Résurgence...
Le sentier, d’abord large, part derrière l’église. Ses larges pierres de calcaire, usées par des générations de sabots, deviennent glissantes à la moindre humidité. Alors qu’il emmène au cimetière, une bifurcation permet de plonger vers le fond du vallon. On s’enfonce dans la fraîcheur, les branches se couvrant de guirlandes dégoulinantes de lichens et de mousse. L’atmosphère devient féerique et on s’attend à surprendre un elfe ou un troll au virage suivant.
Un petit embranchement conduit à la bouche du gouffre, béante en été, emplie d’une opalescence turquoise en fin d’hiver. En longeant le lit sec, on remonte vers le plateau, tandis que noisetiers, aubépines et érables commencent à se mélanger pour préparer l’apparition des chênes.
Mille fois parcouru, nous le surnommions la sente des buis, parcours magique malgré l’odeur d’urine qu’ils se plaisent à diffuser.
Il y eut cet été où les feuilles disparurent sous la voracité de ces chenilles vertes, suivi de ces nuages de papillons maronnasses chargés de porter le fléau au-delà. Elles massacrèrent les coteaux des châteaux cathares, les contreforts de la montagne, avant de butter sur sa muraille.
Il y eut ce printemps où les larves quittaient leur hibernation dans les branches, emplissant le chemin de leurs fils gluants, telle une vomissure de cette nature.
Il y eut ces saisons sans buis, ouvrant les sous-bois par leur disparition. Ils étaient donc si présents…
Il y eut si peu de bruit sur cet effacement.
On appris que les mésanges et autres passereaux avaient inscrit sur leur carte ce nouveau met, la pyrale.
Il y eut ce printemps où, au milieu des moignons, parmi ces troncs multicentenaires dénudés, sur les souches, ces minuscules feuilles au profond vert d’Émeraude réapparurent.
Il y aurait donc toujours un espoir ?
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