Mes parents, Thor, et moi-même accompagnions nos invités hors du palais. Leur séjour au château était terminé et à l'instar de leur arrivée, Lunixa n'était pas là pour les saluer. Mon père m'avait demandé de la chercher – elle s'était a priori réveillée une heure auparavant –, mais j'avais refusé. Après la nuit qu'elle avait passée, elle avait besoin de repos.

  –Majestés, Altesses, fit le général Marcus en s'arrêtant sur le perron. Ce séjour a été un véritable plaisir et au nom de Sa Majesté Zeus VII, je vous remercie pour votre accueil, votre hospitalité et tout ce que vous avez accepté de partager avec nous. Que Dame Nature veille sur vous et sur votre lignée.

  –Vos mots nous touchent beaucoup, Marquis, déclara mon père. Nous prierons la déesse pour que votre voyage se passe dans les meilleures conditions.

  –Nous vous en remercions. (Le général posa les yeux sur moi.) Prince Kalor, j'espère de tout cœur que votre femme se rétablira bientôt. Nous porterons une place toute particulière pour elle dans nos prières.

  J'inclinai la tête en signe de gratitude, puis me tournai vers son fils.

  –Marquis Marcus, je vous serais à jamais reconnaissant pour m'avoir ramenée mon épouse. Malgré la distance entre nos pays, j'espère un jour pouvoir vous retourner l'aide que vous m'avez apporté. Et merci encore.

  –Vous n'avez pas à vous sentir redevable, Altesse, déclara-t-il tandis que je courbais l'échine. Comme je vous l'ai dit, je ne faisais que mon travail.

  Son père l'appuya en acquiesçant, mais ses mots ne firent pas écho en moi. Il avait accompli tellement plus qu'une simple mission...

  Les Marcus nous présentèrent leur révérence, puis nous les accompagnâmes jusqu'à leur carrosse. Nous les avions presque atteints quand je vis le Gardien jeter un coup d'œil dans son dos.

  –Attendez ! s'exclama Valkyria, une seconde plus tard.

  Mes yeux s'agrandirent d'un coup et je me retournai vivement vers les portes, que ma sœur venait de franchir. Mais que faisait-elle là ? Elle aurait dû se trouver auprès de Lunixa. D'un pas un plus rapide que ne le voulait la bienséance, elle s'empressa de nous rejoindre.

  –Je suis vraiment désolée pour mon retard, j'attendais que ma belle-sœur ait fini de rédiger sa lettre. (Elle porta son attention sur le général.) Pourriez-vous la remettre à sa mère ? demanda-t-elle en lui tendant la missive.

  L'intéressé lui sourit et saisit le pli.

  –J'en serais honoré, Princesse. Merci de me l'avoir apporté.

  Valkyria lui retourna son sourire, puis recula d'un pas pour revenir à notre hauteur.

  –Je t'en prie, ne me dis pas que tu l'as laissé toute seule, lui soufflai-je.

  –Pour qui me prends-tu, mon frère ? Évidemment qu'elle n'est pas seule. J'ai attendu que la petite Paulina arrive avec son déjeuner avant de descendre.

  L'appréhension qui avait commencé à me gagner reflua et je reportai mon attention sur les Illiosimeriens. Ils étaient presque tous montés en voiture, exceptés les Marcus. Le père échangeait des derniers mots avec mes parents. Quant au fils, il fixait ses interlocuteurs sans mot dire. Je ne me rendis compte de l'intensité avec laquelle il les observait qu'au moment où son regard glissa vers Val et moi. Ma sœur se crispa. La lueur du jour faisait ressortir avec force l'or si caractéristique de ses yeux de Gardien, leur conférant un éclat encore plus pénétrant que d'ordinaire. Plus que jamais, il semblait capable de voir à travers nous.

  Son attention s'attarda un instant sur nous, puis il se reconcentra sur mes parents, qui venaient de finir de discuter et s'inclina.

  –Majestés, Altesses, ajouta-t-il en se tournant de nouveau vers nous, j'ai été honoré de faire votre connaissance. Au plaisir de vous revoir.

  Nous lui retournâmes sa salutation et il grimpa en voiture. Un schéma identique se reproduisit avec son père, puis les attelages finirent par se mettre en marche. Nous restâmes dehors jusqu'à ce que la délégation disparaisse dans la forêt.