Chapitre 86

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KALOR


  –Qu'Elle m'en soit témoin ! Si tu touches à un seul de ses cheveux, je te jure que je vous réduirai tous en cendres ! (Ulrich s'arrêta devant Lunixa.) Toi, la Cause, tout ceux auxquels tu tiens, je vous brûlerai tous jusqu'au dernier ! hurlai-je alors que mon sang se changeait en lave et que le monde se retrouvait plonger sous un voile monochrome.

  Le Guérisseur eut un violent mouvement de recul et son visage se figea de stupeur. Les deux Lathos qui me tenaient se raidirent, frappées par la soudaine chaleur inhumaine que je dégageais. Seul Ulrich ne réagit pas. Il continuait de toiser ma femme, pétrifiée entre les mains de son sous-fifre. Le feu rugit dans mes veines. La différence entre les nuances de gris qui drapaient désormais la pièce se renforça, le blanc devenant presque aveuglant.

  –Ulrich !

  Il bougea la main et un éclat se refléta sur la lame entre ses mains. Je crus devenir fou.

  –Ulrich !

  –Marquis, ânonna au même instant le Guérisseur. Le Prince... Ses yeux...

  Ulrich fit aussitôt volte-face et planta son regard dans le mien. Pour la première fois de ma vie, je vis ses yeux s'écarquiller, l'incompréhension envahir ses traits

  –Non, c'est impossible, un Gardien t'avait analysé..., souffla-t-il alors que je continuais de le maudire.

  –Je le jure sur Son nom ! Si elle a une plaie en plus...

  Lunixa se crispa en glapissant de douleur. Je me tournai vivement vers elle avant de me figer, le souffle coupé. Son nez en sang, ses larmes sombres et ses joues plus creuses qu'une seconde auparavant auraient dû m'horrifier, mais c'était à peine si je les remarquais. Une énergie aussi douce que dangereuse, familière, mais bien plus pure que toutes celles que j'avais jamais ressentis jusqu'à présent, venait d'apparaître, affleurait à mes sens.

  Du feu. Juste derrière Lunixa.

  Je pensais que mon pouvoir avait atteint son paroxysme. Mais dès que je me rendis compte de l'existence de ce petit brasier, mon sang s'enflamma totalement. Les deux partisanes me lâchèrent dans un hoquet de douleur, l'air devint si chaud autour de moi qu'il se troubla ; le blanc qui colorait désormais la peau chaque personne s'intensifia tant que les traits de leur visage s'effacèrent. Ils n'étaient plus que des silhouettes lumineuses vêtues de tenues terne, grisâtres.

  Tout cela me laissa pourtant complètement indifférent. En fait, plus rien n’avait d’importance. Mon monde s'était réduit à ces flammes, à leur essence dévorante et d'une pureté inégalée qui m'attiraient, m'envoûtaient. J'avais presque l'impression de les entendre me parler. M'appeler.

  Dans un état second, je relevai les yeux de Lunixa et les verrouillai sur le Guérisseur derrière elle.

  –Utilise-nous... Utilise-nous... Donne-nous un but...

  Un but ?

  –Brûlez-le.

  Et l'enfer décrit dans les textes de l'Ancien Temps se déchaîna dans la pièce. Dans un rugissement infernal, le brasier se mua en véritable torrent de flammes et se jeta sur le Lathos.

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