Chapitre 79 : L'astucieuse idée

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J’abandonnai Adam à ses invités et partit rejoindre Mathilde qui devait commencer à se demander ce que je tramais avec mon bel hidalgo, redevenu français depuis son atterrissage récent sur le sol de notre beau pays.

Quand j’alpaguai ma meilleure amie par la manche, l’alertant ainsi de mon retour, elle afficha un visage surpris :

— Ben, t’es encore là, toi ?

— Où veux-tu que je sois ?

— Partie avec Adam, évidemment. Xavier à raconter à Maxime ce que s’était passé sur la terrasse. Maxime est venu me demander ce qui se passait entre vous.

— Tu lui as répondu quoi ?

— D’abord, de se mêler de ses oignons, non mais. Ensuite, que vous étiez sûrement en train de préparer une cérémonie en hommage à vos frangins.

À ces mots, la vision de la fameuse soirée carnage de Sonia me revint en mémoire, avec son malaise croissant, à l’origine du taux d’alcoolémie exponentiel chez chacun de ses participants. Sauf moi, évidemment, sur ordre d’Adam, qui avait mis son veto sur ma consommation de spiritueux. À raison, cela dit. Sa prévenance m’avait exaspérée à l’époque mais je comprenais aujourd’hui combien il avait essayé, durant toutes ces années, de veiller sur moi. Je lui en étais reconnaissante à présent. Il faudrait que je pense à le remercier.

Mathilde me souriait de toutes ses dents blanches, heureuse de sa trouvaille. J’avoue qu’elle était bluffante par moments, à réussir à pondre des prétextes fallacieux aussi efficaces qu’ingénieux. Cette nana était une excellente aide pour trouver toutes sortes de couverture ! Avec un tel talent, une carrière dans l’espionnage s’ouvrait grand devant elle.

— Mais, reprend Mathilde avec un ton de conspiratrice, je suis sûre que votre discussion n’avait rien à voir avec ça.

Elle ajouta un clin d’œil aussi discret qu’un bouton d’acné sur le front d’un adolescent... Finalement, sa carrière était déjà compromise...

— Il m’avait laissé une adresse, confiai-je encore dépitée.

Je n’avais toujours pas digéré l’info. Dieu sait ce qui se serait passé si je n’avais pas été aussi sotte pour ne pas vérifier l’autre face du mot manuscrit !

— Une adresse de quoi ?

— Pour lui écrire. Là-bas.

— Sérieux ? Et ?

Ses yeux très maquillés me dévisageaient ouvertement, animés d’une curiosité exacerbée. J’hésitai à lui avouer le reste de notre discussion... Puis, m’en ouvrai, un peu gênée :

— Il veut que je vienne chez lui ce soir.

— Oh oh ! Tu vas y aller ?

— Je ne peux pas. Ce n’était pas prévu.

— Je vois. Tu te dégonfles maintenant.

— N’importe quoi.

— Bien sûr que si. Il t’invite, ça veut dire que son pacte ne l’empêche plus de rien, c’est fini ce temps-là. Tu sais que tu vas passer à la casserole, et ça te fout les jetons.

— Je lui ai menti pendant tellement d’années... Il va bien se rendre compte que je n’ai jamais rien fait. Si je saigne et tout...

— Dis-lui la vérité !

— Mais je ne peux pas !

— Pourquoi pas ?

Ne devinait-elle pas l’évidence ? Je lui expliquai mes craintes. J’étais persuadée que s’il découvrait que je lui avais menti, il me mettrait à la porte, super en colère et vexé.

— Peut-être pas, rétorqua-t-elle.

— Je ne peux pas prendre le risque.

— Ben, je ne comprends pas... Tu es vierge, tu veux qu’il soit le premier... T’as plus le choix, là... Y’a pas d’autres solutions que d’inventer un autre mytho... Un de plus, tu me diras, tu n’es plus à ça près, ricana-t-elle comme un hyène maléfique. Au pire, après l’acte, dis-lui que tes règles ont débarqué...

L’idée me sembla d’abord farfelue... Puis retint toute mon attention. Bon, je n’aimais pas le fait de continuer à le mener en bateau et de voguer sur l’océan de mensonges que j’avais déjà accumulés mais... au moins, ça se tenait !

Eurêka ! Voilà qui était une super excuse, en réalité. J’allais encore lui monter un char, certes, mais celui-là serait le dernier. Adam n’y verrait que du feu et à moi la nuit magique sans avoir besoin de révéler mon énorme secret. Qu’elle était brillante Mathilde, quand même ! Pourquoi n’y avais-je pas pensé plus tôt ?

Il ne me restait plus qu’un dernier obstacle avant de céder à l’indécente proposition d’Adam : convaincre ma mère de me laisser découcher...

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