. Faut vraiment y aller, là !

Mais Cornélia ne parvenait pas à bouger.

– Je te broierai, Aegeus ! rugit Midas. Je t'écorcherai, je ferai un tapis de ta maudite peau de reptile, et ensuite seulement je changerai en or ce qui restera de toi ! Cela t'apprendra la loyauté envers ton maître !

Aegeus sortit de l’ombre du miroir. Il Midas qui luttait en vain.

– Je ne te dois rien. Tu n'es pas mon maître, tu ne l'as jamais été. Tu n'es qu'un humain qui s'est pris trop longtemps pour un dieu, qui nous a tous brisés comme des jouets ! Regarde à présent qui se joue de toi et qui te brise !

Des jouets. Le cœur de Cornélia frappait violemment contre sa cage thoracique ; ses mots résonnaient si fort en elle qu'il lui sembla soudain voir Orion à la place de Midas. Elle se vit ramenée à cet instant terrible où ils avaient joué leur vie, enfermés dans la ménagerie obscure, debout face à leur bourreau. Cet instant où ils n'avaient rien à perdre, puisqu'Orion leur avait déjà tout arraché...

– Assez, chien !

Les mains de Midas furent lentement absorbées par le torse du doppelgänger, suivies de ses avant-bras ; mais il tentait encore de résister à l'emprise mortelle de la créature. Peut-être ne pensait-il pas pouvoir mourir. Peut-être était-ce impossible de concevoir sa propre disparition après avoir régné des millénaires…

TU FINIRAS EN CAGE, COMME TOUS LES TRAÎTRES DE TA RACE ! rugit le doppelgänger d'une voix de stentor.

Il le tenait toujours par la nuque. Centimètre après centimètre, Cornélia vit Midas se faire dévorer par l’obscurité. Des lianes de ténèbres grimpèrent sur ses épaules, des taches d’ombre se déployèrent sur sa peau d’or, ternissant sa brillance de statue. Midas subissait le sort qu’il avait fait subir à Moscou depuis des temps immémoriaux. Incapable de se débattre, ligoté par les tentacules d’ombre, il disparut sans un cri dans un dernier remous noir. Alors le doppelgänger grandit d’un bon mètre supplémentaire. Ses traits s’affinèrent et les détails mal dégrossis de sa toge se précisèrent pour créer un drapé d’une précision incroyable.

Il était devenu Midas.

Tous les serpents de cuivre, à ses pieds, furent gagnés par les ténèbres. Le doppelgänger se pencha vers eux, semblant presque curieux. Plusieurs têtes de vers se formèrent sur ses épaules, comme s’ils cherchaient à s’extirper de son corps. Mais ce n’étaient que de vagues reproductions. Un oiseau émergea de son torse, couvert de la même substance noire, comme un goéland mazouté ; Cornélia reconnut l’une des pies qui s’étaient trouvées sur les épaules de Midas, et qui comme lui avait été dévorée. Elle s’envola dans l’éclat noir de ses nouvelles ailes.

– Cornélia ! cria Mitaine.

Cornélia serra fort la dryade contre elle et se mit à fuir. Aegeus n’était déjà plus en vue. Quand avait-il disparu ? Pendant qu’elle observait l’affrontement morbide entre Midas et son sosie ? En tout cas, il ne les avait pas attendues.

Quel salopard !

Autour d’elles, Moscou commençait à perdre sa brillance. La ville se tachetait d’ombre. Mitaine sautillait du mieux qu’elle pouvait, lourdement appuyée sur Cornélia. Elles esquivèrent maladroitement un yurlungur qui rampait au sol ; touchées par les ténèbres, toutes ses écailles se ternissaient. Il avait été relié à Midas, et à présent, le doppelgänger utilisait ce lien pour se propager.

On est si lentes, gémit Cornélia en son for intérieur. C’est ma faute. On aurait dû s’enfuir bien avant

Bientôt, tout ce qui les entourait ne serait plus qu’un enfer noirâtre.

Faites qu’on s’en sorte…

Elle fixa son regard sur l’horizon, là où le convoi les attendait. C’était désespérément loin.

Allez Mitaine ! On va y arriver !

Mais elle n’y croyait déjà plus.

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