Chapitre 47 : La petite sœur

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Adam commanda un Uber et me raccompagna chez moi, gentleman. Je refusai au début, prétextant pouvoir me débrouiller seule, mais il me rappela qu’il devait récupérer son double de clefs chez ses parents. Il allait au quartier de toute façon. Ce maudit quartier avec ses lois à la con.

Le trajet fût court et silencieux. Je n’avais plus rien à dire. J’étais encore trop bouleversée par ces dernières heures pour ajouter quoi que ce soit. Il demanda au conducteur de se garer un pâté de maisons avant nos habitations. Je savais pourquoi. Pour ne pas faire jaser. Adam, le frère de Bastien, marchant côte à côte avec la sœur de Seb ? Oulala...

Il paya la course et me demanda de le suivre d’un geste de la tête, tout en marchant très à l’écart de moi.

Nous arrivâmes au croisement où nos chemins se séparaient pour rejoindre nos maisons.

— Merci de m’avoir sauvée hier soir et de m’avoir offert un toit pour la nuit.

Ainsi que des remontrances acides et des conseils à deux balles.

— Je t’en prie. Tiens, prends ça.

Il me tendit une boîte carrée, qu’il sortit de son sac à dos.

— Qu’est-ce que c’est ? demandai-je en attrapant l’emballage en carton.

— Mon ancien téléphone. Tu as perdu le tien hier soir et tes parents ne pourront peut-être pas t’en racheter un de suite.

— C’est gentil, mais je ne peux pas accepter.

— Je ne l’utilise plus, c’est bon, il ne va pas me manquer. Je préfère que tu l’aies.... en cas de nouveau problème.

— Je ne compte pas me faire agresser tous les quatre matins.

— J’aimerais autant, effectivement. Alors ne passe plus par le bois désormais. Même l’été, il est malfamé. J’y ai déjà vu des tox se piquer à la vue de tous. C’est franchement un lieu à éviter.

Je lui fis remarquer qu’il y passait bien, lui. Ce à quoi il répliqua qu’il était un homme et que c’était différent. Évidemment, tout était différent quand on était un homme. Cette vision archaïque me faisait gerber. Je lui rendis la boîte, incapable d’accepter un tel présent. Il rouspéta en m’enjoignant de ne pas faire de manières et ajouta qu’il n’en avait pas besoin, car le sien était tout neuf.

— Laisse-moi faire ça pour toi, pour t’aider.

— M’aider ? Pourquoi voudrais-tu m’aider ?

— Tu n’as plus personne pour veiller sur toi. Les grands frères servent à ça. Alors, puisque je n’ai plus de petit frère à protéger, et que tu as perdu ton grand frère, je te considère comme ma petite sœur désormais.

Voilà la pire phrase de toutes les phrases prononcées par cet imbécile. Après m’avoir tiré dessus à balles réelles, il s’ingéniait désormais à me planter des flèches dans le cœur.

Sa petite sœur ? Really ? C'était comme ça qu’il me voyait !? Moi qui pensais être au moins une amie, ce qui me laissait espérer pouvoir quitter ce statut pour celui de petite amie, un jour. La barrière était poreuse et facilement franchissable. Mais sur l’échelle de la vie sexuelle des humains, j’avais été redescendue à l’échelon le plus bas. Une sœur était l’équivalent d’un intouchable pour la société indienne. Indésirable, pas aimable et surtout, surtout, imbaisable. À moins d’être complètement tordu, personne ne voulait se taper sa sœur !

La chute était violente et radicale. Il m’avait poignardée en plein cœur et sans aucune arme. La souffrance me tailladait la peau, entaillant mes chairs déjà à vifs. À côté de cette déclaration sournoise, la douleur de mes blessures physiques faisait bien pâle figure. Elle en devenait presque supportable, agréable même.

Depuis que je le connaissais, il n’arrêtait pas de me faire mal tout en m’assurant vouloir mon bien. Ce mec était un monstre. Ne voyait-il donc pas les souffrances qu’il m’infligeait ?

— Si tu as besoin, fais-moi signe. Communique-moi ton numéro dès que tu as mis une nouvelle carte SIM. Je l’enregistrerai dans mes favoris. Et, en cas de problème, appelle-moi.

Dans. Tes. Rêves.

Objectif suivant : me sevrer d’Adam.

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