— Tu pleures, mon lapin ? Il y a quelque chose qui ne va pas ?

— À l’école, Mo m’a traité de youpin. Ça a fait rire tout le monde ! Je ne sais même pas ce que ça veut dire…

— C’est une insulte pour dire juif.

— Je suis Juif ? C’est quoi un Juif ?

— Ton nom, notre nom est d’origine juive. Tu sais, Papy voulait t’en parler. On lui a dit d’attendre, mais je crois que ça devient urgent ! Ça peut attendre dimanche ?

***

— En fait, c’est l’histoire de mes parents que je veux te raconter. Tes arrière-grands-parents.

— Oui ?

— Voilà ! Ils se sont connus à une fête, une cérémonie pour « les enfants sauvés ».

— Sauvés de quoi ?

— De la mort. Pour chacun, leurs parents étaient venus se réfugier en France. De Pologne pour Moshé, d’Allemagne pour Sarah. C’était la guerre. Les nazis pourchassaient les Juifs pour les tuer.

— Pourquoi ?

— Simplement parce qu’ils étaient Juifs !

— C’est quoi être Juif ?

— Une religion, une tradition.

— Ils sont dangereux ? Comme les djihadistes ?

— Non. Juste parce que les nazis ne les aimaient pas.

— Ils les tuaient ?

— Oui. Les vieux, les enfants, tous. C’est la police qui les arrêtait et les donnait aux Allemands. Pour Moshé et Sarah, ils ont pu être confiés à des voisins et être cachés. Sinon, ils auraient été tués. Leurs parents, leurs familles ont disparu.

— Ils avaient quel âge ?

— Le tien, neuf, dix ans. Pourquoi trembles-tu ?

— Je ne sais pas. J’imagine…

— Viens ! Calme-toi. C’est de l’histoire ancienne, maintenant, même si c’est horrible.

— Mais si Mo m’a traité de sale youpin, c’est que ça existe toujours, ça peut m’arriver !

— D’abord, tu n’es pas Juif, même si notre nom l’est.

— Pourquoi ?

— Dans la tradition, c’est la mère qui transmet la judéité, le fait d’être Juif. Moi, je me suis marié à une goye, ton père aussi.

David apprit ainsi la signification de goye. Il apprit la Bible, il apprit que Jésus était Juif. Il apprit l’histoire du roi David.

Le lundi matin, quand Mo le traita de sale Juif, il lui fonça dessus. Il se fit massacrer, mais il savait pourquoi il se battait. Il était fier et invincible.

— Tu pleures, mon lapin ? Il y a quelque chose qui ne va pas ?

— À l’école, Mo m’a traité de youpin. Ça a fait rire tout le monde ! Je ne sais même pas ce que ça veut dire…

— C’est une insulte pour dire juif.

— Je suis Juif ? C’est quoi un Juif ?

— Ton nom, notre nom est d’origine juive. Tu sais, Papy voulait t’en parler. On lui a dit d’attendre, mais je crois que ça devient urgent ! Ça peut attendre dimanche ?

***

— En fait, c’est l’histoire de mes parents que je veux te raconter. Tes arrière-grands-parents.

¾ Oui ?

— Voilà ! Ils se sont connus à une fête, une cérémonie pour « les enfants sauvés ».

— Sauvés de quoi ?

— De la mort. Pour chacun, leurs parents étaient venus se réfugier en France. De Pologne pour Moshé, d’Allemagne pour Sarah. C’était la guerre. Les nazis pourchassaient les Juifs pour les tuer.

— Pourquoi ?

— Simplement parce qu’ils étaient Juifs !

— C’est quoi être Juif ?

— Une religion, une tradition.

— Ils sont dangereux ? Comme les djihadistes ?

— Non. Juste parce que les nazis ne les aimaient pas.

— Ils les tuaient ?

— Oui. Les vieux, les enfants, tous. C’est la police qui les arrêtait et les donnait aux Allemands. Pour Moshé et Sarah, ils ont pu être confiés à des voisins et être cachés. Sinon, ils auraient été tués. Leurs parents, leurs familles ont disparu.

— Ils avaient quel âge ?

— Le tien, neuf, dix ans. Pourquoi trembles-tu ?

— Je ne sais pas. J’imagine…

— Viens ! Calme-toi. C’est de l’histoire ancienne, maintenant, même si c’est horrible.

— Mais si Mo m’a traité de sale youpin, c’est que ça existe toujours, ça peut m’arriver !

— D’abord, tu n’es pas Juif, même si notre nom l’est.

— Pourquoi ?

— Dans la tradition, c’est la mère qui transmet la judéité, le fait d’être Juif. Moi, je me suis marié à une goye, ton père aussi.

David apprit ainsi la signification de goy. Il apprit la Bible, il apprit que Jésus était Juif. Il apprit l’histoire du roi David.

Le lundi matin, quand Mo le traita de sale Juif, il lui fonça dessus. Il se fit massacrer, mais il savait pourquoi il se battait. Il était fier et invincible.