Chapitre 4 : Percer le mystère

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Adam et ses parents arrivèrent tout devant, face au cercueil de Bastien, son frère. Une photo de ce dernier ornait le bois lustré et couvert de fleurs. L’adieu au mien aurait lieu l’après-midi. Deux cérémonies funéraires le même jour, ça faisait beaucoup pour le commun des mortels. Dans notre jargon de quartier, on appelait ça une journée de merde.

À côté de la longue boîte où gisait le corps de leur enfant décédé, les parents d’Adam aidèrent leur fils handicapé à s’installer. Il était vivant mais très mal en point. Ce fût long, pénible, interminable. Il avait l’air de souffrir à chaque mouvement.

Enfin assis, son père et sa mère l’entourèrent, veillant sur leur progéniture restante comme deux chiens de garde faisant le guet. Ils semblaient défier la mort de revenir à nouveau. La faucheuse leur en avait déjà volé un. Ils ne comptaient pas lui offrir le dernier.

Repasse plus tard, connasse, on a déjà donné, paraissaient-ils clamer silencieusement.

Adam était comme moi maintenant, enfant unique, à la différence que lui n’était clairement plus un enfant. Sa barbe mal rasée pouvait en attester et me rappelait qu’il était un homme, majeur et vacciné.

Cela m’intimidait mais pas autant que cela m’intriguait. Tout, chez Adam Bellaji, m’intriguait.

De ma place du troisième rang, je jetai des coups d’œil furtifs dans sa direction. Il ne bronchait pas, ne bougeait pas d’un iota, figé. Son air absent m’interpellait. On avait tous perdu quelque chose, mais lui y avait laissé davantage, en dehors de sa santé.

Une partie de son âme ?

Je m’imaginai qu’il se voyait encore avec eux ce soir-là, juste avant l’accident. Qu’il revivait leurs derniers instants ensemble, leurs derniers instants vivants. Je l’enviais d’avoir partagé ces ultimes moments avec eux. Je m’interrogeais sur les derniers mots de mon frère. Ma mère m’avait dit que les deux plus jeunes avaient été tués sur le coup. Mais seul Adam pouvait le savoir. Lui seul avait été avec eux lorsqu’ils avaient expiré leur dernier souffle, lorsque leur cœur s’était arrêté de battre. Peut-être savait-il quelque chose que nous ignorions.

J’avais cet espoir fou qu’un jour Adam me révèlerait quelque chose qui me permettrait d’accepter cette mort si injuste qui venait de nous briser. Peut-être un secret qu’il ne confierait qu’à moi, et uniquement pour en être soulagé. Avait-il été visité par le spectre des anges venus chercher les mourants dans la voiture accidentée ? Avait-il reçu un message de l’au-delà en les sentant partir. Savait-il pourquoi tout cela était advenu ? Peut-être connaissait-il la vraie raison de cette affreuse destinée ?

L’avait-on éclairé au sujet de ce mystère ?

Si seulement je pouvais comprendre...

Si seulement il pouvait me dire...

Il pourrait avoir confiance, je promettrai de ne jamais le répéter. Cela resterait entre nous.

Juste entre nous deux.

Ô Adam, dis-moi tout ce que tu caches en toi depuis cette nuit-là.


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