Chapitre Quatre - Celle qui avait perdu son enquête

4 minutes de lecture

Tabitha DeMoor venait d’être promue à la tête de la section criminelle du LAPD. Remplacer le chef Williams n’était pas chose aisée, non seulement parce qu’elle était une femme, mais aussi parce qu’elle était noire. Et son mètre cinquante-six n’arrangeait rien. Heureusement, elle avait le caractère qu’il fallait. Mère de trois garçons, mariée à un ouvrier du bâtiment, elle avait l’habitude de gérer les caractères forts. Elle ne se laissait pas écraser, et elle avait su gagner le respect de ses collègues masculins.

Elle regardait l’inspecteur Johnson — Ari, pour les intimes — lui raconter les premiers détails de l’enquête. Une enquête bizarre, selon son avis. Pourquoi étrangler un pauvre vieil homme sans histoire, si ce n’était pour le cambrioler ? Son appartement avait été fouillé de fond en comble, mais les objets de valeur, l’argent, tout était encore là. L’agresseur était-il venu chercher cet anneau bizarre que Mr Pettigrew portait à son doigt ? Elle demanda à Ari si elle avait découvert quelque chose à propos du bijou.

— Nous avons procédé à une recherche approfondie du logo dans les bases de données, mais rien n’est remonté. Et l’ordi a planté juste après, donc on a dû arrêter les recherches pour le moment…

— L’ordinateur à planté ? On vient d’en changer, ils sont neufs ! Bon… On verra ça plus tard… Et concernant notre monsieur Pettigrew ?

— Un homme sans histoire. Tellement sans histoire que ça en paraît presque suspect. Ce serait un ancien fleuriste à la retraite, venant d’une petite ville perdue en Ohio. J’ai téléphoné sur place, ils ne savent pas qui est cet homme.

— Mmh. Parfois, certaines personnes passent totalement inaperçues et sont très seules, déclara pensivement DeMoor.

— Non, Cheffe, il y a autre chose, objecta Ari. Je suis désolée mais que ferait un ancien fleuriste sans histoire avec des traités de géopolitique et des objets précieux chez lui ? Et pourquoi lui avoir cassé le doigt pour essayer à tout prix de lui prendre cet anneau ?

DeMoor sembla réfléchir intensément.

— Bon… Continuez vos recherches. Et tenez-moi au courant s’il vous plaît.

***

Ari revint à son bureau. Sa recherche sur le NCIC n’avait presque rien donné. Elle tenta sa chance avec les bases de données de l’état civil, les bases commerciales et autres Registres de propriété. Très peu d’informations apparurent. Elle n’y trouva même pas de lieu de naissance, comme s’il était apparu de nulle part. Pas de casier judiciaire. Aucune trace d’achat ou de demande de carte de crédit avant 1990. Elle en vint à se demander si Mr Pettigrew ne faisait pas partie d’un programme de témoin protégé. Elle savait que cette info était difficile à obtenir. Heureusement, elle avait des contacts. Elle sortit son téléphone portable et composa le numéro de Julius Brown, juge de la Cour Fédérale. Julius avait fait appel à Ari pour une affaire privée et il lui était redevable. Depuis, une certaine amitié les liait.

— Inspecteur Ari Johnson, répondit le juge avec bonhomie. Comment vas-tu ?

— Très bien, Julius. Et vous ? Comment va Martha ?

— Elle surveille toujours le contenu de mon assiette. Donc, c’est qu’elle va bien… Est-ce que la rumeur est vraie ? Quelqu’un a réussi à te mettre la bague au doigt ?

— Oui, c’est vrai. Il s’appelle Jake. Il est incroyable.

— Il te rend heureuse ?

— Très heureuse.

— Je suis ravi de l’apprendre. Mais j’imagine que tu ne m’appelle pas pour me parler de ta vie…?

Ari lui raconta l’objet de son appel. Elle lui parla de cet homme qui semblait surgir de nulle part et dont on ne savait pas grand-chose. Elle entendit le juge taper sur le clavier de son ordinateur pendant qu’ils parlaient. Après quelques recherches, il répondit enfin :

— Je crains de n’avoir aucune information à son sujet de mon côté. Non, cet homme ne profite pas de notre programme de protection.

Ari vit un agent venir vers elle et déposer un post-it sur son bureau. DeMoore voulait la voir de toute urgence. Elle remercia le Juge et raccrocha.

Quand elle entra dans le bureau de sa supérieure, elle fut surprise d’y retrouver Marcus Williams, le Chef Adjoint du LAPD.

— Heu… Chef Williams..? Ça fait plaisir de vous revoir !

— Croyez-moi, Johnson, j’aurai préféré vous voir en d’autres circonstances… Je suis venu officiellement vous demander de lâcher l’affaire Pettigrew. Du moins pour l’instant.

— Quoi !? s’étrangla Ari. Mais pourquoi ?

— Je n’en sais pas plus. Mais on a mis le doigt dans un nid de vipères. La Maire est furieuse. En accord avec le FBI et l’ambassade britannique, un attaché diplomatique va superviser l’affaire. Il représente le Royaume-Uni sur ce dossier et a toute autorité pour collaborer avec nous.

Un éclair de colère brilla dans les yeux noisettes de l’inspectrice.

— Il est hors de question qu’un inconnu vienne me dire quoi faire dans mon enquête !

— Ce n’est plus votre enquête, Ari, répondit DeMoor. Nous n’avons pas le choix, nous devons accepter que les britanniques viennent fourrer leur nez dans cette affaire.

— Non ! C’est n’importe quoi ! s’emporta Johnson. Je suis capable de mener cette enquête seule !

— Désolé Ari, répondit le Chef Williams. Mes ordres sont clairs, et ils viennent de plus haut que moi. Je dois vous demander de coopérer… ou c’est une mise à pied qui vous attend.

Furieuse, Ari sortit du bureau en claquant la porte. Une question demeurait dans son esprit. Qui était vraiment cet Alfred Pettigrew ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Maxime Close ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0