Aveu ?
Il n’en pouvait plus. Il devait le dire. Il ne le pouvait pas. Quelle honte ! Il se trouverait à la une de tous les journaux, sa vie salie et brisée pour toujours. Ses parents, son père surtout, ne s’en remettraient pas.
C’était tellement ridicule. Sa première embauche, sur ce chantier prestigieux. Ce geste si simple, tirer une ligne de 20 ampères sur 50 mètres. Le chef lui avait dit de prendre le câble de 10, par sécurité. Il aurait été obligé de redescendre pour le chercher. Une heure au moins. Il avait rendez-vous à 18h30. Il savait qu’elle prendrait prétexte du retard. N’importe quoi aurait suffit, puisqu’elle voulait rompre. Ilyana ! Son amour ! Tout faire pour rester dans sa douceur, sa grâce.
Il avait pris le câble de 4, se promettant le lendemain matin de monter avec le 10 et tout remettre bien. Cette nuit personne n’utiliserait cette ligne.
La dispute, inutile. Après, il ne se souvenait plus. Il avait noyé son désespoir. Il s’était réveillé, brisé, dans une encoignure de porte inconnue, un défilé militaire dans la tête. Le temps de retourner chez lui, il était trop tard. La mauvaise excuse d’une mauvaise grippe pour son retard.
Il avait tout lu, tout vu. Les premières fumées de ce sinistre 15 avril, étaient apparues du côté nord, juste sous la flèche. À l’endroit exact où il avait posé ce câble. Une journée entière à chauffer. C’était la seule explication. Il était le seul responsable de ce drame qui avait embrasé la planète.
C’est trop lourd à porter. Impossible à avouer. Il avait pensé à un petit texte, surtout sans employer le « je », faire croire à une fiction pour se libérer.
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