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Le samedi matin était le jour de la brocante. Cependant, pour la première fois, je choisis plutôt d'aller faire un tour au centre commercial avec ma mère.

Le bar à glaces était l'endroit que je préférais. C'était ainsi depuis aussi longtemps que je pouvais m'en souvenir. Ma mère partait faire le tour des boutiques tandis que je l'attendais dans le haut de la galerie, bien installée avec une crème glacée fraise-vanille en été ou un chocolat chaud en hiver.

Cette fois-ci ne fit pas exception. Je rassurai ma mère en lui disant que je me sentais beaucoup mieux et qu'elle pouvait aller s'amuser. Je montai ensuite à mon point d'observation et sortis mon carnet.

Je commençai par dessiner les trampolines et les enfants qui y jouaient. Je trempai mes lèvres dans le chocolat. Il était délicieux comme à chaque fois. Peu à peu, des silhouettes firent leur apparition sur ma page blanche. Il y avait les clients du restaurant un étage plus bas, la famille bruyante sur l'escalator, une jeune mère avec sa poussette.

La galerie était noire de monde. Les fêtes approchaient et chacun faisait de nombreux achats. Je pris une nouvelle gorgée de chocolat. Ma tasse vide, c'était le moment d'aller retrouver ma mère.

En sortant l'argent pour payer, ma main rencontra un petit morceau de carton au fond de mon sac. Je lus « Arcadya librairie » sur la simple carte blanche. D'après l'adresse, la librairie se trouvait au sous-sol de cette galerie.

L’ascenseur me permit de descendre au niveau moins un. Je n'avais jamais mis les pieds à cet étage du centre commercial. Il y avait là un grand magasin d'alimentation et l'accès au parking. Mais aucune librairie en vue…

Je fis le tour de l'endroit avant de m'asseoir sur un banc. En relevant la tête, je remarquai alors le volet métallique baissé derrière l'escalator. Je ne me souvenais pas l'avoir vu en arrivant et m'approchai lentement. Au travers des trous de la grille, je pus lire le nom de la boutique. C'était bien celle que je cherchais. Pourtant, elle me semblait fermée depuis longtemps.

Une ouverture était découpée dans le métal. A tout hasard, j'essayai de tirer la plaque vers moi et, contre toute attente, le battant pivota silencieusement. La porte était entrouverte cependant j'hésitai. Si quelqu'un me surprenait à rentrer dans une boutique vide, je passerais un sale quart d'heure. Je regardai autour de moi, personne. J'entrai rapidement et tirai le volet derrière moi avant de pouvoir changer d'avis.

Une odeur de vieux livres et de poussière m'accueillit. Le magasin était plongé dans la pénombre. Je pouvais distinguer de hautes étagères pleines de livres anciens. Des piles d'ouvrages traînaient ici et là au pied des rayons. Je fis attention à ne rien renverser.

— Il y a quelqu'un ? demandai-je faiblement.

Seul le silence me répondit. Je pris peur. Pourquoi étais-je entrée ici ? Personne ne savait que j'étais là et s'il m'arrivait quelque chose, je ne recevrais aucune aide. Je m'apprêtais à ressortir quand je perçus une lueur provenant du fond de la boutique. J'avançai prudemment.

J'arrivai devant une lourde porte en bois. La lumière sortait par les interstices, j'en déduisis donc qu'il devait y avoir une autre chambre derrière. Je poussai doucement le battant et entrai dans la réserve du magasin.

L'éclairage provenait des nombreuses bougies posées un peu partout dans la pièce. Ici aussi, les étagères s'alignaient serrées. Des caisses poussiéreuses étaient empilées dans un coin. L'endroit semblait tout aussi désert que le reste de la boutique. Pourtant, je me dis que personne ne serait assez stupide pour laisser des bougies brûler seules avec autant de papier autour.

— Bonjour… La porte était ouverte alors je…

— J'arrive, répondit une voix masculine.

Je sursautai. Je n'étais pas seule finalement. Je pensai un instant à faire demi-tour mais je n'eus pas le temps de bouger que je me retrouvai face à face avec le guérisseur.

— Ah, c'est toi, dit-il avec un sourire. Bienvenue, ne fais pas attention au désordre. Je viens à peine d'arriver, il n'y a même pas l'électricité comme tu peux le constater.

Je le détaillai rapidement. Il était moins impressionnant que dans mon souvenir… et plein de poussière ! Dans la lueur des bougies, son visage était entouré d'ombres inquiétantes. Pourtant, je souris. Je devais vraiment avoir l'esprit embrouillé dans le cabinet du Docteur Kitu…

— Viens, devant c'est plus propre, dit-il en attrapant deux chandelles.

Je le suivis en silence jusqu'au comptoir. Il alluma rapidement d'autres bougies, ce qui me permit de voir la pièce plus en détail. Décidément, cet endroit avait besoin d'un sacré nettoyage. Je frémis en remarquant les toiles d'araignées qui s'étalaient dans les allées. Je détestais les araignées !

— J'ai hérité le magasin d'un vieil ami, continua Jake. C'est un bon fonds de commerce, une fois que les gens connaissent son existence. Mais je n'étais pas encore venu m'en occuper jusqu'à présent.

— Et qu'est-ce qui vous a décidé ?

— Oh ça… Il est juste temps que je sorte la tête de mes livres et que je gagne ma vie comme tout le monde.

Il en avait de bonnes, lui ! On était entourés de livres.

— Et toi ? Pourquoi es-tu venue te perdre ici ?

— J'ai des questions, plein de questions.

— Je t'écoute alors.

— Mais, avouai-je, je ne sais pas par où commencer.

— Je vois, dit Jake. Je poserai les questions alors. Vlad m'a dit que tu aimais bien dessiner, peux-tu me montrer ?

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