Semaine 22: Le paradoxe de jean pierre, épisode 2.

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Suite de la semaine 21

- Eh bien tout ça c’est vrai. Mais tu penses bien qu’ils ont vite compris comment fonctionne internet, lança Gilles.

- Oui surement, et alors ?

- Et bien s’ils savent que toute information qui les mettrait dans l’embarras peut y circuler librement, sans qu’ils ne puissent plus rien y faire, ils ont peut-être pensé à s’en protéger.

- Ben ouais, mais ils ne pourront pas. Ils finiront tous devant les tribunaux. Ou les marques qui se font peu à peu dénoncer seront bannies par les consommateurs. C’est ce qui peur pend au nez, et c’est ça qui leur fera le plus mal ! C’est pour cela qu’il faut les dénoncer. Ensemble on peut réagir contre ces marques.

- Mais avant internet ils faisaient comment ? demanda Gilles l’air malin.

- Oh avant c’était plus facile, la presse était achetée ou aux mains du pouvoir en ce qui concerne la télévision. Il leur suffisait d’un peu de pression ou de corruption pour empêcher les nouvelles de sortir. Ils avaient les journaux et les hommes politiques dans leur poche. Tout comme les instances de contrôle des médias. Tous corrompus. Ils arrivaient même à faire voter des lois pour leur permettre de polluer.

- Et maintenant, ce n’est plus possible alors tout ça ?

- Ben non, maintenant on va enfin pouvoir les prendre la main dans le sac.

- Donc ils ont vu tout ça sans réagir, ils n’ont pas eu d’idées pour se défendre. Internet et la liberté d’expression on ne peut rien contre ? Tu crois qu’ils vont se laisser faire ?

- Non, mais ils n’ont rien pu faire affirma Jean-Pierre triomphant.

- Ils sont vraiment trop stupides alors. Et puis les journaux et les hommes politiques qui les défendaient auparavant se sont rangés maintenant contre leur propriétaire ou contre ceux qui financent leur campagne électorale. Ça aussi c’est normal, c’est l’effet magique d’internet ! concluait Gilles sur un ton ironique.

- Tu veux dire quoi là ? Qu’ils manipulent l’information ? Mais s’ils la manipulent pourquoi le font ils avec des données qui peuvent leur nuire ? Pourquoi ne diffusent ils pas des informations qui contredisent les rumeurs ?

- Ben oui tien, pourquoi ne le font-ils pas ? lui renvoya Gilles en souriant, déjà fier de la tournure que prenait le débat.

- Désolé, je ne comprends pas ce que tu veux dire.

- Ben je veux dire que ce sont eux qui sont la source des accusations de pollution. C’est leur stratégie.

- Mais c’est stupide, a quoi cela leur servirait ?

- Pour le savoir, il faut entrer dans le web underground. Là, on trouve toutes les informations sur cette stratégie. C’est un montage complexe qui fait intervenir des acteurs politiques et des medias au plus haut niveau.

- Ok mais en quoi cela consiste je ne comprend pas.

- C’est assez difficile á croire. Il y a tellement de gens impliqués, de personnalités, de dirigeants au-dessus de tout soupçon.. Personne ne peut le croire. C’est ce qui leur permet d’être protégés et de poursuivre.

- Ben tu sais, il y a pas mal d’affaires comme celle-là. J’en connais moi-même d’assez nombreuses. Elles sont toutes aussi incroyable, mais le secret est bien gardé. Ils sont forts, et même très forts !

- Oui, ça c’est bien vrai, ils sont très forts. Mais il y en a qui sont quand même plus malins qu’eux chuchota-t-il en clignant de l’œil.

- Mais quelle est la stratégie des entreprises qui polluent ? Pourquoi diffusent-ils des informations contre eux même ?

- C’est assez simple. Ces gens là sont en fait assez basiques. Ils ont des compétences en vente et en marketing et ils appliquent ce qu’ils savent. Ils suivent souvent par exemple la théorie de la dissonance cognitive.

Gilles était un cadre supérieur, il travaillait dans l’agence bancaire qui se trouvait á deux rues du Fleuri. Plus jeune,il avait fait une grande école de commerce. D’un côté il était apprécié pour ses bons conseil en matière de fructification des petites économies. Ardent pourfendeur des bas de laines non rentables, il délivrait les bons tuyaux d’un air docte, buvant son café en tenant sa tasse l’auriculaire levé ; ce qui provoquait pas mal d’imitation en son absence. Par contre, on n’appréciait pas trop son arrogance au fleuri, son vocabulaire particulièrement pompeux était souvent raillé dans son dos par les autre clients.

- Ah oui ? Et c’est quoi cette théorie ?

- La théorie nous dit simplement que si des connaissances s’opposent alors l’individu fera naturellement un effort pour les faire concorder ou pour qu’elles s’opposent moins.

- Ok ?

- Ici on va répandre de fausses accusations contre une entreprise qui pollue. Les gens vont avoir tendance á prendre position contre l’entreprise. Surtout si on leur présente comme des informations que l’entreprise ou les institutions auraient voulu caché. Dans ce cas lá il se sentent eux meme trompé et victime. Ils vont vouloir agir contre l’enteprise. OK ?

