Une fois de retour chez moi, je redescendis le tissu dans lequel j'avais emballé le second poignard. Je me sentais toujours malade et hésitai à poser la main sur l'objet. Pourtant, quelque chose m'attirait irrésistiblement vers lui.

Un picotement parcourut ma peau quand je l'attrapai enfin. C'était comme si le manche avait été fait pour ma paume, comme s'il avait toujours dû se retrouver là. La nausée disparut instantanément. Je jetai un coup d’œil à mon bras. Les lignes bleues semblaient couler vers ma main avant de disparaître au contact du métal.

Je savais avec certitude que j'avais maintenant tous les éléments en main pour ouvrir le portail et me rendre de l'autre côté. L'idée me remplit d'excitation. Cependant, je refrénai mon enthousiasme : je ne savais pas comment je devais procéder et Jake avait mis le seul ouvrage qui pourrait m'y aider hors de ma portée.

Ma mère rentra alors que j'en étais encore à contempler ma nouvelle acquisition. Tandis que je l'aidais à ranger ses achats, je pris une décision : je ferais tout pour voir Lor en vrai, quoi que cela puisse me coûter.

Le soir même, je retournai discrètement dans le parc pour y enterrer l’artefact à l'abri des regards. Cela me coûtait de m'en séparer mais je savais qu'il serait plus à l'abri là où ni mes parents ni Jake ne pourraient tomber dessus par hasard. Je m'en voulus un peu de dissimuler ainsi des éléments importants mais je n'étais pas encore prête à abandonner ce monde définitivement. En tout cas, ce fut ce que je me dis en ajoutant quelques pierres pour signaler l'endroit de ma cachette. J'avais l'intuition que j'y reviendrais un jour, bien plus déterminée. En attendant…