ACTE 4
Brigitte fait son apparition.
Avec l’age et les grossesses elle a pris quelques rondeurs mais elle reste charmante.
Dans une robe printanière, qui lui arrive aux genoux. Boutonnée devant jusqu’à la ceinture, elle a belle allure.
« Bonjour mon chéri. Pas trop fatigué de ta journée, avec tous ces jeunes ? »
« Non, tu me connais, j’ai assuré comme un chef » Le mâle essaye de rester dominant ! Ce n’est pas gagné.
Brigitte est très conviviale et dès qu’il y a du monde à la maison elle déborde de joie, d’autant plus quand il s’agit d’amis et amies de nos enfants.
Et c’est le cas.
Elle discute, elle rit. Elle est d’un naturel qui à chaque fois me surprend. Et me ravit.
Il m’arrive parfois d’être jaloux de cette facilité de contact.
Elle en oublie très rapidement la fatigue de sa journée.
« Et si vous restiez dîner à la maison ? Sur le pouce » Proposition spontanée de Brigitte à l’adresse des quatre jeunes restants.
Après discussion entre eux, ils finissent par accepter.
« Mon chéri, tu peux aller acheter des pizzas chez le pizzaïolo ? » C’est une question mais en fait ce n’est pas discutable.
« Maman, en attendant je vais avec Jérôme. Je dois récupérer mon ordinateur que j’ai laissé chez lui. On est de retour dans une heure environ »
« Je vous accompagne » dit Manon.
Nicolas à l’air hésitant. Se gratte la tête.
« Bon, bien, je vais rester. J'aiderai Madame Duchemin à préparer la table »
Et moi : « Bon, je vais d'abord commander les pizzas par téléphone. Avez-vous des préférences ? »
Et réponse collective : « Ce que tu prendras sera bien »
Tout en étant au téléphone, j'observe Brigitte. Assise dans un fauteuil sur la terrasse, elle discute avec Nicolas, toujours en maillot de bain, face à elle. Elle est gaie et rit de bon cœur.
Son rire est communicatif et Nicolas, qui était un peu intimidé, se détend.
Aprés avoir passé la commande je les rejoins quelques minutes. La discussion est très basique. Le temps, les vacances, les examens...
Nicolas est très interressé par les jambes découvertes de ma belle. Plus que par ses yeux. Cela est drôle et Brigitte en a un sourire amusé. Voire coquin.
Je les laisse pour changer de tenue. De retour sur la terrasse, je crois apercevoir Nicolas retirer rapidement ses mains des genoux de Brigitte ?
Est-ce une hallucination ?
Perturbé, je prends la voiture.
Il faut une vingtaine de minutes pour aller chez notre pizzaïolo préféré.
Au volant j’ai encore la tête dans les non événements de cet après midi. Ce que j’ai espéré et qui n’est pas arrivé.
A cinquante ans, qu’est-ce que j’attendais ? Même si j’ai de beaux restes, de jeunes femmes veulent plus que des restes !
Et Brigitte est-elle en train d'allumer le jeune Nicolas ?
Et...
Mince ! Mon porte-monnaie !!
Allez, demi-tour et retour maison. Vingt minutes de perdues. Je suis un habitué de ce genre d'oubli. Surtout quand ma tête est occupée ailleurs.
Et quand j’arrive…
J’ai le souffle coupé !
Le spectacle que j’aperçois à travers les rideaux du salon me sidère.
Je vois Brigitte, les mains appuyées sur la table du salon de jardin qui fait face à Nicolas. Celui-ci est très proche d'elle, les mains sur ses hanches. Elles n'y restent pas d'ailleurs ! Elles se font baladeuses. Caressantes. La poitrine surtout.
Je suis scotché. Je sais que je devrais intervenir mais je reste hypnotysé. Je me dis qu'elle va le repousser... mais elle ne réagit pas. Au contraire elle semble y trouver de l'agrément. Jusqu'ou iront-ils ?
Une main de Nicolas s'aventure sous la robe de Brigitte et caresse la cuisse. Elle en ferme les yeux.
Ma poitrine va exploser !
Elle va réagir, ce n'est pas possible !!
A-t-elle entendu mon cri silencieux ? Toujours est-il qu'elle repousse doucement Nicolas et se dirige vers la maison. Je crois l'entendre lui dire qu'il faut mettre la table.
Rapidement je récupère mon porte-monnaie et je m'éclipse, la tête en vrac.
Je n'ai jamais mis aussi peu de temps pour me rendre chez le pizzaïolo.
Etre cocu n'a jamais été un projet de vie. C'est vrai que mon esprit s'embrume. Cet après-midi j'étais prêt à donner un coup de canif dans le contrat de mariage.
Je tente de me disculper en me disant que je m'amusais.
Mais Brigitte ! La mère de mes enfants !
Pas elle !!
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