Il ne savait plus bien quand cela avait commencé. Il se souvenait de cette colère sourde, de ce refus, de son malaise présents depuis toujours. Puis, d'un petit geste de digression à des actions plus fortes, il s'était engagé. Il ne doutait pas qu'il était surveillé. Cela faisait partie de sa vie.

Les informations avaient parlé de leurs derniers actes. La bête réagissait. Cela restait encore insignifiant, mais multiplié par dix, par cent, par tous, ils seraient obligés de céder. C'était un début. Cela avait valeur d'exemple. Les commentaires le soulignaient du reste, en creux, quand on décryptait leur langage.

Ils avaient d'autres projets, encore plus marquants. Il s'attendait à leur visite. Il souhaitait simplement que cela arrive après.

Il ne s'était pas particulièrement préparé, car l'angoisse était trop forte pour y penser. La bascule a dû se produire quand ils sont venus le chercher. Comme tout le monde, il connaissait leurs méthodes et savait ce qui allait lui advenir.

Lors de l'interrogatoire, il ressentit un grand calme. Il avait tout abandonné. Il ne pensait plus à sa femme chérie, à sa petite fille adorée, à ses parents, à son frère. Ils n'existaient plus pour lui. Une sorte de mort, peut-être. Il était aussi devenu indifférent à son avenir, à ce qu'il allait souffrir.

Devant lui, le policier aboyait. Peu importait. Il n'était qu'une machine. À un robot interchangeable, sans âme, on ne répond pas.

En ayant tout abandonné, ils n'avaient plus prise sur lui. Il gardait sa liberté, son intégrité morale.

Peut-être que plus tard, si cela finissait, il pourrait reconstruire…