- Ben oui, c’est normal. Surtout qu’en fait les entreprises nous cache pas mal de saloperies. remarqua Jean Pierre l’air dégouté.

- Ensuite, il y aura une campagne d’information sur les effets de la fermeture d’une entreprise, en particulier on montrera des pauvres ouvriers qui se retrouvent au chômage ou sont angoissés de tout perdre á l’approche de la fermeture d’une entreprise. Les gens qui étaient contre l’entreprise seront déstabilisés. On les culpabilisera. De même, on agitera le spectre des effets d’une possible chute de la bourse, avec les interwiews qui vont bien, par exemples des petits vieux qui voient les économies de toute une vie investie en action qui risquent de tout perdre. Ou encore on agitera le chiffon rouge de mettre en péril l’économie générale du pays etc. etc… Ceux qui continuent de s’opposer aux grandes entreprises polluantes sentiront qu’ils ont quand même raison, mais devront prendre sur eux pour accepter les injustices et les dégâts qu’ils risquent provoquer. Ils douteront du bienfondé de leur désir d’agir contre l’entreprise, meme s’ils resteront convaincus de la culpabilité de l’entreprise.

- Tu parles ! Il en faut plus que ça pour réduire les gens au silence. Ils pensent nous culpabiliser pour nous faire taire ! Ça c’est vrai, mais ce ne marche pas ! remarqua t il fierement-

- Oui, mais les gens seront en dissonance cognitive, entre le bien fondé de leur position et la partie coupable, injustices possible á cause de leur action. Ensuite, on révèlera que la pollution était fausse ou exagérée. On dira que certes l’entreprise pollue, mais beaucoup moins que ce qu’on ne disait au départ. Alors ceux qui se sentaient mal dans leurs positions á la fois bonne, mais aussi dure avec les plus faibles, trouveront là une issue : sans perdre la face ni leurs idéologie, ils se retourneront contre ceux qui les ont manipulés au départ. On aura beau ensuite leur montrer que l’entreprise pollue et que même si elle pollue moins qu’on pensait, elle est tout de même condamnable, ils seront contre toute action trop heureux á ne plus avoir affronté les conséquences négatives ou injustes de leurs acte. C’est ainsi qu’on manipule l’opinion publique maintenant.

Jean Pierre resta sans mot. Les autres clients qui s’intéressaient á cette conversation était pendu á ses lèvres. On avait toujours eu l’habitude de voir Jean pierre s’emporter en expliquant les perfidies du système financier, les scandales secrets des grandes entreprises, la corruption politique, le machiavélisme de l’état. Mais cette fois c’est á lui qu’on révélait une terrible manipulation, et du media en lequel il avait la plus grande foi. Les clients se regardaient entre eux d’un air entendu puis de nouveaux portaient leur attention á ce qu’allait répondre Jean Pierre.

- Et bien dis donc, c’est sacrement bien foutu leur manipulation. Enfin, c’est quand meme bizarre qu’aucun site n’en parle. Je ne suis jamais tombé là dessus nulle part. Remarqua-t-il pensif.

- Eh bien, justement, c’est lá qu’on voit que c’est de la grande manipulation. La seule et unique information qu’il faut empêcher de sortir et de se diffuser c’est celle là justement. C’est ça leur force, ils n’ont ainsi qu’une seule chose á censurer. Du coup c’est plus facile pour eux. Dés qu’une affaire de pollution ou de droit laboral ou de droit de l’homme sort, ils n’ont qu’á l’amplifier, la rendre fausse en l’exagérant. Pr contre il ne faut surtout pas que les gens comprennent tout ça.

- Putain les enfoirés ! Là, j’en reviens pas, ah les enfoirés dis donc ! Mais alors qu’est ce qu’on peut faire ? répondit-il sur un ton pitoyable.

- Ben le mieux c’est déjà de ni croire ni colporter les informations qu’on trouve sur la toile ! Et encore moins celles qui sont dans les journaux de la presse corrompue !

- Oui c’est clair. Faut faire gaffe, il ne faut pas se laisser manipuler. C’est quand même bien des enfoirés, hein ? Et tout ça pour le pognon ! ragea-t- il désespéré.

- Et oui, mais on ne va quand même pas se laisser faire ! rassura-t-il d’un air complice.

- Ca on ne m’y reprendra plus, les pourris !

Quelques minutes plus tard après avoir fini un dernier demi, Jean-Pierre sortit du bistrot en saluant les autres tristement. Gilles se retourna vers les trois clients spectateurs de son show. Il les regarda fier de lui et avec un grand sourire :

- Ce qui est bien avec les gens qui croient á la théorie du complot, c’est qu’on peut même l’utiliser contre leur propre opinion ! conclue-t-il en ricanant.

Les autres clients se regardèrent et puis retournèrent á leurs conversations, sans répondre á Gilles quoique ce soit.

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