Fleur parmi les fleurs (réponse à un défi)
Je ne comprends pas ce qui a produit cette dérive. Comme mes semblables, je me suis efforcé de façonner la variété des coloris, des formes. Avouez que si, objectivement, vous nous regardez, nous ne sommes ni laids, ni tristes.
Pourquoi nous ont-ils cantonnés dans ce rôle ? Personne ne nous regarde. Nous servons d'alibi à leur bonne conscience. Ils nous déposent, après un petit coup de balai sur la pierre. Nous les entendons dans leurs ritournelles : c'est plus souvent par devoir que par sentiments qu'ils ont parcouru tous ces kilomètres et nous ont acquis pour une poignée de dollars.
Nous sommes chargés de tout expier, alors que le premier coup de vent nous renversera ou que nous crèverons de soif. Après tout, si cela les apaise, si cela leur rend service, pourquoi pas ? C'est un peu notre fonction d'offrir cette beauté.
Je pense que notre tort, c'est d'avoir choisi la fin de saison pour apparaître, le seul jour où ils vénèrent leurs morts.
Dommage qu'ils nous aient associés à leur tristesse qu'ils ne savent plus gérer, sans voir que nous sommes les derniers rayons de soleil avant les frimas.
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