Chapitre 74 : Jaloux
Xavier était gentil mais extrêmement timide. Je comprenais pourquoi il n’avait jamais eu énormément de succès avec la gent féminine. Cela dit, il était intéressant et converser avec lui n’était pas déplaisant. Ça me changeait d’Adam le taiseux.
Comme je n’arrêtais pas de passer ma langue sur mes lèvres pour lui donner envie de se rapprocher, il dû enfin percuter qu’il avait une chance de poser les siennes dessus car il s’avança et m’embrassa enfin.
Ce n’était... pas Adam du tout ! Mou, gluant, et son haleine était... pouah ! Il avait mangé un rat crevé ou quoi ? Je me dégageai, horrifiée. J’essayai de reprendre une allure normale et d’effacer ma mine dégoûtée mais il vit bien mon malaise et s’en excusa.
— Désolé, je me suis un peu précipité. Je sais que tu n’es pas une fille qui sort beaucoup et que tu n’as pas l’habitude de ce genre de choses.
Nan mais vas-y, traite-moi de pucelle, Xavier, te gêne pas !
— Ah oui ? repris-je en tentant de paraître le plus détaché possible. Mais je suis quel genre de fille alors ?
— Le genre intello. C’est comme ça que te surnommait ton frère. Il disait que tu étais une tête.
Je ris à ce souvenir. Effectivement, Seb avait tendance à dire ça de moi, je l’avais presque oublié. J’étais reconnaissante à Xavier de me le rappeler. Cela me le rendit plus sympathique en dépit de son horrible façon d’embrasser.
Malheureusement pour moi, Xavier interpréta mal cette nouvelle connivence entre nous. Probablement ragaillardi à l’idée d’avoir gagné des points, il en profita pour reprendre ma bouche. Cette fois, je n’avais rien fait pour l’y inciter et cela me déplut encore plus que la première fois. Cette intrusion me donna envie de bondir. Je détachai mon corps du sien, mais sa main maintenait ma nuque. Alors que j’essayais de reculer, sans succès, je sentis soudain un grand vide devant moi. Xavier avait disparu de mon champ de vision, expulsé violemment contre le garde-corps qui entourait la terrasse.
Je reconnus aussitôt celui venait de me libérer de son emprise.
Adam, évidemment.
Ce ne serait que la troisième fois.
— Ben, qu’est-ce qui te prends, Adam ? beugla mon galant mal intentionné.
— T’es bouché ou quoi ? Tu vois pas qu’elle en a pas envie ?
— Tu déconnes ! On était tranquillement en train de discuter et tu débarques comme ça, mais on ne t’a rien demandé. Si t’es revenu de ton trou paumé pour nous faire chier, tu peux retourner boire tes margaritas en portant un sombrero, on n’a pas besoin de toi ici.
Xavier lui tourna le dos, énervé, se concentrant sur moi. À son élocution difficile et à son attitude vacillante, je réalisai qu’il avait beaucoup bu. Je ne m’en étais pas aperçue jusque-là et comprenais désormais d’où lui était venue son attitude soudainement offensive et désinhibée. Comme il ne voulait pas s’en prendre à son meilleur ami, Adam m’attrapa par le bras et me conduisit derrière la salle des fêtes, près du local poubelle. Le souvenir de mon agression dans le bois me revint à l’esprit et je fis demi-tour pour retourner à l’intérieur.
— Anna, reste ici, j’ai à te parler.
— Pas près du local poubelle. Tu sais très bien pourquoi.
Il comprit sans que j’eusse besoin d’ajouter quoi que ce soit.
— Ok, suis-moi.
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