Chapitre 16 : La soirée dommage
Maxime abandonna ses fringues dans le salon et, dès que le chrono s’enclencha, partit en caleçon et baskets chercher ce qu’Adam lui avait demandé. Lorsqu’il revint dans les temps avec le paquet de chips, il fût acclamé par les hourras de l’assistance bourrée.
Il se rhabilla, frigorifié, et fît tourner la bouteille à son tour. Celle-ci désigna Sandra, la meilleure amie de Sonia.
— Sandra, action ou vérité ? demanda Maxime.
— Vérité.
— Quel est le dernier mec avec qui tu as couché ?
— Seb ! affirma-t-elle sans sourciller. Paix à son âme. C’était la veille de l’accident.
— Même pas vrai, s’écria une autre fille, pas mal éméchée. C’est moi sa dernière meuf.
Tout le monde se regardait, pressentant que l’affaire allait partir en sucette. Les trois sœurs de Sonia rechargèrent la table en boissons et amuse-gueule, comme si de rien n’était. La playlist de l’horreur, qui avait relayé le diaporama de l’angoisse, choisit ce moment pour s’arrêter. Un ange passa dans le grand salon tandis que les deux adolescentes se toisaient.
— T’as dit quoi ? s’indigna Sandra. N’importe quoi, espèce de morue, retire ce que tu viens de dire.
La morue en question s’appelait Anne-Cécile mais tout le monde l’appelait Cécé.
— C’est bon les filles, du calme, intervint Xavier.
Il était le second meilleur ami d’Adam et était connu pour son caractère placide. Cela ne me surprit guère qu’il essaie de temporiser une situation qui, l’alcool aidant, était sur le point de dégénérer. Personnellement, je trouvai cela ridicule à souhait. Deux filles se crêpaient le chignon pour obtenir l’amour posthume de mon frère décédé. Pathétique.
— J’ai été sa dernière meuf, assura Sandra en relevant le buste. On se voyait en scred.
— T’as aucune preuve de ce que tu avances et Seb est mort, alors personne ne te croit ici. Un gage pour avoir menti.
— On n’a qu’à demander à sa sœur de nous départager, répliqua Sandra qui ne voulait pas lâcher le morceau.
Sa sœur... Moi ?
Ma respiration se coupa. Sandra se tourna vers moi et m’apostropha d’un doigt accusateur :
— Toi qui vivais avec Seb, dis-nous laquelle était son officielle !
Tous les yeux se braquèrent sur moi. J’étais horrifiée.
En réalité, aucune des deux présentes ce soir n’avait ses faveurs, je le savais. Aux dernières nouvelles, Seb s’était épris d’une fille de sa classe mais ses sentiments n’avaient pas été réciproques. Les deux chipies qui revendiquaient les attentions de mon frère avaient assisté à ses funérailles, mais je les avais à peine remarqué tant elles étaient placées loin de nous. C’est dire le peu d’importance que nous leur accordions. Qu’elles aient l’une et l’autre couché avec mon frère était probable mais ni l’une ni l’autre n’avait été désignée chez nous comme sa petite amie.
L’assistance était suspendue à mes lèvres. Je sentis la panique me gagner. J’avais la bouche sèche et pâteuse à l’idée de parler. Mes lèvres semblaient collées l’une à l’autre par le jus de fruit que j’avais ingurgité.
— Alors, Anna ! reprit Sandra, folle de rage. Tu la craches ta Valda !?
— Oh, mais qu’est-ce qui te prends ? gueula Adam. Tu lui parle pas comme ça !
Adam était ainsi, toujours là où on ne l’attendait pas.
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