Chapitre 15 : La soirée ratage
Tout le monde acquiesça, renchérissant que ce jeu n’était autorisé que pour les plus de quatorze ans. Âge canonique que j’allais atteindre dans un mois et demi. Je me gardai bien de le préciser tant le regard noir qu’Adam dardait sur moi m’empêcha de protester.
Je ne comprenais pas pourquoi il me faisait ça alors qu’il avait débarqué la fleur au fusil avec sa dernière poule, pour laquelle il semblait avoir autant d’intérêt que pour une vieille paire de chaussettes trouées.
Elle était à son bras depuis leur arrivée mais personne ne connaissait son prénom.
Je la surnommai la godiche parce qu’elle n’ouvrait presque pas la bouche et faisait office de plante verte. J’avais l’impression qu’Adam avait ramené un objet de décoration dont il se contrefichait éperdument. Elle était aussi transparente qu’un panneau en plexiglas, aussi souriante qu’une dame de la préfecture à seize heures trente et ses fringues lui donnait un air d’escorte girl bas de gamme. Adam avait la réputation de sauter sur tout ce qui bougeait mais là, il nous avait ramené de la came de mauvaise qualité. Était-ce ses anti-douleurs qui avaient amoindri son jugement ? Elle avait des atouts physiques indéniables mais sa conversation était aussi lénifiante que son regard bovin. Et l’unique rire qu’elle émit lorsqu’Adam m’interdit de jouer me fit penser à celui d’une hyène hystérique.
Avec tout ça, je ne parvins même pas à être jalouse d’elle. Elle l’avait peut-être dans son lit pour le moment, mais dès qu’il sortirait de sa convalescence et reprendrait ses esprits, Adam chercherait sûrement autre chose que du premier prix. À la place, j’étais convaincue qu’il opterait pour du premier choix. Je considérai que j’en étais et qu’il me fallait juste me rappeler à son bon souvenir au bon moment, pour qu’il ne m’oublie pas. Je n’allais pas laisser cette pintade au rire de crécelle anéantir mes rêves et rompre la promesse que je m’étais faite.
En attendant cette époque bénie où j’attirerai Adam dans mes filets, le jeu commença, et je me mis à l’écart pour observer ceux qui avaient le droit d’en être. C’est-à-dire tout le monde, sauf moi, comme Adam l’avait décrété.
On mit une bouteille sur le sol et le premier qui la fit tourner fût Adam, évidemment. La bouteille s’arrêta sur Maxime, un de ses deux meilleurs amis. Adam demanda :
— Action ou vérité, tête de gland ?
— Vérité, face de rat.
— Ta première fois, où, quand, comment ?
— Ta mère, la semaine dernière, sur le capot de ta bagnole.
Toute l’assemblée partit d’un grand fou rire, y compris Adam qui avait l’habitude de ce genre d’humour grivois avec ses deux meilleurs potes.
— Un gage ! hurlèrent plusieurs personnes d’humeur enfin joyeuse.
— Ok, un gage pour Max, décréta Adam, hilare. Pour ta peine, espèce de gros pervers dégueulasse, sors dehors en calbute et cours chez mes parents demander un paquet de chips à ma mère. T’as trois minutes top chrono pour y arriver. Si tu reviens bredouille, t’auras une mission encore plus chargée.
Maxime joua le jeu et se déshabilla. Je ne perdis pas une miette de ce striptease improvisé. Tout footeux qu’il était, il était super gaulé et ses abdominaux saillaient sous son torse glabre. Adam remarqua mon regard baladeur et me fustigea de ses yeux noirs.
Qu’il était gonflé celui-là à me surveiller comme un garde-chiourme ! Est-ce que je lui disais quelque chose alors que sa pouffe glissait ouvertement sa main sur la braguette de son jean ?
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