Chapitre 66 : La chute
Il me caressa le bras pour me faire émerger de ma trop courte nuit. Le soleil se levait et ses rayons éclairaient la grotte de nuances roses et orangées. Un dégradé de couleurs chatoyantes se peignait sous nos yeux ébahis. Les teintes chamarrées du ciel étaient vibrantes, lumineuses, intenses. À titre de comparaison, elles me faisaient penser aux moments passionnés qu’Adam et moi avions vécu cette nuit.
C’était incroyablement beau.
Nous regardions le spectacle en silence, le cœur gonflé de gratitude de pouvoir assister à pareille splendeur. Sans la musique dans nos oreilles, nous parvenait le bruit apaisant du ressac de la mer. L’ambiance était magique.
Bercée par cette atmosphère merveilleuse, j’avais envie de lui avouer mes sentiments pour lui. D’autant qu’après cette folle nuit, ils étaient plus forts que jamais. J’avais mal au ventre à force de l’aimer. J’étais dévorée d’amour et de désir. Je voulais reprendre nos ébats là où nous les avions laissés la veille mais je profitai encore un peu du grandiose de ce magnifique moment présent.
Dans la lumière du jour naissant, il me confia que mes yeux n’avaient jamais été aussi beaux. Que le vert d’eau de mes iris était sublimé par ce superbe lever de soleil orangé. Je le croyais. Je voyais ma peau blanche devenir cannelle et la sienne, plus brune de nature, se parer de couleurs ambrées. L’instant nous sublimait.
Lorsque le soleil fût complètement levé, il nous versa à chacun une tasse de café encore fumant. Le thermos avait conservé la chaleur et ce fût un délice de tremper mes lèvres dedans. Il sortit de son sac des madeleines pour le petit déjeuner. Il avait pensé à tout et j’en fût vraiment touchée. Moi qui imaginais les hommes égoïstes, Adam me prouvait le contraire par toutes ces petites attentions.
J’étais dans ses bras, réchauffée par son corps et le café, nourrie par sa bienveillance et ses madeleines, sous le charme de la beauté du paysage et celle de son visage. Je me sentais chanceuse et bénie de vivre quelque chose d’aussi romantique. J’étais avec l’homme de mes rêves, celui que j’avais désigné pour être le premier, presque trois ans auparavant.
Entre temps, nous avions changé tous les deux. D’adolescent sportif à la réputation sulfureuse, Adam s’était transformé en jeune homme responsable et attentionné. De mon côté, la jeune fille en fleur de treize ans que je fus, avait quitté sa chrysalide pour apparaître sous un jour nouveau. Mes courbes étaient plus appétissantes et mon visage, mieux dessiné. Je n’avais plus mes joues de bébé, ni ma puérile façon de penser. Les rondeurs de l’enfance avaient laissé place aux formes de la femme et mon corps harmonieux se moulait élégamment à celui d’Adam.
Au milieu de cet état de grâce offert par la nature, nous étions nous-même absolument divins. Nos deux êtres semblaient communier en toute simplicité, au même titre que nos corps s’assemblaient à la perfection. Tout s’accordait à merveille dans cette parenthèse enchantée. Il n’y avait pas une note dissonante dans ce tableau idyllique.
Jusqu’à ce qu’il ouvrît la bouche pour m’annoncer qu’il partait un an en Amérique Latine.
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