Chapitre 88 : l’aveu
Voyant qu’il me faisait mal en me pénétrant, il arrêta tout. Je n’avais pas pu m’empêcher de grimacer tant l’impression qu’il voulait forcer un passage m’avait été désagréable. J’étais désormais tendue à l’idée qu’il continue et que je souffre à nouveau de cette intrusion pourtant désirée et réclamée. J’avais entendu dire que la première fois pouvait être douloureuse mais je ne m’étais pas attendue à cette sensation de barrière insurmontable. Il avait beau y être allé en douceur, ça coinçait en bas. Et vu comme j’étais crispée, cela n’allait pas s’arranger.
Il se dégagea légèrement de moi et me fixa dans les yeux. Son regard noisette était éclairé par la faible lueur des bougies vacillantes qui dégageaient toujours une agréable senteur vanillée. Mon visage devait être indéchiffrable car il avait l’air interrogateur, se demandant probablement le pourquoi du comment de cette soudaine tension en moi.
— Tu as eu mal ? questionna-t-il tout bas.
— Je... oui... un peu... désolée.
— Ne t’excuse pas. J’ai été trop rapide ?
— Non, non... je ne sais pas. Je dois être stressée.
Mon regard était fuyant tandis que le sien me sondait. Ça pour m’observer, il me passait au crible à présent. Des lasers auraient été moins efficaces que ses pupilles dilatées.
— Anna... parle-moi. Un truc te tracasse, je le sens.
Je ne pouvais plus reculer et m’enliser encore dans ma connerie. Si je gardais la vérité pour moi, j’entrevoyais que j’allai le payer cher. Rongée par la culpabilité d’avoir profané sa confiance avec mon mensonge éhonté, je me résignai. Mon souffle devint erratique. Mon cœur battait à tout rompre à l’idée de lui révéler mon lourd secret. L’âme en peine, je me lançai :
— Adam... je t’ai menti...
— À quel sujet ? souffla-t-il en arborant un visage inquiet.
— Je... je ne l’ai jamais fait.
— Tu n’as jamais fait quoi ?
— Ça.
Il resta quelques instants sans comprendre. Cela faisait des années que je lui avais dit que je n’étais plus vierge alors forcément il avait cultivé cette croyance pendant tout ce temps. Je voyais qu’il avait du mal à replacer mes propos dans le contexte. Après quelques dizaines de secondes, la lumière se fit dans son esprit. Je le compris à ses sourcils bruns et épais se rapprochant en leur centre, très froncés. Il était clairement... fâché. J’allais probablement me faire engueuler comme du poisson pourri. Je serrai les dents, m’attendant à présent à recevoir la volée de bois vert que j’avais amplement mérité.
— Anna... tu n’es pas sérieuse ? gronda-t-il.
Il avait beau parlé doucement, son ton de reproche était palpable. Et tandis qu’il attendait la réponse, il se dégagea sur le côté. Son intimité était planquée sous lui et je me retrouvai les cuisses écartées, une légère douleur entre les jambes.
Terminée la première fois.
Je me mis de côté, gênée de la distance qu’il avait instaurée entre nous.
— Je suis désolée de t’avoir menti mais...
— Tu voulais m’entourlouper, soupira-t-il. Tout ça pour arriver à tes fins.
— Adam...
— Tu es vierge ? reprit-il outré.
De toute évidence, il espérait avoir mal compris, ou mal entendu. Le pauvre était dans le déni et chaque mot que j’allais prononcer ne ferait que le contrarier davantage. Je connaissais son point de vue. Il me l’avait clairement exprimé : jamais il ne serait le premier d’aucune fille. Plutôt crever, avait-il dit. Ce n’était pas une responsabilité qu’il voulait assumer.
Je commençai à paniquer.
— Adam, je t’en prie, ne t’énerve pas.
— Pourquoi m’avoir menti ?
— Tu le sais très bien.
— Non, là je ne comprends pas, désolé.
Malgré son ton courroucé, il parlait à voix basse et ma peur s’apaisa. Pour le moment, il réagissait mieux que je ne m’y étais attendue, étant donné qu’il était encore dans la même pièce que moi. D’une voix aussi calme que possible, je m’expliquai :
— Je voulais te convaincre de dormir avec moi après mon agression et comme tu refusais de peur que j’en pince encore pour toi, j’ai dit ça pour te rassurer.
— Mais depuis, tu aurais pu revenir sur tes propos à maintes occasions et me dire la vérité. Tout à l’heure encore, dans la voiture, on en a parlé ! Pourquoi ne me l’as-tu pas avoué à ce moment-là ?
— J’avais peur que tu n’aies plus confiance en moi.
— Eh bien, c’était bien anticipé, car c’est effectivement le cas.
Il était toujours allongé complètement nu mais je sentais que son désir était en train de se barrer. Son attitude devenait de plus en plus froide malgré notre proximité. Il avait beau être encore là, à côté de moi, dans une position plus que compromettante, il n’avait clairement plus envie de se compromettre.
Il commença à s’éloigner en se relevant sur les avant-bras. J’avais peur qu’il prenne la porte. Je le retins :
— Adam, je t’en prie, ne fais pas ça.
— Oui, justement, je ne compte plus le faire, sois-en sûre.
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